C'était le 23 juillet 2014 sur la scène du festival de Carthage, les gladiateurs du rap marseillais avaient décidé de livrer un combat épique façon rap dans la fosse aux lions chroniques de l’album et du concert.
Dur à croire ? Ce n’est pas peu dire, alors qu’IAM fête ses 24 ans cette année. C’est bien connu que les polémiques les démangent, que les injustices les inspirent, que les rimes sont leur moyen de communiquer. Le rap n’est pas une seconde nature chez IAM, c’est leur nature. Alors raccrocher le mic’ après une carrière aussi brillante que chaotique à certains moments, c’est dur à croire.
Et quand on gratte un peu, on apprend qu’IAM arrive tout simplement en fin de contrat avec Universal et que le collectif n’en signera pas un autre avec la maison de disque. Imhotep dit à ce propos : « on continuera de travailler sur des projets différents, des spectacles à partir duquel on pourra extraire un disque. Pour l’instant, c’est notre dernier album sous cette forme ». (Extrait d’une entrevue dans Metronews). Ouf. Rien d’alarmant.
L’enjeu est une question de paperasse et d’argent, mais IAM ne compte pas rendre les armes. S’il y a bien une chose de sûre, c’est que le collectif marseillais est loin d’avoir dit son dernier mot. Les spectacles continuent, les albums suivront éventuellement.
Que dire de l’opus …IAM ?
Une fois de plus, si on gratte un peu, on se rend compte que les morceaux de l’album sont les restes de l’enregistrement d’Arts Martiens. Le groupe avait composé 43 titres pour leur album de retour, pour au final n’en choisir que 17. IAM a donc utilisé du matériel qu’il avait déjà enregistré.
L’opus fait honneur à la réputation du collectif et aborde des thèmes qui lui sont chers. Les samouraïs reviennent évidemment sur leur formation, leur rap, avec Renaissance, Médailles et Si j’avais 20 Ans, ainsi que le rejet, la délinquance, le racisme, avec Ouais C’est Ça, Que Fait La Police et Dans Nos Boots. Le groupe livre aussi un rap plus léger avec Artificielle (qui rappelle en un sens Elle donne son corps avant son nom) ou C_A_S_H.
Chapeau bas à Kheops avec ses instrumentaux toujours aussi soignés. À l’instar de Renaissanceou Poudre de Brique Rouge avec leurs sonorités jazzy, ou avec Peines Profondes et À Nos Boots dont la mélodie tranche avec la plume acerbe des rappeurs.
En quelques mots, l’opus s’écoute bien, même très bien. Toutefois, il sonne effectivement comme les restants d’Arts Martiens, à l’image du petit album placé juste avant la fin du contrat. D’où ce doute extrême quant au fait que cet opus sera le dernier d’IAM. Connaissant la bougeotte du collectif marseillais, l’envie d’écrire et de composer ne tardera pas à les démanger de nouveau
Et sur scène ?
Le groupe de Rap IAM s’est performé sur la scène du théâtre antique pour le 23 juillet Ce concert d’IAM pour le Festival de Carthage ressemblait à un rendez-vous pour les anciens. Sur L’école du micro d’argent, les fans ont agité les mains de bas en haut. Certains plissent les yeux et se mordillent la lèvre comme pour savourer ces tubes d’autrefois. “Ces derniers temps c’est dur en France” prononce Akhenaton. D’emblée, on entend “FN” dans le public qui rejette la faute sur le parti. IAM interprète sa récente chanson Spartiate Spirit : “Toujours là ouais, toujours là”.Le clip Spartiate Spirit d’IAM a été dévoilé sur melty.fr. Devant la scène, face au public, les vigiles surveillent avec un œil de lynx et manquent le meilleur. “Jusqu’à la fin on lâche rien” ordonne le groupe. Le défi est lancé, les festivaliers jouent le jeu. Un gros ballon vert pomme sort d’on ne sait où pendant le morceau Sombre Manoeuvre. Akhenaton et Shurik’n se mettent en scène, chacun assis autour d’une table avec le clip en fond mural.
IAM a fêté ses 20 ans. “25 ans… On en a mis du temps. On a attendu mais ça valait la peine.”souffle Akhenaton. Puis il remet le couvert sur l’altération de la France : “La France se dégrade. J’pense pas à demain car demain c’est loin !”. Les fans se réjouissent. Le groupe s’assoit sur un banc blanc et alors que Shurik’n rappe un moment seul, Akhenaton donne un coup d’épaule à Saïd. On lit sur son visage qu’il est content d’être là, devant le public tunisien, avec son équipe, comme au bon vieux temps.
Farouk Bahri