14 janvier: l’affaire des vedettes armées va pousser Ben Ali à quitter le palais.

16h00 – Carthage

Le colonel Sami Sik Salem, numéro 3 de la sûreté présidentielle, entend par radio que les manifestants du Kram et de La Marsa avancent vers les palais. Sur place, quelques agents de la DGSCE accompagnent les forces de l’ordre constituées principalement des BOP. Ils sont sur le qui-vive, ils tentent de contenir les manifestants le plus loin possible mais, pour ne pas avoir à tirer, ils cèdent du terrain !

Du coup, un climat de terreur s’installe dans les deux palais. Les hommes chargés de défendre le Chef de l’Etat se trouvent dans la même situation que Samir Tarhouni dans son Q.G., plus tôt dans la journée : s’ils décident de protéger coûte que coûte le palais, ils seront contraints de tirer sur les civils révoltés. Et s’ils désertent et les laissent vandaliser les palais et prendre la multitude d’armes qui s’y trouve, ils se mettront hors la loi. Bref, ils sont entre le marteau et l’enclume. Beaucoup choisissent de se volatiliser, les palais se vident à grande vitesse…

L’affaire des « vedettes armées ».

Vers 16h, après avoir longtemps attendu des passagers, le yacht de Belhassen Trabelsi quitte enfin le port de Sidi Bou Saïd. Mais il fait immédiatement machine arrière pour embarquer les retardataires qui courent sur le quai. Puis le yacht sort définitivement du port. Comme nous le voyons dans les photographies, une vedette des Garde-côtes a arraisonné le bateau de Belhassen Trabelsi à sa sortie du port. Cette sortie sans ordre de mission a-t-elle contribué à augmenter la panique des hommes de la DGSCE qui n’avaient jamais connu une telle entorse à la procédure ?

Des témoignages rapportent qu’une autre vedette des gardes-côtes, mouillant près du palais, a envoyé à plusieurs reprises des signaux lumineux à la première vedette accolée aux flancs du yacht de Belhassen Trabelsi. Ce qui nous porte à croire que la vedette ne répondait pas aux appels radio.

Palais de Carthage

Dans son bureau, Ali Sariati reçoit des rapports de plus en plus inquiétants. Il sait déja que des milliers de civils se préparent à prendre d’assaut, les uns les palais, les autres les propriétés des proches de la famille. Mais on lui apprend que des vedettes armées de la Garde Nationale sont sorties sans ordre de mission, elles se trouvent à quelques centaines de mètres du Palais. S’agit-il des Garde-côtes sortis rejoindre le yacht de Belhassen Trabelsi et qui ne répondent pas à la radio ? La désorganisation ambiante et les nombreuses absences rendent la chose possible… Toujours est-il que Sariati, subissant plusieurs éléments inattendus et incontrôlés, ne comprend plus ce qui se passe et craint une action hostile. Puis il apprend qu’un hélicoptère est en vol sans que le Palais n’en ait été informé, et cela, au mépris de toutes les procédures. Sariati pense également à ce que lui a dit Marouane Mabrouk deux jours avant : Bernard Squarcini, directeur de la DCRI, lui avait fait part d’une possibilité de coup d’Etat en Tunisie. Il se souvient enfin d’une note selon laquelle il y avait probablement un espion parmi les agents de la garde présidentielle. Tous ces renseignements, ajoutés à la prise de contrôle de l’aéroport par la BAT et à la situation générale dans le pays finissent par persuader Sariati de l’existence d’un complot. Il se trouve confronté à la pire situation de sa vie. Quelles décisions va-t-il prendre ? Absolument égaré, il décide de faire la prière de la consultation.

En tant que responsable direct de la sécurité du président, il doit le protéger même face à une marée humaine mais sans faire couler le sang car il sait que cette solution ne peut être qu’éphémère et contraire à son engagement militaire. La meilleure solution serait que Ben Ali s’éloigne du Palais…

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