Un nouveau rapport alarmant des associations « Aswat Nissa » et « Femmes et Citoyenneté au Kef » vient briser le silence sur la réalité sombre des féminicides en Tunisie. En 2023, 25 femmes ont été victimes de ce crime effroyable, soit une augmentation de deux cas par rapport à 2022. Plus inquiétant encore, le nombre de féminicides a quadruplé en seulement cinq ans, passant de 6 en 2018 à 25 en 2023.
Le rapport met en lumière la complexité du phénomène du féminicide, défini comme le meurtre d’une femme en raison de son sexe et pour des raisons liées à son identité. La sociologue Fethia Saidi tire la sonnette d’alarme : « Le féminicide n’est plus un fait isolé, il devient un phénomène de société, s’étendant à tous les gouvernorats du pays. »
L’étude révèle que les femmes âgées de 25 à 36 ans sont les plus touchées, représentant 27% des cas de féminicide, suivies par la tranche d’âge des 36 à 45 ans (26%). La majorité des victimes sont économiquement précaires, sans indépendance financière ou revenus réguliers.
Les associations dénoncent le laxisme des autorités et l’absence d’une stratégie claire pour la mise en œuvre des mécanismes de protection prévus par la loi 58/2017 relative à la lutte contre les violences faites aux femmes. Elles pointent du doigt l’insuffisance des statistiques officielles sur le féminicide et appellent à une actualisation urgente par le ministère de la Famille, de la Femme, de l’Enfant et des Personnes âgées et l’Observatoire National de lutte contre les violences faites aux femmes.
Le rapport sonne l’alerte et exige une action urgente et concertée pour lutter contre ce fléau qui gangrène la société tunisienne. Les autorités doivent prendre leurs responsabilités, mettre en place des mesures de protection efficaces et garantir la justice aux victimes. La société civile doit également se mobiliser et sensibiliser l’opinion publique à ce problème crucial.