2017 est en train de faire ses adieux. Ce fut une année pleine de rebondissements et de surprises. Sans doute, elle figure parmi les plus riches en coups de théâtre géopolitiques, puisqu’un nouvel ordre mondial semble se dessiner, dans lequel les grandes puissances, à l’instar des États-Unis, subissent de plein fouet des changements politiques profonds. Tour d’horizon des événements qui ont marqué 2017.
Donald Trump accède à la Maison Blanche
Pourtant inattendue, l’arrivée de Donald Trump au pouvoir aux États-Unis a surpris plus d’un, à commencer par les observateurs et les spécialistes des sondages d’opinions eux-mêmes, qui ont prévu la défaite du milliardaire républicain face à sa concurrente démocrate, Hillary Clinton. « Impulsif », « politiquement inexpérimenté », « aucune carrure présidentielle » : tels sont les termes employés pour désigner le candidat Trump durant sa violente campagne présidentielle. Désormais locataire de la Maison Blanche, Donald Trump a imposé son propre style de gouverner, au grand dam de la démocratie américaine. Échanges verbaux violents avec le dictateur Kim Jung Un, scandale au sein de sa propre équipe, décision d’interdire l’entrée aux États-Unis pour certains pays musulmans et dernièrement le statut de Jérusalem. En somme, le palmarès de Donald Trump est « riche », et les 4 prochaines années de son mandat s’annoncent prometteuses.
Le Maroc reprend sa place dans l’Union Africaine
Après une absence qui a duré plus de 20 ans, le Maroc a marqué son retour au sein de l’Union Africaine (UA) le 30 janvier 2017, signant, la même année, l’accord de principe de son adhésion à la CEDEAO les 5 et 6 juin 2017. C’est en 1992 que le Royaume a décidé de quitter l’UA. Et pour cause : 26 Etats membres de l’Union sur 50, soit la majorité, ont admis la République Sahraouie (RASD) au sein de l’UA. Un véritable sujet de tension puisque le Maroc considérait cette zone comme la sienne, contestant le principe d’intangibilité des frontières mis en place suite à la décolonisation. Le Royaume a donc réclamé le rattachement de cette zone du Sahara en 1975. Or, deux ans plus tôt, soutenu par l’Algérie, le Front Polisario a réclamé l’indépendance de la zone. Les tensions ont donc éclaté entre les deux pays voisins sur le sort de la région. Le Maroc a donc fini par quitter l’UA, en guise de protestation, alors qu’il était dirigé par le Roi Hassen 2. Son fils Mohammed VI a donc réintégré le Royaume à l’UA.
La conquête d’Emmanuel Macron
Un an avant son arrivée au pouvoir, c’est-à-dire en 2016, Emmanuel Macron n’était qu’un ministre de l’économie démissionnaire aux yeux des français et des quelques citoyens des autres pays qui ont entendu parler de lui à travers les informations. Le 6 mai 2017, Macron a accédé à la fonction suprême après avoir remporté plus de 60% des voix face à la candidate du Front National, Marine Le Pen. Fulgurante fut l’ascension du président de la République française. Après avoir fondé son propre parti En Marche – devenu la République En Marche après la victoire aux présidentielles et aux législatives -, un lourd et périlleux travail sur le terrain a commencé pour Emmanuel Macron et son équipe de conseillers et de communicateurs. Son cheval de bataille : éradiquer les partis politiques « classiques » de la Droite et de la Gauche françaises. Le 15 mai 2017, la passation entre Emmanuel Macron et son prédécesseur, François Hollande, a été très suivie en France. C’était le sacre d’une ascension inattendue, d’une personnalité tout aussi imprévisible selon les observateurs.
La Qatar en quarantaine
C’était le 5 juin 2017, quelques jours après la visite du président américain, Donald Trump, en Arabie Saoudite : le Qatar a été mis en quarantaine diplomatique, économique et commerciale par décision du Royaume wahhabite, appuyé par l’Égypte, les Émirats Arabes Unis, le Bahreïn, la Mauritanie, la Libye et les Maldives. Tous ont accusé le Qatar de financer le terrorisme. Une doléance a été rédigée, sommant le pays de respecter plusieurs conditions, à l’instar de la suspension de la chaîne d’informations Al Jazeera.
Aujourd’hui, malgré l’embargo qui lui est encore imposé, le Qatar s’en sort plutôt bien, puisqu’il a pu compter sur ses soutiens, à l’instar de la Turquie et de l’Iran, soit les ennemis jurés de l’Arabie Saoudite.
