2016 quel avenir pour les progressistes?

Les progressistes tunisiens, comme au lendemain du 14 janvier 2011, sont en pleine déconfiture. Outre les formations politiques traditionnelles et nombre de petits partis politiques, Nidaa Tounes, leader de ce que l’on peut appeler les « nationaux progressistes » est désormais éclaté et en pleine recomposition.
Les progressistes vont-ils réussir à former un mouvement homogène assez puissant pour reprendre l’initiative nationale progressiste promise par Nidaa mais abandonnée par sa pratique politique désuète? Telle est la question qui va déterminer l’avenir politique du pays.
Une chose est cependant sûre, le mouvement progressiste, qui est l’héritier d’une grande tradition politique qui remonte à l’aube de l’histoire de ce pays, continue à s’affaiblir à cause de sa division mais aussi de l’absence d’idées, de plans et de vision. Ce qui, en matière de progressisme est suicidaire, ce dernier se définissant justement par son réformisme et sa créativité.
Les différentes tendances vont-elles avoir recours à la société civile indépendante et innovatrice pour compenser ces faiblesses? Telle semble être la tendance en ce moment. Mais il semble que la société civile rechigne à s’engager dans des mouvements qui ne respectent que très peu la démocratie interne et qui, souvent, ne font appel à la société civile que comme « faire valoir ».
Après 5 années d’échecs successifs, les « politiques » doivent réaliser qu’à moins de commencer par transformer eux-même leur façon de travailler,  ils n’arriveront jamais à rien changer à l’avenir de ce pays.

Les différentes tendances

– Il y a d’abord celle des premiers députés démissionnaires de Nida et de son bloc parlementaire, tendance qui rassemble 22 députés et qui a désormais pour nom « Al Horra ». Ce mouvement a été initié, côté députés, par Khawla Ben Aicha et Raouf el May, il s’inscrit dans la mouvance légitimiste défendue par Mohsen Marzouk.

– la tendance des 9 députés démissionnaires de Nida mais pas du bloc parlementaire a pour leader une autre grande pointure de Nidaa Tounes : Bochra Bel Yahia, accompagnée par Mohamed Troudi, Olfa Soukri et 6 autres députés qui s’inscrivent dans une tendance légaliste.

– la 3e tendance est celle du nouveau courant politique au sein même de Nidaa Touness, initié par Faouzi Elloumi : « Al Amel » (L’Espoir). Faouzi Elloumi est à la tête d’un groupe industriel international qui est le premier mondial dans sa spécialité, ce qui fait de lui un homme utile et influent. Il ne fait pas partie des gens qui cherchent le pouvoir pour espérer des dividendes et son expérience, au niveau économique et industriel, peut-être d’un très grand apport pour le pays. Politiquement, cependant, M. Elloumi est dans l’expectative, ce qui n’est pas non plus étonnant lorsqu’on considère la multiplicité des initiatives et l’absence d’un véritable leadership sur le national-progressisme.

– la 4e tendance est celle de M. Kamel Morjane qui appelle à la formation d’un gouvernement de Salut National. Cependant, M. Kamel Morjane a eu une expérience électorale assez décevante aux élections de 2014, ce qui lui interdit de jouer les premiers rôles.

– Monsieur Mondher Zenaidi, centralien, ayant derrière lui une longue carrière ministérielle assez reconnue par les spécialistes, particulièrement au ministères du Commerce et de la Santé, se présente comme une alternative politique. Il sort cependant d’une expérience électorale présidentielle assez peu concluante, mais pour les observateurs, celle-ci peut être considérée comme un simple retour aux affaires politiques. M. Zenaidi est respecté par les Destouriens dont son père était un chef de file et les anciens RCDistes qui, rappelons-le, comptent de très nombreuses capacités souvent mises à mal, à l’époque de la dictature, par la fermeture du système politique.

– Quant à ce qui reste de Nidaa, de ses ministres et ses députés, il est encore trop tôt pour juger de leur avenir politique car la nature même du positionnement national-progressiste de ce groupe est remise en cause par son rapprochement avec Ennahdha et sa tendance népotique qui sont les deux causes essentielles de l’éclatement du mouvement.

Les autres tendances progressistes non concernées par l’éclatement de Nidaa Tounes

– Monsieur Mehdi Jomaa quant à lui est assez actif depuis la sortie de son gouvernement en janvier 2015. Il rassemble autour de lui plusieurs personnalités de différentes tendances et son expérience gouvernementale lui a donné une expérience utile à la tête de l’Administration bien que sa mission de gestion des affaires courantes dans une situation politique et économique désespérante ne lui a guère laissé la possibilité de briller. Il a néanmoins enrichi son carnet d’adresse international et il continue à caracoler dans les sondages.

– Le Joumhouri quant à lui est également en train de « se rétablir » selon les déclarations de Issam Chebbi et de Maya Jeribi. Sera-t-il apte à rassembler autour de lui? Tout le monde se pose la question car depuis 5 ans, la plupart des tentatives ont échoué.

– Le « Mouvement du Peuple de la Volonté », initié quant à lui par Moncef Marzouki et qui compte nombre de personnalités de l’ancien CPR, est en train de s’organiser, mais comme toutes les autres tendances, il est encore trop tôt pour avoir une idée précise de son influence sur le paysage politique.

– Quand aux partis destouriens et autres mouvement républicains faisant partie la mouvance nationale-progressiste, ils restent dans une dimension trop modeste pour pouvoir jouer les premiers rôles. Seule leur intégration dans d’autres mouvement peut leur permettre d’exister politiquement.

En conclusion, il semble que par l’absence d’un leadership clair et d’idées novatrices, les progressistes vont, encore une fois, vers la division et l’aliénation politique.
Dans cette période charnière de son histoire, la Tunisie a plus que jamais besoin de ses progressistes, pourtant, ce sont les conservateurs qui continuent à s’affirment politiquement. Ego quand tu nous tiens!

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