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Le Louvre est resté portes closes dimanche 1er mars, et risque bien de le demeurer aussi ce lundi 2 mars.
A l’issue d’une réunion du personnel, à laquelle ont participé des membres de l’administration du musée le plus visité au monde, et un médecin du travail, les agents ont décidé de faire valoir leur droit de retrait à une écrasante majorité : 298 voix pour, et deux voix contre.
Inquiets de l’épidémie causée par le nouveau coronavirus, les agents – pour la plupart affectés à l’accueil et à la surveillance – ont estimé que les arguments qui leur ont été présentés, n’étaient « pas de nature à apaiser (leurs) craintes ».
Alors que la France comptabilise 100 cas avérés d’infection, l’intensification de l’épidémie a conduit le gouvernement à annoncer de nouvelles mesures samedi pour freiner la propagation du virus.
Parmi elles, l’annulation de tous les rassemblements de plus de 5000 personnes en milieu confiné. « Précisément, c’est le cas du Louvre, qui reçoit quotidiennement plus de visiteurs encore », détaille Christian Galani, agent du musée et membre du bureau national de la CGT-Culture.
« Il ne faudrait pas que le musée, qui accueille plus de 9 millions de personnes par an, venant de toutes les latitudes, devienne vecteur de propagation du virus…. Mais je n’ose croire que la sécurité des personnels et du public puisse être sacrifiée sur l’autel de l’intérêt économique ! », raille-t-il. « Aujourd’hui, seul le préfet peut prendre la décision de fermer le Louvre ».
Les salariés, qui attendent des mesures susceptibles de les protéger davantage, comme la mise à disposition pour tous de de gel hydroalcoolique pour se laver les mains, ou le retour des vitres séparant les caissiers du public, ont obtenu la tenue, ce lundi, d’un CHSCT (comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail) extraordinaire. Ils ont souhaité la présence d’un représentant de la préfecture.
« A l’issue du CHSCT, le personnel du Louvre se réunira à nouveau, ajoute Christian Galani, et décidera de l’attitude à adopter en fonction des mesures de sécurité qui seront proposées. Mais il n’est pas exclu que le Louvre ferme… ».
Le droit de retrait «ne peut viser une situation de pandémie grippale » selon la direction
Sans autres précisions, la direction du musée a indiqué dimanche que l’établissement n’était « à ce stade pas visé par l’arrêté préfectoral en vigueur concernant les mesures d’interdiction de rassemblement dans les lieux confinés » – qui n’évoque pas les lieux touristiques.
La direction met en cause la légalité de l’exercice du droit de retrait exprimé par les salariés : « Il ne peut sur le principe viser qu’une situation particulière de travail et non une situation générale de pandémie grippale », assène la direction, précisant que « le service médical s’est organisé pour se mettre à disposition de tous les agents porteurs de pathologies chroniques qui souhaiteraient être reçus. »
Les visiteurs qui se sont heurtés durant de longues heures, dimanche, aux portes closes du musée, pourront obtenir le remboursement des billets déjà achetés auprès du musée.
Annulation de tous les rassemblements de plus de 5 000 personnes en milieu confiné et des rassemblements, en extérieur, lorsqu’ils « conduisent à des mélanges de populations issues de zones où le virus circule possiblement ».
Faisant suite aux mesures énoncées samedi lors d’un Conseil de défense national exceptionnel, le préfet de police de Paris, Didier Lallement, a immédiatement signé trois arrêtés : l’un annulant la 28e édition du semi-marathon de Paris qui devait avoir lieu ce samedi ; le deuxième portant sur la fermeture au public de l’espace Paris-Expo de la porte de Versailles (XVe) où devait se finir le salon de l’agriculture dimanche ; le troisième portant fermeture de l’espace Accor Hotels Arena qui devait accueillir le concours de hip-hop « Juste Debout » dimanche.
Dimanche, les organisateurs du 29e salon Paris Manga & Sci-Fi Show, prévu les 7 et 8 mars porte de Versailles, ont annoncé qu’il n’aurait pas lieu non plus.
En revanche, aucun arrêté préfectoral ne frappe, pour l’heure, les grands sites touristiques de la capitale française.
(Le Parisien)