Plus nous pénétrons dans l’inconnu plus il nous semble merveilleux

Moncef Kammoun

« Il n’y a point encore de liberté si la puissance de juger n’est pas séparée de la puissance législative et de l’exécutrice. »

Montesquieu

Les Tunisiens ont célébré la nuit du 25 juillet les décisions du Président de la République, c’était un vrai tournant dans le processus démocratique d’un pays qui a subi plusieurs chocs durant une décennie.
Personne n’a vu venir des décisions aussi radicales, blocage de la Kasbah et gel du Parlement et levée de l’immunité des députés, des décisions historiques pour certains, un putsch pour d’autres, peu importe puisque nous sommes aujourd’hui devant le fait accompli, en plus le Président n’aime pas parler ni communiquer, d’ailleurs il ne parle pas et ne communique pas, il déclare !
Bien entendu cette situation du pays a été examinée à la loupe par les bailleurs de fonds et les pays amis qui défendent leurs intérêts.

Peut-on gouverner avec seulement les bonnes intentions ?
Pour les observateurs le fait de concentrer les pouvoirs dans une seule main pourrait mener facilement vers une dictature ce qui est une évidence parce que rien n’est aussi dangereux que la certitude d’avoir toujours raison.
Tous les éléments des discours du Président se répètent et il est presque dans la certitude qu’il a toutes les bonnes intentions et il représente le peuple en étant le gardien de ses institutions, mais monsieur le Président peut-on gouverner avec seulement les bonnes intentions ?
Aujourd’hui Monsieur le Président personne ne peut avoir un doute sur votre bonne intention et tout ce que vous avez fait jusqu’à maintenant pour notre pays et pour nous mais je tiens à vous rappeler que le temps est le plus grand ennemi de l’homme comme disait Antonine Maillet, romancière et dramaturge canadienne « le temps est notre grand ennemi, il vient à bout de tout à la fin. »
Le problème c’est cette situation d’aujourd’hui sans une couverture constitutionnelle, on est alors dans une situation provisoire et pas très claire et vous savez mieux que nous tous l’article 16 de la Déclaration des droits de l’homme qui se réfère à la séparation des pouvoirs et la protection des droits de l’homme « la séparation des pouvoirs constitue un obstacle au despotisme et à la tentation du pouvoir personnel, puisqu’aucune personne ne peut concentrer entre ses mains la totalité des attributs de la souveraineté».
En plus Monsieur le Président vous êtes entouré d’un cercle fermé dont les acteurs restent inconnus ce qui renforce les réserves sur la situation parce que tout simplement l’idée d’une Tunisie meilleure, ne sera pas une réalité avec un seul cerveau politique, en plus quand vous parlez vous donnez l’impression d’une conviction inébranlable d’avoir raison, de détenir La vérité, or rien n’est aussi dangereux que la certitude d’avoir raison, enfin quand vous parlez avec ce ton dur avec un caractère affirmatif, impérieux, péremptoire, rigide, n’admettant aucun doute tout cela témoigne de votre conviction inébranlable d’avoir raison et de détenir la vérité.

C’est l’inconnu qui nous fait peur
L’heure est si grave Monsieur le Président, aujourd’hui, plus que vingt jours qu’on est dans cette situation floue, ça ne pouvait plus durer.
ça devient alors urgent, afin de soulager votre peuple, et puisque c’est à vous qu’incombe la charge de la désignation d’un chef de gouvernement, celui de la dernière chance, de nous communiquer son nom et votre feuille de route.
Le temps joue contre nous, contre les entreprises, contre l’emploi, bref contre le pays.
Monsieur le Président le monde nous observe avec espoir car ils croient en nous et dans l’attente de voir notre pays reprendre sa place sur la scène internationale et tout retard dans ces conditions devient inquiétant.
Enfin Monsieur le président, vous devez être entouré d’une équipe restreinte de ministres et de secrétaires d’Etat indépendants, dévoués au pays et proposer les réformes plus que jamais nécessaires, revoir notre  système politique, notre mode de scrutin, et la composition de la Cour Constitutionnelle.
Ensemble restons vigilants et toujours debout pour une nouvelle République basée sur l’Etat de Droit.
Nous vivons actuellement une période où des décisions importantes, je dirais même historiques, doivent être prises pour l’avenir du pays
Je suis convaincu qu’ensemble, et avec le sens des responsabilités, nous serons en mesure d’élaborer un plan de relance à la hauteur de nos ambitions et de relever tous les défis et voir une démocratie arabe forte, développée économiquement et socialement, égalitaire, respectant les droits.

*M.K Architecte

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