Un espace dans l’un des hôtels de Tunis, décoré par les couleurs conjuguées du pays du Jasmin et du Soleil-Levant, et quelques heures, pour conter les récits de la longue histoire de l’agence de coopération internationale du Japon (JICA) en Tunisie. Ce fut le défi des intervenants de la conférence de presse célébrant le 50ᵉ anniversaire de la présence de la JICA en Tunisie, ce vendredi 25 avril.
Un demi-siècle d’échanges entre les deux nations, initiés en 1975, par l’arrivée des premiers volontaires japonais en Tunisie. Cinq décennies d’aventures humaines et de partage culturel. Mais aussi et surtout, cinquante années de coopération technique et financière.
Par le passé : des projets structurants pour la Tunisie
« Depuis 1975, la JICA a élargi les moyens et le champ d’activité, la coopération technique à travers les programmes de formation des experts tunisiens au Japon et l’envoi des experts japonais en Tunisie, ainsi que la coopération financière avec les dons et les prêts […] Et ceci dans l’objectif de développer des infrastructures, ainsi que de renforcer des capacités humaines et institutionnelles dans divers secteurs. », a rappelé l’ambassadeur du Japon en Tunisie, Takeshi Osuga.

Takeshi Osuga, ambassadeur du Japon en Tunisie
Les réalisations sont nombreuses, notamment dans le domaine des transports, à travers la réalisation de « projets phares comme le pont Radès – La Goulette, ou l’autoroute Gabès – Médenine », selon les mots d’Emna Araar, directrice de la coopération bilatérale au ministère de l’Économie et de la Planification. Le premier, mis en exploitation en 2009, accueille quotidiennement plus de 30 000 véhicules, et permet de relier les rives nord et sud du lac de Tunis. Le second projet, achevé en 2023, entend développer économiquement les régions du Sud, notamment en permettant une liaison rapide entre la capitale et les grandes villes de la zone comme Djerba et Zarzis. Le signe d’une volonté d’investir dans le développement, même si la majorité des volontaires japonais déployés en Tunisie se trouvent dans la capitale.

Image de l’autoroute Gabès – Médenine
« Ce sont des projets qui profitent directement aux citoyens », a affirmé Slim Ghariani, directeur général des relations avec l’Asie, l’Océanie et les organisations asiatiques, au sein du ministère des Affaires étrangères. Pour preuve, il s’est appuyé sur l’exemple de la station de dessalement d’eau de mer de Sfax, opérationnelle depuis 2024, et ayant une capacité de production d’eau potable comprise entre 100 000 et 250 000 mètres cubes par jour : « La pénurie d’eau frappait durement Sfax. Mais, grâce à la station de dessalement, les besoins de la ville sont presque tous satisfaits. Et il sera peut-être possible d’exporter de l’eau potable aux habitants des régions voisines. »
Et d’ajouter : « La Tunisie est un petit pays qui n’a pas de grandes ressources. Il a donc besoin de l’appui, de l’assistance de pays amis, et le Japon en est un. » Sur la question de la gestion de l’eau, l’aide proposée par le Japon est un des piliers essentiels pour lutter contre le stress hydrique qui touche la Tunisie. Le constat se vérifie dans le domaine de l’énergie, avec la construction de deux centrales électriques à Radès en 1987 et 2019, qui, combinées, représentent plus de 10 % de l’électricité produite par la STEG.

Slim Ghariani, directeur général des relations avec l’Asie, l’Océanie et les organisations asiatiques, au sein du ministère des affaires étrangères
Mais la Tunisie ne fait pas que recevoir, et pourvoit également de l’aide, notamment depuis la tenue de « la TICAD 8 en 2022, qui a initié une dynamique de coopération triangulaire, où le Japon et la Tunisie se rassemblent pour favoriser le développement d’autres pays africains », comme souligné par Takeshi Osuga. Le symbole le plus récent de cette dynamique se trouve dans le lancement du projet “Cardiologie pour l’Afrique”, initiative conjointe de la JICA et du gouvernement tunisien, axée sur la formation des professionnels d’Afrique francophone dans ce secteur médical.
« Ce jour est certainement l’occasion de revenir sur les réalisations et réussites, mais aussi et surtout de se projeter vers l’avenir. », conclut Emna Araar.
Dans l’avenir : de nouveaux projets et une coopération renforcée
« Au total, cinq nouveaux projets de coopération technique sont en cours de réalisation : un projet de réduction des eaux non facturées dans la région du Grand Sfax, un projet de promotion de l’amélioration de la productivité et de la qualité, dans le cadre de la phase III du programme Kaizen, un projet d’approvisionnement bas carbone et stable du système électrique, un projet d’entretien des ponts, et enfin un projet de mobilité urbaine », a indiqué Miyata Mayumi, Représentante de la JICA en Tunisie, répondant à une question de Réalités Online.
Des réalisations ambitieuses, notamment le dernier, qui, depuis la signature du procès-verbal en octobre 2024, se donne trois ans pour établir un plan directeur de la mobilité urbaine sur le Grand Tunis. L’objectif étant de trouver une résolution aux problèmes de congestion des liaisons à l’horizon 2040. « L’essentiel concernant ce projet, c’est qu’il ne s’agit pas de financer la construction d’une infrastructure mais de définir un plan opérationnel pour assurer dans le futur un aménagement efficace du transport en Tunisie », a ajouté en ce sens l’ambassadeur du Japon en Tunisie.

Image de la rencontre entre Takeshi Osuga et le ministre de l’économie et de la planification, Samir Adbelhafidh
Que ce soit à travers les nouveaux projets pilotés par la JICA ou par le biais des rencontres entre autorités des deux nations, les relations bilatérales entre la Tunisie et le Japon promettent de s’accroître. En témoignent les entretiens récents de Takeshi Osuga avec de nombreux représentants des autorités tunisiennes, à l’instar de l’échange qu’il a mené avec le ministre de l’Intérieur Khaled Nouri le 21 avril dernier, dans le but de renforcer la coopération sur le plan sécuritaire. Le même jour, il s’est également entretenu avec le ministre de l’Économie et de la Planification Samir Abdelhafidh. Le lendemain, un communiqué du ministère a révélé que cet échange avait permis de souligner « l’importance de travailler […] pour compléter les préparatifs de l’accord de protection et de promotion des investissements entre les deux pays. »