5ème Forum International de la Santé Numérique: ‘‘Télémédecine et santé numérique, du concept à la pratique’’

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Le coup d’envoi de la 5e édition du Forum international de la santé numérique a été donné vendredi 28 février 2020 à Hammamet sous le thème «  Télémédecine et santé numérique, du concept à la pratique ».

Organisé par le Forum international de Réalités et la Société tunisienne de télémédecine et e-santé, ce forum a vu la présence de centaines d’experts et de professionnels du secteur de la santé ainsi que de députés et d’anciens ministres.

Lors de son allocution de bienvenue, Taïeb Zahar, président du Forum international de Réalités s’est félicité de l’organisation de ce forum pour la 5e année consécutive,  affirmant que cet événement annuel se veut un espace d’échanges permettant de débattre des différentes problématiques liées au domaine de la santé numérique et un laboratoire d’idées cherchant à affiner les futures stratégies de développement de ce secteur.

Taïeb Zahar a noté que cette nouvelle édition a coïncidé avec la mise en place d’un nouveau gouvernement, mais également avec les préparatifs pour la tenue en Tunisie au mois de décembre prochain du sommet de la Francophonie. Une façon pour rappeler les défis majeurs auxquels font actuellement face le secteur de la santé en général et celui de la santé numérique en particulier, d’autant plus que la digitalisation a été fixée comme thème principal du prochain sommet de la Francophonie. « En Tunisie, nous avons très tôt pris conscience que la digitalisation du secteur représente un des piliers majeurs à même de réformer le système de santé du pays, réaliser la démocratie sanitaire, lutter contre les inégalités régionales et sociales, améliorer la qualité des services de soins, faits qui auraient un impact sur la promotion de l’export des services de santé et qui permettraient de renforcer le positionnement de la Tunisie en tant que destination phare du tourisme médical pouvant jouer le rôle de hub maghrébin, voire africain de santé numérique», a-t-il noté. Et d’ajouter :  « Certes, le manque de volonté politique a fait que l’on a pris un peu de retard, mais tout reste possible. Nous avons les moyens, nous avons les compétences et nous avons le savoir-faire… Nous avons l’ambition, à travers l’organisation de ce forum international annuel, d’aider à  mettre  la Tunisie  dans le peloton de tête des pays les plus avancés dans le domaine médical, parce que nous sommes convaincus qu’elle en a les moyens ».

De son  côté, Aziz El Matri, président de la Société tunisienne de télémédecine et e-santé, a indiqué que l’organisation conjointe de ce forum depuis 2016 a permis de rallier l’apport d’une association scientifique au savoir-faire logistique et médiatique du Groupe Réalités.

Il a également noté que cette 5e édition a le privilège de coïncider avec le 100e anniversaire de la télémédecine dans le monde et le 20e anniversaire de l’Association tunisienne de télémédecine qui est considérée comme l›une des plus vieilles associations de télémédecine en Afrique et au Moyen-Orient.  Cette nouvelle édition coïncide également avec l’apparition d’une nouvelle réglementation de la télémédecine (fin 2019), qui donne un caractère officiel à la télémedecine en Tunisie. « Ce forum se tient cette année alors que de grands projets de télémédecine sont en train de se concrétiser dans le pays, d’où le choix du thème de cette nouvelle édition.  Ainsi, 5 projets territoriaux de télémédecine sont en cours de réalisation dans les structures du ministère de la Santé. En outre, 12 projets prioritaires pour l’introduction du système d’information hospitalière ont été budgétés et ont déjà démarré. Ces projets doivent se concrétiser au cours de cette année. La collaboration de l’Agence française de développement a permis de prévoir un budget de plus de 95 millions de dinars (32 millions d’euros) sous forme d’aide et de crédit. Ce qui est important, c’est qu’il y a un budget pour la réalisation et la concrétisation de ces projets, ce qui n’était pas le cas lors des années précédentes », a-t-il noté.

Aziz El Matri a fini par présenter brièvement le programme de ce forum qui comporte plusieurs conférences et tables rondes quant à l’histoire de la télémédecine dans le monde, l’intelligence artificielle, la pratique de la téléconsultation, les aspects éthique et juridique, la formation et la recherche dans la santé numérique, le rôle des opérateurs publics et privés, ainsi que celui de la société civile.

Il a également tenu à remercier l’ensemble des intervenants maghrébins, africains, subsahariens et européens, d’avoir pris part à ce forum tout en souhaitant que ce dernier permette de débattre de la coopération Sud-Sud et Nord-Sud et plus particulièrement dans l’espace francophone.

Dans ce même ordre d’idées, Nourredine Bouzouya, président du comité scientifique du Forum international de la santé numérique  a considéré que ce forum qui vient de souffler sa 5e bougie, a permis à ses protagonistes qui ont peu d’occasions de travailler ensemble, de construire un système d’information de santé et de surmonter à l’unisson les  obstacles dont notamment ceux au niveau des projets de coopération public-privé.

