Lors d’une rencontre avec des journalistes et des directeurs de journaux tunisiens à l’occasion du nouvel an, la nouvelle ambassadrice de France en Tunisie, Anne Guéguen, (NDLR: accréditée en Tunisie depuis le 27 décembre dernier), a prononcé un discours au cours duquel elle a fait part de son engagement envers la solidarité et la paix internationales, la consolidation de la coopération bilatérale et la défense des droits de l’Homme.
L’ambassadrice a commencé son discours par la situation tragique au Moyen Orient soulignant l’importance de la solidarité et de la fraternité comme réponse à cette crise. Elle a rappelé le soutien humanitaire de la France aux populations civiles de Gaza et les efforts constants de son pays pour une trêve immédiate et un cessez-le-feu. Dans ce contexte, elle a précisé que la France a mobilisé un milliard d’euros lors de la conférence humanitaire de Paris pour Gaza en novembre dernier.
Anne Guéguen a réaffirmé la position de la France en faveur de la solution à deux États considérant que cette dernière est seule voie vers la paix et la sécurité. Elle a rappelé la nécessité de soutenir l’Autorité palestinienne en tant que représentante légitime du peuple palestinien.
S’agissant des relations bilatérales entre la France et la Tunisie, la diplomate a abordé la question des visas Schengen et de la mobilité. Elle a souligné les efforts de la France pour rendre plus fluide la circulation des personnes entre les deux pays, en particulier dans les domaines économiques, scientifiques, culturels et artistiques. Elle a dans ce contexte noté qu’en 2023, d’importantes améliorations ont été réalisées dans le processus de délivrance des visas en Tunisie, avec un taux de réponses positives atteignant près de 77%, une réduction significative des délais d’obtention de rendez-vous pour les visas professionnels et les demandes de renouvellement (de 10 à 15 jours), et une baisse des tarifs du prestataire TLS de 33 à 28 euros.
D’autre part, la diplomate française a souligné que le nouveau gouvernement est engagé dans sa relation avec la Tunisie et œuvrera à élaborer un agenda bilatéral riche à travers notamment la tenue du Haut Conseil de coopération, le HCC, sous la présidence des deux premiers ministres.
« 2024 sera une année riche pour le rayonnement international de la France… C’est en effet une année de de grands rendez-vous en France avec l’accueil des Jeux Olympiques et paralympiques de Paris de 2024, le 80ème anniversaire de la libération, et le sommet de la Francophonie à Villers-Cotterêts à l’automne. « a-t-elle noté. Selon la diplomate, le sport et la francophonie sont deux grands sujets fédérateurs, dans lesquels la France veut coopérer avec la Tunisie.
Concernant les actions de coopérations et les actions culturelles, l’ambassadrice française a souligné trois idées majeurs à même de renforcer les relations franco-tunisiennes. Premièrement, la coopération doit aller au-delà des échanges bilatéraux pour affronter les défis mondiaux. Deuxièmement, la compréhension mutuelle nécessite un effort constant, en particulier dans le contexte des réseaux sociaux et de l’intelligence artificielle. Troisièmement, est celle de la nécessité renouvelée de la coopération. Selon elle, face à la multipolarité du monde, la coopération est essentielle pour sortir des jeux à sommes nulles.
Elle insiste sur la densité exceptionnelle du partenariat franco-tunisien en modernisation, appelant à son orientation vers la paix, la justice, la liberté, la sécurité, et la prospérité pour les citoyens, tout en prônant l’équilibre et la conciliation des intérêts, et en soulignant la solidarité intellectuelle et morale entre les deux rives de la Méditerranée.
« Face à la multipolarité conflictuelle du monde, il faut sortir des jeux à sommes nulles. Le gagnant-gagnant n’est pas un concept chinois. La densité du partenariat de la France avec la Tunisie est exceptionnelle. Ce partenariat se modernise, nous devons veiller à ce qu’il serve la paix, la justice, la liberté, la sécurité et la prospérité pour nos concitoyens. Je crois que nous gagnons tous lorsque nous cherchons sincèrement l’équilibre et la conciliation de nos intérêts – il faut de la realpolitik dans ce sens-là, mais je reste également fondamentalement convaincue de notre solidarité intellectuelle et morale, entre les deux rives de la Méditerranée, et que l’idéal démocratique de dignité, d’égalité et de respect de la personne humaine n’a pas de nationalité et doit nous unir.« a-t-elle affirmé.
Par ailleurs, la diplomate a souligné l’activité intense de la coopération et de l’action culturelle entre la France et la Tunisie. Cette coopération s’illustre par des chiffres significatifs tels que 14 000 étudiants tunisiens en France, un budget de près de 2,5 millions d’euros pour la coopération universitaire et scientifique en 2024, comprenant 1 million d’euros de bourses pour les étudiants tunisiens, 770 000 euros par an pour la mobilité des chercheurs, 18 000 apprenants de français sur tout le territoire tunisien, 18 000 élèves dans le réseau d’enseignement français en Tunisie, dont 2/3 sont Tunisiens, et un financement dépassant les 3 millions d’euros pour la coopération et l’action culturelle en 2024, témoignant ainsi de la réalité fructueuse de la relation bilatérale.
Dans ce même ordre d’idées, Anne Guéguen a évoqué l’engagement de son pays en faveur de la liberté de la presse citant dans ce contexte le partenariat établi entre France Médias Monde, France Télévisions, Radio France, l’INA et Expertise France avec la télévision tunisienne pour la modernisation du service public audiovisuel.