60% des Tunisiens sont contre la marginalisation

Le Baromètre africain sur le rôle et les progrès des femmes en Tunisie, Afrique du Nord et Afrique subsaharienne a rendu public ses résultats annuels, jeudi 27 mars 2014. Focus sur les avancées, et reculs, à propos de la place de la femme tunisienne dans la vie citoyenne, sociale, politique et professionnelle. 

L'Afrobaromètre, projet de recherche indépendant visant à mesurer l’atmosphère sociale, politique et économique de différents pays, a publié la semaine dernière les résultats d’une étude réalisée sur 1200 citoyens tunisiens. Objet : la femme, son rôle et sa position dans différents domaines de la vie sociétale. 

Femmes et engagement politique

La femme tunisienne est moins intéressée par la politique que l’homme. Elle participe également moins aux événements et aux regroupements. Selon l’étude, 22,7 % des femmes se disent « très intéressées » par la politique. Les hommes,  36,5%. Sur la même thématique, 5,7% des femmes affirment participer à des marches et des manifestations, contre 18,1% pour les hommes. En termes de liberté d’engagement, 80,4%, des femmes interrogées jugent que leur liberté est totale, alors que les hommes partageant le même avis représentent 83,4%. Par ailleurs, 48,5% des femmes  ne craignent pas d’être les victimes d’intimidation politique, alors que 57,5%, des hommes disent subir ce type de pression.

Femmes et leadership

L’accès de la femme tunisienne aux postes de leaders se heurte à une opposition non négligeable : 4 sur 10 personnes sont contre l’accès de la femme au leadership. Néanmoins et, selon l’étude,  plus de 60% des Tunisiens sont contre la marginalisation de la femme dans les instances élues, cela sous-entend donc que près de 40%  des Tunisiens sont pour l’exclusion de la femme de la vie politique. À la question «la femme peut-elle devenir Premier ministre ou présidente d’un État musulman ?» Plus de 55% des sondés ont répondu “oui”.

Femmes et système éducatif

La majorité des Tunisiens soutient l’enfant le plus apte à réussir dans les études. Près de 10% sont pour la discrimination à l’égard des filles, si les fonds alloués à l’éducation sont limités. Chiffre marquant de cette étude : 21,9% sont pour la priorisation des garçons dans l’accès à la scolarisation, en cas de pénurie des fonds. Ces derniers étant considérés comme les «plus aptes à réussir».

Femmes et employabilité

80,7% des Tunisiens interrogés sont pour l’égalité des chances entre hommes et femmes dans l’accès au travail en Tunisie. A la question : «À votre avis, à quelle fréquence, les femmes sont traitées  d’une façon inégale par les employeurs ?» En comparaison avec les hommes, près de 60% des sondés trouvent que la femme est traitée d’une façon inégale par rapport à l’homme.

Femmes et liberté d’expression

Une majorité des Tunisiennes trouvent qu’elles ont la liberté de s’exprimer.  Un score légèrement plus élevé chez leurs homologues masculins. Si 72% des femmes estiment bénéficier de la liberté d’expression, ce pourcentage s’élève à 75,3% chez les hommes.

Femmes et égalité judiciaire

L’avis des Tunisiens est mitigé concernant l’équité envers les femmes devant la police et les tribunaux. À la question : «À votre avis, à quelle fréquence, les femmes sont  traitées d’une façon inégale par la police et les tribunaux en Tunisie?», 50% des Tunisiens trouvent que la femme subit une discrimination devant les tribunaux et la police.  Concernant le divorce, la majorité des Tunisiens sont pour l’égalité dans la décision de séparation, ainsi, près de 25% refusent l’idée que la femme puisse décider de divorcer.  La plupart des Tunisiens n’est pas pour l’égalité des sexes dans l’héritage. Plus surprenant, les femmes, elles-mêmes, ne soutiennent pas cette égalité.

Céline Masfrand

 

 

La place de la femme en Tunisie comparée avec 34 autres pays africains : 

– 6e sur 34 au niveau de la non priorisation des garçons sur les filles si le budget de la scolarité était limité

– 4e sur 34 au niveau de l’iniquité de traitement par l’employeur

– 5e sur 34 au niveau de l’iniquité de traitement  par la police et les tribunaux

– 3e pays qui considère que le gouvernement ne fait pas assez d’efforts pour  l’émancipation de la femme

– 9e sur 34 pour l’iniquité au niveau de l’héritage

– 6e sur 34 affichant les taux d’intimidation les plus élevés, envers les femmes

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