Oscillant entre plusieurs thèmes, soit l’art, l’actualité et le style de vie, 2Two apporte du punch à la street culture tunisienne. À 19 ans, il crée un rap des plus atmosphériques et annonce une escalade hip-hop fulgurante. Avec un don crânement exposé, une musique actuelle et une recherche permanente de s’écarter des standards personnels ou rapologiques, il a accepté de nous rencontrer et de répondre à nos questions.
Pourquoi avoir choisi ce nom de scène?
Mon prénom est Taoufik donc on m’a toujours appelé Toutou. Pour me démarquer des autres, j’ai choisi une orthographe décalée et originale. Phonétiquement, c’est la même chose, mais je marquerais plus les gens avec cette écriture.
Quelles ont été tes influences artistiques?
Je suis danseur profe
Pour la musique, j’écoutais beaucoup Busta Rhymes qui, pour moi, restera toujours une référence du rap américain et un grand artiste visionnaire. J’adore aussi le Funk et la Soul de James Brown ainsi que le Blues. Il faut varier au maximum ses connaissances musicales et ne pas hésiter à explorer d’autres univers. C’est de là que vient l’inspiration.
Quand as-tu décidé de te lancer dans le rap?
C’était sur un coup de tête. Je fréquentais le milieu du rap depuis mes 13ans, ce qui m’a fait connaître beaucoup de monde. En 2016, j’ai écrit une chanson et je l’ai enregistrée. C’est El Big qui s’est chargé de la direction artistique. Une fois postée, la vidéo a atteint les 15 000 vues et ceci sans sponsoring.
Ensuite, j’ai enregistré d’autres sons avec des rapeurs polyglottes et de différentes nationalités comme LSG, qui est sud-africain, ou encore les tunisio-italiens JBA00. D’ailleurs, avec ces deux frères, notre premier featuring a atteint les 10 000 vues la première journée et a suivi une croissance exponentielle aux alentours de 4000 par jour.
As-tu déjà rencontré des problèmes lors des tournages de tes vidéos?
Oui, bien entendu. Il faut s’attendre à quelques obstacles, mais j’essaie de remédier à ces situations. Il y a un fort esprit d’entraide dans notre communauté. De plus, il faut savoir que je choisis des lieux insolites pour mes vidéos, comme par exemple pour celle de Casa De Papel, qui a été tournée dans une banque démolie au Lac.
Travailles-tu pour un label?
Pour l’instant, je travaille à mon propre compte. Je crée une bonne base de fans qui sera, je l’espère, en permanence à mes côtés. J’établis aussi mes propres stratégies marketing. Je choisis le bon moment pour poster ma musique; il faut aussi accoutumer le public. Il faut mêler quantité et qualité et être prêt pour la concurrence.
Quels messages veux-tu faire passer à travers ta musique?
Pour moi, c’est
Mon message est positif et plein de bon sens. Il faut travailler dur pour réussir, le don ne suffit pas. J’essaie de créer la motivation pour ceux qui m’écoutent et de véhiculer un message d’espoir et de confiance en soi. Nous sommes les maîtres de nos destins; il faut prendre soin de nos rêves et les vivre.
Que penses-tu du rap tunisien d’aujourd’hui?
Certaines personnes, sans citer de nom, détournent l’essence même du rap. Il faut sortir des clichés du rappeur macho et misogyne et vivre sa vie comme on l’entend. Il faut impliquer le public en épiçant un peu plus le rap game avec des clashs et des beefs. Ceci rendra les rappeurs critiques envers le travail des autres mais aussi envers leur propre production. Le paysage du rap tunisien doit être plus diversifié et la concurrence mettra en lumière les meilleurs.
Un mot pour la fin ?
Merci Didi!
Propos recueillis par MBY