37ᵉ édition des Journées de l’Entreprise L’informalité au cœur des préoccupations

Dans un monde en pleine mutation, ces journées s’annoncent comme un moment clé pour comprendre, débattre et façonner le destin économique de la Tunisie. Pour cette édition, l’événement est une occasion pour exposer la complexité de l’informalité, un phénomène économique qui façonne l’avenir du pays.

 

Le coup d’envoi de la 37ᵉ édition des Journées de l’Entreprise, qui se tient actuellement à Sousse sous le thème « L’Entreprise et l’Informalité : Inégalités et Solutions en Suspens », a été donné aujourd’hui par le président de l’Institut Arabe des Chefs d’Entreprises (IACE), Taieb Bayahi.

Tenue sous le haut patronage de la présidence de la République, cette édition a été marquée aussi par la présence de la ministre du Commerce et du Développement des exportations, Kalthoum Ben Rejeb.

 

L’informalité emploie près de la moitié de la population

 

Taieb Bayahi a expliqué que le choix de ce thème s’est imposé en raison de son importance persistante au fil des décennies, bien que son traitement ait souvent été périphérique plutôt que central.

Il a souligné l’impact significatif de l’informalité, représentant plus d’un tiers de l’économie selon les évaluations les plus conservatrices, et rivalisant en importance avec les deux tiers supposés restants des secteurs privés organisés et du secteur public.

“La situation politique, économique et sociale actuelle, exacerbée par des bouleversements géopolitiques inédits à l’échelle mondiale, renforce davantage la pertinence de cette problématique”, a-t-il noté.

Le président de l’IACE a aussi indiqué que les thèmes centraux de l’informalité et des inégalités dépassent désormais les frontières, affectant la vie de centaines de millions de personnes à travers le monde. Il a souligné également la complexité des défis auxquels sont confrontés les secteurs privé et l’État, notamment en raison des changements politiques et géopolitiques majeurs des trois dernières années.

Dans ce même cadre, Bayahi a évoqué des événements tels que la crise sanitaire de la Covid-19, la guerre entre la Russie et l’Ukraine, et le regain du conflit au Moyen-Orient en Palestine occupée, soulignant les conséquences profondes de ces crises sur l’ordre économique international et nos convictions les plus solides.

Il a aussi rappelé les alertes émises lors de la précédente édition des Journées de l’Entreprise, soulignant l’importance de prendre en compte les menaces sérieuses pesant sur la sécurité économique et la souveraineté nationale, accentuées par des enjeux environnementaux tels que le changement climatique et la rareté des ressources naturelles.

Et dans ce contexte complexe, Taieb Bayahi a abordé le défi crucial de l’informalité, soulignant qu’elle représente un tiers du Produit Intérieur Brut (PIB), emploie près de la moitié de la population et constitue la principale source de revenu pour de nombreux Tunisiens. Il a détaillé les multiples facettes de l’informalité, soulignant ses liens avec les inégalités économiques, sociales et régionales, l’évasion fiscale, la concurrence déloyale, le non-respect des droits des travailleurs et la corruption.

Le président de l’IACE a insisté aussi sur la nécessité d’adopter une approche intransigeante pour lutter contre l’informalité, renforçant l’État de droit, favorisant la transparence, simplifiant les procédures et règlementations, et réduisant les autorisations sources de favoritisme et de corruption.

Finalement et non moins important, Taieb Bayahi a reconnu les défis du processus, soulignant que la lutte contre l’informalité exige une volonté politique forte, une adhésion populaire totale, une application juste de l’État de droit et des réformes économiques, sociales et réglementaires, accompagnées de mesures pour protéger les plus vulnérables. Ceci tout en appelant à une collaboration collective pour construire un État plus fort, plus juste et plus efficace, étant donné que cela concerne l’avenir de la Tunisie et de ses citoyens.

 

Vers une croissance soutenue

 

Pour sa part, la ministre du Commerce et du Développement des exportations, Kalthoum Ben Rejeb, a abordé divers aspects liés aux domaines économiques lors de son discours. Elle a souligné leur contribution cruciale à l’orientation des politiques économiques et sociales, mettant en lumière les options disponibles pour entreprendre des réformes en faveur d’un développement durable et intégré du pays.

Au nom du gouvernement tunisien, la ministre a rassuré les hommes d’affaires et les opérateurs économiques respectant la loi de la poursuite du soutien de l’État. Elle a exprimé l’engagement à créer un environnement d’affaires favorable, encourageant la création de richesse et le développement du pays.

“La mise en œuvre de mesures visant à favoriser l’investissement privé et instaurer la confiance chez les entrepreneurs tunisiens et étrangers a également été évoquée. La stabilité du pays, combinée à des lois, des incitations et des programmes adaptés, offre des conditions propices à l’initiative privée”, a-t-elle affirmé.

Dans ce même cadre, la ministre a salué les efforts du ministère du Commerce et du Développement des Exportations pour protéger le tissu économique national contre les menaces, notamment à travers des mécanismes de défense commerciale et la révision des accords commerciaux bilatéraux.

En ce qui concerne le choix de cette thématique, la ministre a souligné l’importance de comprendre et d’analyser en profondeur ce dilemme ancien, mais nouveau, et d’unifier les efforts pour contrer ou canaliser les activités informelles de manière légale.

“La complexité bureaucratique a été identifiée comme l’une des principales raisons poussant les individus à s’engager dans des activités informelles. Pour ce faire, le gouvernement s’efforce de simplifier les procédures administratives, numériser les services publics et décentraliser la prestation de services administratifs pour répondre à cette problématique”, a-t-elle souligné.

Par ailleurs, des initiatives visant à réduire le commerce non réglementé ont été évoquées, notamment le développement des canaux de distribution, la création de marchés structurés, et l’intégration des technologies modernes dans la surveillance des transactions.

Ben Rejeb a aussi souligné l’importance de la numérisation dans la réduction des activités informelles, citant des projets tels que la numérisation des procédures d’exportation et d’importation, ainsi que la création d’une plateforme en ligne fournissant des informations sur les opérations commerciales.

En guise de conclusion, la ministre a mis en avant l’importance des réformes à long terme, notamment dans l’éducation, pour élever le niveau intellectuel et réduire les risques liés à l’engagement dans le secteur informel. Elle a appelé à la collaboration de tous les secteurs sociaux et professionnels pour contribuer à l’établissement d’un avenir prospère pour le pays.

 

M.BB

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