La scène médiatique arabe, tout au long de la guerre d’extermination, menée rageusement par l’entité sioniste dans les territoires palestiniens usurpés, me frappe comme une tragédie aux acteurs inféodés, sans éthique ni morale. Sous le couvert du respect de la «liberté d’expression», principe fondamental et valeur cardinale dans ce domaine, on assiste quotidiennement à l’introjection de l’abjection dans la machine médiatique soi-disant «libre et impartiale». Tout sonne confus, frelaté et lâchement malsain, on va de caricature en caricature. Le problème ne se limite pas à l’incitation à un défaitisme extrêmement ignoble. Il participe d’un prosélytisme des plus dangereux. Cette situation catastrophique en dit long sur la dramatique dérive des médias arabes et fait peser une menace sur la sécurité de la région tout entière dans un monde de plus en plus soumis à la loi du plus fort. D’ailleurs, la question posée aujourd’hui par la plupart des peuples arabes est justement celle-ci : qui, au juste, sont ces nouveaux décideurs médiatiques ? Et la réponse est bien sûr troublante et polémique.
Ces derniers savent que la confiance du public arabes dans ces médias inféodés est au plus bas. Ils savent aussi que les gens préfèrent les contourner pour aller suivre les évènements via les chaînes étrangères et les réseaux sociaux. Pire encore, la tentation de plaire aux ennemis de la nation est d’autant plus odieuse qu’elle s’exprime dans le lâche confort de «l’impartialité». Il serait toutefois dommage que cette dérive soit partie intrinsèque du fonctionnement de ces systèmes politiques arabes plongés dans la tempête, gagnés par le doute et qui font toujours se côtoyer traîtrise, mauvais calculs, impuissance, bêtises et abîmes.
L’élan de cette soumission éhontée ne s’est pas freiné. Bien au contraire, il s’est accru à une vitesse vertigineuse.
Le mal est toujours là, plus vorace que jamais. Seuls les masques et les rôles ont changé. A une «logique» de désinformation, s’est substituée une «logique» de résignation plus pernicieuse et plus sournoise qu’assurent les médias audiovisuels arabes. Ils sont les prêcheurs d’un nouveau système d’abdication, les chantres d’une culture de servilité, les farouches défenseurs d’une capitulation annoncée. Ils se posent en incarnation suprême de plusieurs dirigeants arabes soucieux de leurs intérêts personnels. Ils prétendent aussi enraciner la désertion. Une notion ambiguë, car le cocktail à base de défection et de reniement pourrait être concocté par des peuples trahis qui n’hésiteraient pas à jeter l’opprobre sur les pouvoirs en place et accroître l’ampleur de la défiance.
Ces médias évoluent principalement dans un circuit bien déterminé et selon une méthode précise et inchangeable. Établissements contrôlés par des pouvoirs qui ne prétendent pas défendre les intérêts de la nation mais s’adapter à la soumission.
Les dirigeants sont intimement convaincus qu’il faut considérer les mots et les images comme des armes concrètes, chaque mensonge ou lynchage comme un moyen de déstabilisation et de découragement, et l’ignominie ambiante est devenue si grande qu’elle nous donne, comme disait Albert Einstein, «une idée de l’infini».
Ces médias peuvent, finalement, se vanter d’une prouesse : avoir réussi à créer l’unité des peuples arabes contre eux. «Exploit» désormais très rare dans une nation dramatiquement divisée.
Il ne s’agit en aucun cas d’acharnement, de dénigrement ou d’incitation à boycotter ces médias, seulement d’une étiologie que l’on ne peut ignorer pour avoir quelque espoir de prévenir et traiter le désastre.
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