Le Groenland a enregistré ces derniers jours des températures 20 voire 30 degrés au-delà des moyennes saisonnières. Des températures positives ont été enregistrées à de nombreux endroits de l’immense territoire arctique, a indiqué mercredi l’institut météorologique danois, DMI. Dans la capitale, Nuuk, il a fait 13°C le 20 décembre quand la température moyenne est habituellement de -5,3°C tandis qu’à Qaanaaq, dans le nord, le mercure est monté jusqu’à 8,3°C pour une température habituelle de -20,1°C.
« L’une des raisons pour lesquelles nous observons des températures élevées est le phénomène météorologique du foehn », un vent chaud assez courant à travers la plus grande île du monde, a expliqué dans un e-mail à l’AFP une climatologue de DMI, Caroline Drost Jensen. « Il est un peu inhabituel qu’il se produise sur une zone aussi vaste et simultanément sur une longue période » car il s’étend sur la majorité de la côte ouest et une partie de la côte est, a-t-elle dit.
*Hausse plus importante en hiver
Ces températures ne sont en revanche pas sans précédent, selon la météorologue : ni les records absolus, ni les records des trente dernières années pour un mois de décembre n’ont été battus.
Elles correspondent toutefois à une tendance au réchauffement remarquée à partir des années 1990. Et c’est pendant l’hiver que les températures augmentent le plus. « Dans la période de 1991 à 2019, il y a eu un réchauffement global significatif, de 4,4°C en hiver, 2,7°C au printemps et 1,7°C en été, qui était en général concentré dans des zones éloignées de l’extrême sud », selon une étude publiée en juillet 2020 dans la revue scientifique International journal of climatology. L’ouest et le nord-ouest du Groenland ont été les zones les plus touchées par ce réchauffement, avec 6 à 6,5°C de plus en hiver.
Dans l’Arctique, le réchauffement est trois fois plus rapide qu’ailleurs dans le monde. « Le réchauffement climatique planétaire sous-tend les températures élevées que nous observons actuellement au Groenland, et fait qu’elles sont généralement plus élevées (…) que par le passé », a résumé Caroline Drost Jensen.
Pendant l’été, une vague de chaleur avec des températures plus de dix degrés supérieurs aux normales saisonnières avait provoqué au Groenland un épisode de fonte « massive » de la calotte glaciaire. Des pertes de huit milliards de tonnes de glace chaque jour, soit le double du rythme moyen lors de la période estivale, avaient été enregistrées. Le 14 août, dans un autre signal alarmant, il avait également plu au sommet du plus haut point du Groenland (3216 mètres), du jamais vu.
(L’Express, avec AFP)