Des pourparlers de paix interlibyens ont été repris jeudi 10 septembre 2015 dans la station balnéaire marocaine de Skhirat, près de Rabat. L’objectif de ces discussions est de trouver un accord politique relatif à la mise en place, en Libye, d’un gouvernement d’union nationale. Cet accord devrait être signé le 20 septembre 2015 à Genève.
La situation chaotique que connait ce pays préoccupe, de plus en plus la région, mais aussi le monde entier. En effet, quatre ans de guerre sont déjà passés. Et la situation ne cesse d’empirer.
En effet, aucun signe de détente n’a été encore enregistré. Le Pays semble sombrer dans le chaos chaque jour encore plus.
Deux gouvernements rivaux. De nombreux groupes armés dirigés par des terroristes dangereux. Et une intervention internationale envisagée. Les données se sont multipliées et la situation s’est beaucoup compliquée. On n’arrive plus à comprendre ce qui se passe dans ce pays. Dans cette perspective, Réalités Online a eu recours au docteur Moncef Ouannès, professeur à l’université de Tunis, auteur du livre ‘Militaires, Élites et Modernisation dans la Libye contemporaine’ et l’un des rares spécialistes de la Libye pour éclaircir nos lecteurs sur les détails de la crise libyenne.
1) Quelles sont les factions qui combattent actuellement en Libye ?
Fajr Libya : Les brigades de Fajr Libya étendent leur contrôle sur le centre de Tripoli. Les combattants de cette faction sont islamistes de référence. Radicalistes alliés au Groupe islamique combattant en Libye (GIGL, Al-Jama’a al-Islamiyyah al-Muqatilah bi-Libya), ils dominent actuellement toute la région Tripolitaine en installant leur propre gouvernement et leur propre Assemblée.
L’Armée Al Karama (Dignité) : Cette opération lancée par le général-major retraité de l’armée Libyenne, Khalifa Haftar (72 ans) contre les milices islamistes dans la ville de Benghazi, a su réunir derrière elle plusieurs anciens officiers volontaires. Elle est composée d’une armée appelée « l’armée des tribus », dirigée par un ancien ministre libyen des finances. Cette faction est appuyée par le gouvernement reconnu par la communauté internationale.
L’Etat Islamique (Daech) : C’est une faction terroriste implantée dans la grande Sirte . Elle domine plusieurs autres villes et villages dont notamment la ville de Derna et la ville Surman, située dans le nord-ouest du pays, à proximité de la côte méditerranéenne, à environ 40 kilomètres de la frontière tunisienne.
2) Pourquoi ces factions se combattent-elles ?
Les milice sont prêtes à tout pour contrôler et dominer tout le territoire Libyen tout en attirant le plus grand nombre de sympathisants. Elles tentent toutes de s’emparer du pouvoir et des richesses du pays.
3) Quelle est la faction la plus puissante?
Toutes les milices qui combattent actuellement en Libye possèdent d’importants moyens pour réussir la guerre qu’elles mènent. Cependant, du point de vue armement et popularité, Daech s’avère la plus puissante. En effet, elle compte déjà plus de 12 mille combattants. Elle serait en mesure de dominer toute la Libye en très peu de temps.
Cette organisation terroriste a su réunir derrière elle un très grand nombre de sympathisants. Ce sont, dans la plupart des cas, les habitants des régions marginalisées depuis des décennies. Ces citoyens sont tous enclins à se révolter contre cette situation.
4) Quelles sont les régions les plus stables en Libye ?
On ne peut pas parler de stabilité en Libye. Toutes les régions sont contrôlées par des groupes armés. Elles sont donc toutes instables. Elles sont minées par ce conflit. Même les régions du sud, frontalières avec le Niger, le Tchad et le Soudan, sont très déstabilisées par les combats que mènent les groupes rebelles touaregs. Ainsi, on pourrait craindre une deuxième guerre civile.
5) L’Etat Islamique pourrait-il constituer un danger pour la Tunisie ?
Certainement. Daech représente un grand danger pour la stabilité de la région et particulièrement celle de la Tunisie. Cette organisation terroriste contrôle déjà la ville Surman, située dans le nord-ouest du pays à environ 40 kilomètres de la frontière tunisienne.
Forte de tous les moyens matériels et humains (Armes et 12 milles combattants), Daech pourrait, dans une période proche, dominer toute la région de Tripoli. Par la suite, elle sera certainement tentée d’envahir le sud tunisien et de remonter vers les autres régions de la Tunisie.
A moins d’un un miracle, l’Etat Islamique constitue un grand danger pour la sécurité en Tunisie.
6) Quelles solutions pour faire face à ce danger ?
Pour faire face au danger que représente l’État Islamique pour la stabilité de toute la région, il faudrait tout d’abord exercer des pressions pour que les libyens acceptent le principe du dialogue entre eux.
Ensuite, La Libye devrait penser à une alliance avec certains pays de la région dont notamment l’Egypte et ce, en vue de combattre l’EI.
Enfin, La Libye aurait besoin de s’engager dans un dialogue avec les USA, la Turquie, la France et les pays du Golfe dont notamment les Emirats Arabes Unis et le Qatar. En effet, la clé de la crise libyenne est entre les mains du Qatar et de l’Arabie Saoudite. Une logique de paix devrait être retrouvée en vue de mettre fin à cette guerre.