Par ailleurs, il a noté que le programme de cette année s’annonce très riche, s’articulant autour de plusieurs thèmes d’actualité. « Le programme de cette nouvelle édition se veut diversifié, abordant les textes juridiques, la pratique de la télémédecine, la  formation, la  recherche de l’innovation et le mot-clé à relever, c’est la collaboration. Depuis 5 ans, nous essayons de mettre en place une tribune pour dresser l’état des lieux du secteur de l’information en Tunisie, et chaque année, on essaye de faire le point sur ce qui a été fait et réalisé au cours de l’année précédente. Et c’est pour cela que nous avons veillé à faire participer à ce forum dans une démarche participative, les juristes, les officiels, les académiciens, les professionnels de la santé de tous bords et de toutes spécialités confondues et d’intervenants de pays frères et amis », a-t-il conclu.

Jane Wallace, représentante de l’OMS: « Tout seuls, on ne pourra jamais réussir »

Animant la conférence de la séance inaugurale de la 5e édition du Forum international de la santé numérique sous le thème stratégie globale sur la santé numérique de l’Organisation mondiale de la santé, et son appui aux pays du Sud, Jane Wallas a passé en revue les efforts fournis par l’OMS à l’échelle internationale pour mettre les nouvelles technologies numériques au service de la santé et donc, pour  offrir à la population mondiale, même celle des pays les moins développés, un meilleur accès aux services de santé. Elle commence sa conférence en ayant recours à la technique du storytelling pour relater l’histoire de Myriam,  la jeune femme sénégalaise qui souffre de diabète et qui utilise l’application M diabète mise en place par l’OMS. Après inscription au service, Myriam reçoit par SMS des informations de sensibilisation  et des conseils pour mieux gérer sa maladie au quotidien.

Jane Wallace passe ensuite en revue la stratégie globale qui est en train d’être mise en place par l’OMS pour développer la santé numérique à l’échelle mondiale.

« L’OMS est en train de développer une stratégie globale ayant pour objectif d’améliorer la santé de chacun partout, en accélérant l’élaboration et l’adoption de stratégies de santé numérique adaptées ». Elle précise que cette stratégie est conçue selon 4 axes, à savoir :

*Promouvoir la collaboration à l’échelle mondiale et faire progresser le transfert de connaissances à propos de la santé numérique.

*Renforcer la gouvernance de la santé numérique aux niveaux mondial, régional et national.

*Plaider pour des systèmes de santé centrés sur la personne dans lesquels la santé numérique jouerait un rôle catalyseur. Pour les professionnels de la santé, il est nécessaire d’identifier les compétences de base qui pourraient figurer sur des programmes d’enseignement. L’OMS est en train de bâtir une académie qui aura des capacités de formation à distance, utilisant de nouvelles techniques comme les enseignants virtuels. Pour les citoyens, il faut un cadre éthique afin de renforcer la confiance en termes de protection de leurs données personnelles. La mise en place d’une sorte de culture numérique s’impose.

*Faire avancer, enfin, la mise en œuvre des stratégies de santé nationales. Il faut soutenir les pays pour les aider à développer leurs stratégies en matière de santé numérique. Cela existe déjà en Tunisie, mais pas dans tous les pays. Il faut aussi choisir des priorités d’investissement selon les stratégies.

De ce fait, Jane Wallace considère qu’il faut mettre en place une plate-forme d’enregistrement, faisant le point quant à l’état d’avancement des projets et initiatives en matière de santé numérique à travers le monde. « Il faut évaluer ce que l’on a fait, ce qui a été réalisé, ce qui a bien marché, le coût de ces projets… Cette plate-forme servira de référence pour les autres pays », a-t-elle noté.

Elle a ajouté qu’il faut également soutenir l’implémentation et accompagner les projets et initiatives, étape par étape, en fonction des besoins et du contexte de chaque pays.

« Mais tout seuls on ne pourra jamais réussir. L’élaboration de cette stratégie a révélé les problèmes à résoudre et les solutions qu’on doit mettre en place ensemble. L’OMS peut identifier des lacunes criantes mais sans se consulter, on ne peut pas être sûrs de dresser les problèmes prioritaires des pays. Ensemble, nous pouvons développer des politiques, des systèmes  et des outils durables et évolutifs. Ainsi Myriam, qui peut continuer à utiliser l’application M diabète, pourrait également avoir accès à des médicaments vérifiés comme vrais grâce à la chaîne des blocks,  à de nouvelles techniques et services de santé livrés localement et elle pourrait également avoir ses radios lues via l’intelligence artificielle… Pour réussir et faire avancer la santé numérique dans le monde, il faut que nous tous, les secteurs publics et privés, travaillions ensemble dans la même direction. D’où l’importance de ce type de forums et de rencontres qui nous permettent de partager nos idées, expériences et défis et nous renforcer pour agir plus efficacement sur le secteur de la santé. Nous devrons nous assurer que la révolution de la santé numérique aura un impact positif sur le monde entier et ne laissera personne à l’écart », a-t-elle conclu.

Pour plus de détails sur les différentes séances de la 5ème édition du Forum, télécharger la copie PDF ici: Réalités-1784

 

 

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