Pour faire face à la chute vertigineuse du dinar sur le marché des changes et pour limiter le déficit de la balance commerciale avec les partenaires de la Tunisie, la Banque Centrale de Tunisie (BCT) a émis, le 19 octobre courant, la liste des produits qui seront privés de crédits bancaires à l’importation. La mesure semble courageuse, mais protectionniste. Cependant, il faut savoir que près de 90% de ces produits existent en Tunisie, parfois de meilleure qualité !
Produits esthétiques, prêt-à-porter, chaussures, lingeries, meubles, produits d’entretien, tapis, fruits – melon, orange -, pâtisseries, … brefs, autant de produits que l’on peut aisément retrouver sur le marché local. Pourtant, depuis 2011, ils ont été importés de l’étranger, et nous connaissons les conséquences d’une telle opération. Notre déficit commercial avec la Chine, à titre d’exemple, atteint aujourd’hui les 1 262 millions de dinars. Avec la Turquie, il atteint les 637 millions de dinars. De plus, les produits que nous importons à partir de ces deux pays ne sont pas nécessairement « vitaux ».
L’autre fait à souligner est que la politique protectionniste de la BCT encouragera inévitablement le commerce parallèle qui grignote d’ores et déjà, rappelons-le, près de 50% de l’économie tunisienne. Face ce fléau, des experts économiques, à l’instar de Moez Joudi, ont recommandé le changement des billets de banque. « Cela constituera une réforme audacieuse », estime ce dernier dans une déclaration au journal Chark Al Awsat.
Par ailleurs, il faut rappeler qu’une politique protectionniste ne peut être « payante » que lorsqu’une production nationale performante est en place. Quel que soit le produit qui ne profitera plus d’un crédit à l’importation, nous avons tout intérêt à en assurer la production sur le plan local. Nous avons, d’un autre côté, des avantages comparatifs dont il faut profiter, à l’instar de l’huile d’olive et des dattes. L’Exécutif l’a compris depuis longtemps et, d’ailleurs, il vise haut en termes de quantités exportées pour 2018 – plus de 300 000 tonnes pour l’huile d’olive à titre d’exemple -. Autre piste à exploiter : les sociétés offshores. La Tunisie est un pays « tertiaire », autrement dit, à dominance des services. Encourager des sociétés totalement exportatrices à s’installer en Tunisie et des entrepreneurs tunisiens à créer leur propre boîte peut apporter une valeur ajoutée à notre économie, à travers des entrées en devise et la création d’emplois. C’est un autre point sur lequel le gouvernement d’union nationale semble vouloir miser, à travers l’exonération fiscale de trois ans pour toute nouvelle entreprise exportatrice.
Il y a encore du chemin à faire, dans tous les cas.
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