Pourquoi le 7 octobre ?

Pourquoi les Palestiniens, les Gazaouis en l’occurrence, n’auraient-ils pas le droit d’aspirer à la liberté et de combattre quand cela devient nécessaire pour casser les chaînes érodées et trop serrées de la longue et éprouvante et humiliante colonisation sioniste ?
Pourquoi les Israéliens auraient-ils le droit exclusif de coloniser et de spolier des terres, une identité, une histoire, des traditions, des origines qui ne sont pas les siennes ? Le monde, qui a enfanté les plus grands humanistes et les plus grands militants des droits et des causes justes, aurait-il, sans crier gare, changé de doctrine, de valeurs, de normes, pour autoriser l’injustice, le racisme, la haine de l’étranger et de l’autre, tout court, le nazisme qui fait son grand retour là où il a été mondialement combattu, les crimes de guerre qui n’offensent plus ceux qui sont censés les condamner et les punir ?
Pour justifier leur immobilisme face au génocide qui se déroule sous les yeux du monde entier, ou leur opposition idéologique et/ou politique au mouvement islamiste palestinien Hamas, certains s’interrogent sur le pourquoi et l’utilité de l’attaque du 7 octobre 2023.  Il y en a même qui ont l’indécence de se faire l’écho de la propagande sioniste qui accuse les dirigeants du Hamas d’être les responsables du carnage à Gaza et d’avoir privé les Palestiniens d’une vie paisible qu’ils menaient jusqu’au 6 octobre 2023.  Ces porte-voix arabo-sionistes accusent la résistance palestinienne d’avoir tué et blessé – en lieu et place des soldats israéliens – près de 100 mille Gazaouis, et très à l’aise derrière leurs ordinateurs, ils s’évertuent dans la diffusion, sur les réseaux sociaux, des rumeurs montées de toutes pièces et des ignominies.
Il revient à chacun la liberté de soutenir ou non la résistance palestinienne mais nul n’a le droit de blâmer les Palestiniens de vouloir vivre libres et d’œuvrer pour la décolonisation de leurs terres et la construction d’un Etat indépendant. Même pas Israël. Les Juifs ont été chassés d’Europe, persécutés, torturés, déportés, assassinés dans des chambres à gaz par l’armée nazie d’Hitler. La période noire de leur histoire n’a rien à voir avec les Palestiniens, mais on ne dirait pas autant des Occidentaux qui, en soutenant depuis quatre mois aveuglément Israël dans sa soi-disant « légitime défense » contre Gaza, font aujourd’hui la même chose avec les Palestiniens. Ceci, pour trouver une terre, un Etat, un refuge aux Israéliens, même s’il faut les usurper à un autre peuple.
Le moins compréhensif, et surtout aberrant, c’est la non-assistance des pays arabes au peuple palestinien en danger d’extermination. Contrairement à l’entité sioniste, à la nette supériorité militaire, qui reçoit des aides de tous genres allant des produits alimentaires aux armements les plus sophistiqués venant de pays occidentaux et arabes, Gaza est coupée du monde, sous blocus, sans aucune espèce d’aide et sous les bombes. Rien n’y entre, rien n’en sort. Pas d’eau, pas de nourritures, pas de médicaments, ou très peu. Après avoir été une prison à ciel ouvert, Gaza est désormais un charnier géant de 365 km2, une fosse commune pour près de 30 mille cadavres, sans compter ceux enfouis sous les décombres et les deux millions de Gazaouis condamnés à mort par Israël et qui attendent de mourir d’une heure à l’autre, à Rafah ou ailleurs dans la bande de Gaza où chaque mètre est la cible de tirs aériens, marins et terrestres.
Très respectueux des règles internationales, les pays arabes sont sages, disciplinés, ne bougent que dans le cadre restreint des Nations unies. Le banditisme n’est pas fait pour eux. Il faut être Joe Biden ou Benjamin Netanyahu pour s’asseoir sur le toit du monde et mépriser, d’en haut, les lois, les droits international et humanitaire et les convenances. Si bien que les Arabes ont beau causer, convoquer des Conseils de sécurité, des Assemblées générales, ils ne sont ni écoutés ni entendus, ils ne sont pas pris au sérieux, ils ne pèsent rien. Au point que les peuples arabes les méprisent et les accusent de trahison pour avoir vendu la cause palestinienne aux Américains et aux Israéliens. Les réseaux sociaux sont les supports et les témoins d’un déchaînement populaire arabe et d’une colère inconsolable à cause du massacre des civils, en majorité des enfants, sans oublier les arrestations musclées de milliers de jeunes, les exécutions sommaires de détenus ou de civils déplacés et les tortures dans les prisons israéliennes.
Pourtant, les pays arabes ne sont pas dénués d’atouts économiques qui pourraient renforcer leur poids diplomatique et faire inverser la vapeur (pétrole, gaz…). L’Occident a un besoin vital des richesses naturelles du Proche et du Moyen-Orient. Il est connu que les Etats-Unis d’Amérique ne s’intéressent jamais à un pays ou à un continent pour les beaux yeux de ses habitants, mais seulement pour les richesses de son sol. L’implantation d’Israël dans la région arabe serait d’ailleurs, selon certaines analyses, due à cette raison, celle d’être tout bonnement un Etat américain au Proche-Orient.
Si les dirigeants arabes avaient eu le courage d’unir leurs forces économiques, on n’en aurait pas été là. Mais il y a des raisons de croire que cette situation convient à certains dirigeants arabes qui trouvent leurs comptes personnels dans le fait d’être « protégés » par les Américains et les sionistes, protégés notamment des trouble-fêtes qui, pour certains, rêvent de démocratie et de libertés individuelles et collectives ou, pour d’autres, de Califat ou de république islamique. Trop dangereux pour eux et pour leurs trônes. Alors, autant composer directement avec les Démocraties qui, elles, ne s’embarrassent pas de coopérer avec les dictatures tant que les affaires marchent bien.
Mais un jour viendra où les dirigeants arabes comprendront que la boulimie sioniste est insatiable, qu’après Gaza et la Cisjordanie occupée, ils voudront manger de l’Arabe ailleurs pour s’étendre, car ils ont un besoin vital d’extension, d’hégémonie, de pouvoir. Pourvu que les dirigeants arabes actuels en prennent conscience avant qu’il ne soit trop tard, dépassent leurs divergences et unissent leurs forces. C’est leur véritable immunité.

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