Il est de tradition d’être optimiste en début d’année, c’est pourquoi nous avons jusqu’à fin janvier pour positiver, même si les exports nous promettent une année 2018 encore plus difficile que l’année précédente, ne serait-ce que pour la flambée des prix qui ruine le citoyen et pour le pactole encore plus lourd au niveau des finances publiques pour le remboursement de la dette que les gouvernements successifs ont utilisée non pour le développement mais pour les salaires grandissants de la fonction publique qui ne fait pas de gros efforts pour promouvoir la croissance économique du pays.
Pour accélérer le processus de croissance destiné à faire baisser le taux de chômage dans le pays, il est beaucoup plus facile, plus performant et plus rapide de concentrer les efforts et les moyens disponibles sur certains secteurs d’activité.
Ceux qui connaissent déjà une progression même lente et incertaine, plutôt que de se disperser sur 36 secteurs en même temps sans résultat concret dans l’immédiat.
L’exploitation des phosphates, la reprise de la fréquentation touristique, le rôle des TRE, le développement des exportations de produits agricoles et de pêche, la reprise des activités des PME, l’optimisation de l’exploitation de nos ressources énergétiques fossiles.
La reprise dans le bassin minier de Gafsa est certes réelle mais hésitante et cahotante. Nous progressons mais nous sommes encore loin du compte : celui des 8 Mt de 2010.
En effet, lorsque la production prévue pour 2017 dépasse les 6 Mt, la réalisation ne sera pas supérieure à 5 Mt.
Tantôt, c’est l’exploitation qui marque le pas, tantôt c’est le transport qui fait défaut. Pourtant, les fauteurs de troubles qui abusent de la bonne foi et instrumentalisent les demandeurs d’emplois pour perturber la relance d’un secteur vital pour l’économie du pays, sont connus des autorités publiques mais restent impunis.
Il est temps que le gouvernement fasse preuve d’efficacité en appliquant la loi : la CPG est en mesure, une fois sa santé rétablie, d’alimenter le budget de l’Etat de 2 milliards de dinars par an.
Le tourisme tunisien est en convalescence, lente mais sûre : comment faire pour accélérer la guérison ?
L’Open Sky pourraît être un bon prétexte pour booster notre tourisme, encore faut-il que les pouvoirs publics s’allient avec les professionnels pour élaborer une stratégie commune.
Il est impensable que l’on puisse faire le plein de touristes européens lorsque l’état de l’environnement est déplorable et que la toute-puissance de l’Etat est incapable de maîtriser l’enlèvement des déchets ménagers. Un plan d’action s’impose d’urgence, nous avons six mois avant le 1er juillet pour le faire.
Notre pays souffre d’une image suspecte en Europe (djihadisme des jeunes au Proche-Orient et actes terroristes individuels en Occident). Nous devons changer cela par une campagne de communication brillante et des évènements culturels et sportifs.
Nous pouvons et devons exporter plus, mieux et ailleurs que sur les marchés traditionnels, car notre marché est exigu et nos potentialités sont grandes du moment que nous avons la volonté de travailler plus. Sous certaines conditions : d’abord, alléger les formalités administratives et douanières. Ensuite, cibler les marchés porteurs —c’est le rôle des études de marchés— et multiplier les participations aux salons et foires à l’étranger. Le Cepex peut sûrement mieux faire, s’il dispose d’un budget conséquent pour cela.
La logistique et le transport ont sûrement beaucoup de progrès à faire pour économiser les coûts et les délais qui sont le nerf de l’agressivité commerciale sur les marchés extérieurs.
Les TRE de leur côté disposent de potentialités insoupçonnées sur tous les plans : compétences humaines et scientifiques, capacités managériales, moyens financiers à investir dans le pays natal, « portages » de projets économiques, relations de haut niveau dans les pays d’accueil… Cependant, les pouvoirs publics n’ont jamais su les attirer et les amener à s’investir totalement dans un processus porteur de profits réciproques à moyen et long termes. Certes, les transferts identifiés sont de l’ordre de 4 milliards de dinars par an, mais cela pourrait doubler ou tripler s’il y avait une stratégie concertée et habile. Les TRE ne sont pas des quémandeurs de privilèges douaniers mais ont besoin d’égards, de respect et de dignité. Qui va inventer le partenariat stratégique adéquat ?
La relance et la redynamisation des activités des PME devraient être déclenchées en 2018 avec la multiplication des lignes de crédit moyen et long termes accordées par des bailleurs de fonds internationaux aux banques tunisiennes. A ce sujet, BEI, BERD, BAD et AFD ont signé des accords avec la BH, Amen bank, UIB, BT… Ces crédits sont destinés en fait aux PME tunisiennes en mal de financement pour réaliser leurs projets de développement, financer leurs fonds de roulement, concrétiser leurs potentialités d’exportation.
Outre l’impact sur la croissance du PIB, il s’agit là d’un facteur très positif pour la création d’emplois pour les jeunes.
Notre production énergétique n’a pas cessé de régresser de façon sensible pour passer de 75.000 barils par jour en 2010 à 43.000 b/j en 2015-2016, 20.000 b/j en 2016-2017 et à 9000 b/j seulement actuellement.
Notre déficit énergétique est encore plus profond, alors que les gisements existent toujours, que les compagnies pétrolières sont encore là (pas pour longtemps si les choses continuent en l’état) tandis que les vannes fermées par la volonté de quelques personnes soudoyées par certains partis politiques en infraction à la loi. Nous pouvons quadrupler notre production. L’Etat a certes déclaré zones militaires les sites en l’objet, mais n’ose pas sévir alors qu’il y va de la survie de la population.