En partenariat avec les ministères de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique et de l’Industrie, des Mines et de l’Energie, l’Institut National de la Normalisation et de la Propriété Industrielle (INNORPI), l’Agence Nationale de la Promotion et de la Recherche Scientifique (ANPR) et l’Association Tunisienne de la Recherche Scientifique et l’innovation et la Propriété Intellectuelle (ATRSIPI), l’Agence de Promotion de l’Industrie et de l’Innovation (APII) organise la 3ème édition du concours national de l’invention. La cérémonie de remise des prix aux lauréats de ce concours se déroulera en marge du 2ème Salon International des Inventeurs Méditerranéens qui se tiendra à Tunis les 27 et 28 août 2022.
Neila Chtourou, Directrice de la Direction de Coordination et de Développement régional à l’APII a déclaré, dans un entretien accordé à Réalités que « les candidats inventeurs présélectionnés de chaque catégorie (Inventeur indépendant et institutionnel) auront des trophées et des attestations.Les 3 premiers lauréats nationaux de chaque catégorie, soit au total 6 lauréats nationaux auront respectivement selon leur rang (1er prix : 10,000 DT, 2ème prix : 7,000 DT et 3ème prix : 5,000 DT). Ils bénéficieront, en outre, d’un coaching adapté à leurs besoins, de la prise en charge du premier lauréat de chaque catégorie pour la participation à un salon ou à une conférence internationale d’innovation ou d’invention proposée par l’APII et d’une page publicitaire sur les supports de communication édités par l’APII ».
Elle a par ailleurs indiqué que « l’objectif de cette nouvelle édition du concours national de l’invention vise à stimuler les inventeurs et chercheurs, entreprises, établissements universitaires, centres techniques, centres de formation professionnelle, laboratoires ou unités de recherche, publics ou privés, associations, organismes et instituts privés et d’Etat à présenter et valoriser leurs inventions auprès d’un large public ». Elle a, également, précisé qu’il s’agit de « les encourager à s’inscrire dans des démarches de concrétisation de leurs inventions, inciter les titulaires des inventions à exploiter leurs brevets d’invention, contribuer au développement technologique et à la promotion de la recherche et de l’innovation et diffuser la culture de la valorisation de l’invention ».
« Nous voulons via le salon de l’invention, encourager la création de startups, valoriser les ressources humaines et contribuer au développement des entreprises à l’échelle internationale. Plusieurs compétences tunisiennes sont déjà reconnues à l’échelle internationale », estime Neila Chtourou, citant le projet de lancement du premier satellite made in Tunisia « Challenge One » dans les locaux de TelNet, la société privée tunisienne d’aérospatiale et de télécommunications,« Un projet qui a donné un signal très fort à la communauté scientifique nationale », selon ses dires.
Par ailleurs, Neila Chtourou a déploré l’absence d’une entité ou d’une plateforme qui rassemble toutes les parties concernées en partant de l’idée à la création de la startup. «Malheureusement, c’est la culture entrepreneuriale qui nous manque. Nous n’avons pas de structure qui travaille simultanément sur la recherche scientifique, l’innovation, l’invention et l’industrialisation », regrette-t-elle.
Elle a tenu, dans ce cadre, à rappeler la création en 2010, du centre d’innovation et de développement technologique relevant de l’APII. Ce dernier a contribué à la promotion de la culture de l’innovation et à développer une synergie entre les acteurs de l’innovation. Ceci a été mis en œuvre à travers l’organisation de plusieurs événements à l’instar des salons de l’innovation, du Concours National de l’Innovation depuis 2014, des Journées Nationales de transfert de technologie en 2016 et 2018, du salon de l’industrie 4.0 « Smart Industrie » en 2017 et 2020.
Mais ceci reste insuffisant. « Nous n’avons pas vraiment atteint les objectifs en termes d’innovation, de développement des entreprises tunisiennes et de valorisation de la recherche scientifique.C’est tout un système qui doit changer. Il faut fournir les ressources financières et les mécanismes de financement de l’entreprise pour passer de la phase de l’idée à la phase du projet», a-t-elle stipulé.
« Nous devons aller de l’avant. Notre vision à l’APII ne se limite pas à l’organisation d’un concours ou l’attribution de primes, qui ne témoignent pas la vraie valeur du parcours de l’inventeur ou de l’entreprise. Bien au contraire, nous devons instaurer un climat favorable au projet jusqu’à créer une entité réelle et juridiquement constituée», a-telle encore précisé.
Elle a rappelé que lors de la première édition de ce concours qui a eu lieu en 2016, plusde 300 participants se sont inscrits sur le portail électronique de l’APII, avant de souligner que le nombre de participants a toutefois baissé lors de la 2ème édition de ce concours qui a eu lieu en 2019, expliquant cela par le phénomène de la fuite des cerveaux et l’intention des inventeurs de se développer à l’international. « C’est déjà l’une des raisons ayant poussé l’APII à réfléchir autrement pour que cette 3ème édition soit différente. D’où l’idée de créer une manifestation internationale en Tunisie. Les 10 premiers lauréats des deux catégories (indépendant et institutionnel) vont participer à une compétition internationale qui sera organisée en Tunisie. 10 pays étrangers y seront présents dont la France, la Jordanie, la Syrie,l’Egypte, le Maroc et l’Algérie», a-t-elle manifesté.
L’inscription et le retrait des dossiers de candidature via le lien web, dédié à ce concours, a démarré depuis le 8 novembre 2021 et se poursuivra jusqu’au 6 mai 2022, date de clôture des dépôts physiques des dossiers de candidature auprès des Directions régionales de l’APII : «Nous sommes en pleine campagne de sensibilisation et d’informations dans les 24 gouvernorats jusqu’au 28 mars 2022. Nous avons commencé par des visites aux centres de recherches de Borj Cedria, à la Fondation ATLAS et à l’INSAT » a affirmé Neila Chtourou.
Interrogée sur les entraves, Neila Chtourou a évoqué l’absence de culture entrepreneuriale, la difficulté de se développer à l’échelle internationale, l’absence de suivi après le concours et l’absence de ressources de financement pour les projets. «L’Etat doit réfléchir à créer l’environnement propice afin d’accompagner et de retenir ces inventeurs. Il doit leur fournir l’appui et l’encadrement nécessaire et surtout le soutien financier dédié à l’innovation et à l’invention. Nous n’avons pas en Tunisie de fonds ni pour l’innovation ni pour l’invention. Nous avons quelques initiatives mais le rythme est trop lent et ne peut pas satisfaire l’accélération technologique et répondre aux demandes des inventeurs », a souligné Neila Chtourou, avant d’ajouter« l’Etat doit investir dans ces projets et pourquoi ne pas devenir un partenaire. Ces projets qui sont soumis à un processus de sélection et de pilotage très rigoureux, s’ils commencent la production, l’Etat sera certainement gagnant », a-t-elle ajouté.
Propos recueillis par
Khadija Taboubi