2011 : Soulèvement? Révolution? Putsh? Coup d’Etat?… la querelle des mots

Soulèvement? Révolution? Putsh? Coup d’Etat?… La querelle des mots

Le processus qui a provoqué un changement à la tête de l’Etat est parti d’un soulèvement qui n’est pas celui d’une classe contre une autre, mais celui de tout un peuple contre « le régime ». Il suffit de relever quelques-uns des chants scandés par le peuple pour s’en convaincre: « Echaab yourid isqate enidham » (Le peuple veut la chute du régime) ou le légendaire quatrain de Chebbi tiré de « Iradet Al Hayet » (La volonté de vivre) et figurant dans l’hymne national.

Constitutionnellement, la mise à l’écart de Ben Ali s’est faite en deux temps. L’application de l’art. 56 n’était pas légale. Mais elle était légitime. Elle peut être considérée comme un coup d’Etat par ceux qui, ce jour-là, soutenaient encore le régime de Ben Ali. Mais sa légitimité en a fait une nécessité révolutionnaire provisoire, le temps que l’art. 57 soit appliqué. L’art. 57 a d’ailleurs été appliqué dans le respect de la Constitution.

Dans les jours qui ont suivi le 14 janvier, un processus de changement du régime existant a été initié par Kasba 1 et Kasba 2 et a débouché sur l’élection d’une Assemblée constituante. Ainsi, avec un certain recul, il faut admettre que la révolution tunisienne est en marche, elle a été accomplie que le jour où une nouvelle constitution a été proclamée et qu’elle a intégré les aspirations révolutionnaires.

Le problème de la constituante est qu’elle aura fait perdre beaucoup de temps au pays et qu’elle va engendrer une période d’instabilité juridique le temps d’accorder les lois existantes à la nouvelle Constitution, processus qui peut durer de nombreuses années.

En fait et dans l’absolu, la Tunisie aurait pu connaître une transition beaucoup plus efficace et rapide en éliminant immédiatement les normes anti démocratiques contenues dans la Constitution de 1959 et en y intégrant les principes de la Révolution. Mais qui aurait accepté que la transition démocratique se fasse au sein d’une commission d’experts sans légitimité électorale ? Le problème était éminemment politique : après 50 ans de dictature, la Tunisie n’avait aucune personnalité ni parti politique capable de rassembler une majorité autour d’un projet de sauvegarde de la Tunisie et de sa révolution. C’est précisément ce problème de leadership qui a manqué aux événements de décembre 2010 et janvier 2011 pour qu’ils soient marqués du sceau académique de «Révolution». Mais l’avenir sera seul juge de ce mouvement dont les effets ont largement dépassé les frontières.

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