Pas moins de 615 bâtiments menaçant ruine ont été recensés dans le périmètre de la municipalité de Sfax à la fin de l’année 2024, selon les résultats d’un diagnostic récemment mené par la commune. La majorité de ces immeubles se trouvent dans la médina, un secteur particulièrement touché par la vétusté du bâti. Pour sécuriser ou restaurer ces constructions, des crédits estimés à environ 25 millions de dinars seraient nécessaires.
En 2024, seuls 200 000 dinars ont été consacrés à ce dossier. En 2025, l’enveloppe a été portée à 2,5 millions de dinars – un montant douze fois supérieur, mais toujours largement insuffisant pour faire face à l’ampleur de la situation, comme l’a souligné à Réalités Online Adel Ben Rahouma, secrétaire général chargé de la gestion des affaires de la municipalité de Sfax.
Selon lui, le traitement du phénomène des bâtiments menaçant ruine exige une stratégie à long terme, déployée en plusieurs phases, compte tenu du volume et de la complexité des cas. En 2024, la municipalité est intervenue sur 43 immeubles présentant un danger, dont 16 ont pu faire l’objet d’un traitement définitif. Ces interventions ont pris plusieurs formes : démolition, consolidation, travaux de maintenance ou reconstruction partielle.
Au cours des trois premiers mois de 2025, le suivi de ces bâtiments a donné lieu à 70 expertises judiciaires et 95 constats, dont 20 réalisés dans la médina, selon la même source.
La loi n°33 de 2024 encadre désormais la gestion des immeubles menaçant ruine. Elle introduit plusieurs clarifications essentielles : définition des notions de réhabilitation lourde, de démolition ou d’évacuation, répartition des responsabilités entre les différentes autorités concernées, mais aussi responsabilisation des propriétaires, qui peuvent être exposés à des sanctions pénales en cas de manquements.
Le dossier des bâtiments menaçant ruine constitue aujourd’hui l’un des enjeux les plus critiques pour la municipalité et les habitants de Sfax, en raison de sa dangerosité et du nombre important d’immeubles concernés. Une commission locale de suivi a été mise en place pour traiter ce dossier : elle regroupe les représentants de la municipalité, de la délégation de Sfax, des directions régionales de l’équipement et de la protection civile, ainsi que de l’Institut national du patrimoine.
À l’échelle régionale et nationale, Sfax figure parmi les municipalités les plus concernées par cette problématique. Elle est la deuxième plus grande commune de Tunisie, tant par sa superficie que par sa population, avec près de 300 000 habitants et quelque 600 000 visiteurs quotidiens. Elle se compose de sept arrondissements municipaux : Rbadh, Hay El Habib, El Boustane, Sfax Ville, Sfax Nord, Centre Chaker et Sidi Mansour.