La Tunisie célèbre ce dimanche 14 janvier 2018 le septième anniversaire de la Révolution. Sept ans après, le constat est amer pour de nombreux tunisiens qui se sentent pris au piège par la classe politique et écrasés par la dégradation de la situation économique. Une classe politique qu’ils accusent de leur avoir confisqué leur révolution, et une situation économique marquée par une flambée des prix sans précédent et une précarité généralisée.
Le septième anniversaire de la Révolution est surtout marqué par des tensions sociales qui ont pris de l’ampleur depuis le début du mois de janvier 2018. D’ailleurs, pour ce dimanche 14 janvier 2018, plusieurs manifestations sont au programme.
Plusieurs gouvernorats, de Sidi Bouzid à Tunis, ont été le théâtre de violents affrontements entre sécuritaires et manifestants dont la principale revendication était de faire tomber la loi de Finances 2018. La bataille, rappelons-le, était politique avant de chuter dans la rue. Sous la coupole de l’Assemblée des Représentants du Peuple (ARP), l’examen du texte dans son état de projet de loi était marqué par des coups de colère de l’opposition. Des coups de colère qui n’ont finalement pas empêché le texte d’être adopté la nuit du samedi 9 décembre 2017.
Suivront ensuite les dénonciations et les condamnations d’un texte attaqué de toute part en raison des mesures fiscales qu’il comprend, mais farouchement défendu par le gouvernement d’union nationale.
Les chantiers de la Révolution
La crise sociale est là, certes, et elle résulte d’une accumulation des 7 dernières années. Néanmoins, 7 ans après la Révolution du 14 janvier 2011, la Tunisie a réussi là où d’autres voisins arabes ont échoué : une transition démocratique. Il est question, à présent et comme l’a souligné le président de la République, Béji Caïd Essebsi, de finaliser la mise en place des institutions de l’État, notamment la Cour Constitutionnelle.
L’autre point à souligner est la guerre contre la corruption, dont le coup d’envoi a été donné depuis l’arrestation de Chafik Jarraya, homme d’affaires controversé faisant actuellement l’objet d’une enquête pour atteinte à la sûreté de l’État. Les coups de filets se sont multipliés depuis cette date, visant les barons de la corruption et de la contrebande. N’oublions pas, non plus, les avancées réalisées en matière de sécurité à travers la guerre contre le terrorisme.
La Tunisie, en 7 ans, a subi 3 attentats majeurs sur son territoire : au Bardo le 18 mars 2015, à Sousse le 26 juin 2015 et à Tunis à l’avenue Mohamed V le 24 novembre 2015. De gros efforts ont été déployés par les institutions militaires et sécuritaires pour faire face au terrorisme.
Des défis sociaux, économiques et politiques à relever
2018 s’annonce plein de défis pour le gouvernement d’union nationale qui fait actuellement face à sa toute première épreuve de l’année : les contestations sociales. Pour l’heure, il semble tenir bon et affirme, par la voix de plusieurs ministres comme celui de l’Agriculture, Samir Taïeb, que la loi de Finances 2018 est nécessaire et qu’elle ne sera pas révisée. L’Exécutif est également l’objet d’un vent de critiques émanant, parfois, de son « propre camp », à savoir les signataires du Pacte de Carthage. Des partis qui s’engagent, qui s’en vont et qui reviennent comme l’Union Patriotique Libre (UPL). D’autres restent dans le Pacte mais qui se définissent comme des opposants à l’instar de Machrou3 Tounes, ou d’autres encore qui ont choisi tout simplement de quitter le Pacte, comme c’est le cas pour Afek Tounes.
Le président de la République, Béji Caïd Essebsi, a décidé de prendre de la hauteur en réunissant à deux reprises les signataires du Pacte de Carthage. La dernière réunion était celle du 13 janvier 2018, où il n’a pas manqué de lancer des piques à « certaines tendances politiques qui se réfugient auprès des médias étrangers ».
En somme, 7 ans après la Révolution, ce sont les mêmes défis auxquels la Tunisie doit faire face : stabilité sociale, redressement économique, garantie sécuritaire et, notamment, la stabilité politique. Et là encore, ce n’est pas gagné : 9 gouvernements se sont succédé, en comptant celui après le dernier remaniement Chahed 2. Il faudra trouver le juste équilibre pour pouvoir résoudre toutes ces équations.