Un saut de modernité en Arabie Saoudite
A droite : Salmane Ben Abdelaziz Al Saoud, roi de l’Arabie Saoudite. A gauche : Mohamed Ben Salmane Al Saoud, prince hériter, vice-premier ministre de l’Arabie Saoudite
Une révolution des mentalités semble se dessiner en Arabie Saoudite en 2017, initiée par le Roi Salmane Ben Abdelaziz Al Saoud. Le Roi a, tout d’abord, commencé par nommer son fils, Mohamed Ben Salmane Al Saoud en tant que prince hériter et vice premier ministre de l’Arabie Saoudite. Par la suite, une tendance « réformiste » et « révolutionnaire » a marqué le Royaume Wahhabite, brisant une glace qui a duré pendant des années. Le premier pas : le Roi a ordonné de faire le ménage parmi « les corrompus ». Plusieurs princes impliqués dans la corruption ont, en effet, été arrêtés.
L’autre fait marquant de son règne : le statut de la femme. Autrefois privée de conduire seule une voiture, la femme saoudienne est désormais autorisée à le faire, du moins, ce sera le cas en juin 2018. Un pas salué par la gent féminine. On retiendra également les rapprochements discrets avec Israël, évoqués par des ministres du pays sioniste. Quelle idée Salmane Ben Abdelaziz Al Saoud a-t-il derrière la tête ? L’avenir nous le dira.
Les Kurdes autonomes
En 2017, le nationalisme s’est abattu sur plusieurs pays, notamment en Europe et aux Etats-Unis. L’Irak n’a pas été épargné. Lundi 25 septembre 2017, plus de 3,3 millions de kurdes se sont rendus aux urnes pour se prononcer sur leur indépendance par rapport à l’Irak. Un scrutin très suivi par le monde entier et qui a fait grincer les dents du pays hôte, de la Syrie et, surtout, de la Turquie qui considère les kurdes comme des terroristes. Résultats : une victoire écrasante du « oui » avec plus de 92% des voix.
Dès l’annonce de la victoire, le Parlement irakien s’est empressé d’envoyer des troupes armées dans la région de Kirkouk. L’enjeu était de taille : les champs pétroliers sur place.
La Catalogne qui veut se passer de l’Espagne
En Espagne, c’est le régionalisme qui a frappé fort en 2017. Le 10 octobre 2017, la Catalogne a déclaré son indépendance vis-à-vis du pouvoir central à Madrid. Dès lors, un véritable bras de fer a été engagé entre Rajoy, Chef du gouvernement espagnol, et Carles Puigdemont, président catalan, actuellement à Bruxelles pour éviter la justice espagnole qui a émis à son encontre un mandat d’amener international.
Le 21 décembre 2017, la Catalogne s’est engagée dans les élections régionales. Un scrutin largement rejeté par la gouvernement central qui accuse les responsables catalans de « rébellion », de « sédition », de « détournement de fonds publics », et de « désobéissance à l’autorité ». La déclaration catalane, soulignons-le, a remis sur la table de la scène internationale la question du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes.
Assassinat d’Ali Abdallah Salah
Le Yémen vit la guerre civile depuis 2011. Près de 7 ans plus tard, l’ancien dirigeant yéménite, Ali Abdallah Salah, a été assassiné le 4 décembre 2017 par les rebelles houthis. Salah est donc tragiquement déchu du pouvoir après un règne qui a duré 33 ans. Ce sont des médias iraniens, principaux soutiens des houthis – communauté chiite -, qui ont annoncé la nouvelle en premier. Ali Abdallah Salah est mort le lendemain de son dernier discours dans lequel il a tendu la main à Riyad, affirmant « qu’il était prêt à tourner la page de ses relations conflictuelles avec le Royaume ». La page a fini par être tournée pour de bon, à ses dépends.
Jérusalem reconnue capitale d’Israël par les États-Unis
Donald Trump en a fait l’un de ses chevaux de bataille durant sa campagne présidentielle : le statut de Jérusalem. Mercredi 6 décembre 2017, le milliardaire, dans un discours très attendu, a annoncé que les États-Unis reconnaîtront Jérusalem comme étant la capitale d’Israël. Une annonce prévisible, aux réactions toutes aussi prévisibles. Partout dans le monde arabo-musulman, les condamnations ont plu : Tunisie, Maroc, Algérie, Turquie, Iran, Egypte, et bien d’autres.
L’assemblée générale de l’ONU s’est prononcée contre la résolution proposée par les States concernant le changement du statut de Jérusalem. Une résolution largement rejetée par les pays membres, exceptés Israël et quelques autres alliés des Etats-Unis. « Nous couperons les aides à tout pays ayant voté contre la résolution », a déclaré, menaçant, Donald Trump. L’incertitude règne aujourd’hui et les prémices d’une nouvelle intifada sont là.