L’Afrique se dresse contre le terrorisme

Cinquante délégations des services membres du Comité des Services de Renseignement et de Sécurité Africains (CISSA) y compris celui de la Tunisie se sont réunies en conclave durant la 9ème session ordinaire du CISSA, tenue à Alger du 25 au 28 juin. A l’ordre du jour, la consolidation des efforts  pour lutter contre le terrorisme, le trafic de drogues et d’armes et le blanchiment d’argent dans le Continent.

 

L’heure est grave, les défis sécuritaires sont de taille, mettant en péril la stabilité et le développement de tout le Continent. L’installation de l’AQMI dans la région du Sahel, notamment dans le Nord du Mali et son alliance avec Ansar Eddine, Le MUJAO (Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest) et le MNLA (Mouvement national de libération de l’Azawad) ne font qu’aggraver la situation d’instabilité dans la région, mais aussi dans toute l’Afrique. La jonction entre terroristes et narcotrafiquants compliquent davantage la situation. Plus que jamais les pays du continent sont appelés à agir en commun sur le plan sécuritaire, d’échanger les informations et d’évaluer périodiquement l’état des lieux.

 

Un nouveau colonialisme

Lors de l’ouverture de cette session du CISSA, le Premier ministre algérien, Ahmed Ouyahia, est revenu sur les menaces qui guettent l’Afrique, à savoir «la pauvreté, la mauvaise gouvernance, les guerres, les fragilités induites par les remises en cause des cohésions des nations, la circulation incontrôlée des armes, le terrorisme et le crime transnational organisé». Il a donc appelé à  «une perception commune de ces menaces, laquelle est nécessaire à la formulation de politiques de sécurité et de défense et à l’élaboration, à terme, d’une pensée stratégique africaine, à même de favoriser une démarche de défense commune».

Les chefs des services de sécurité africains sont conscients de  la gravité du danger qui pèse sur le continent qui, libéré du colonialisme, se trouve aujourd’hui face à une nouvelle forme  de colonialisme «abjecte et hideuse» comme le qualifie le Président sortant du CISSA, qui indique «qu’au centre des défis sécuritaires se trouvent l’activité de l’AQMI, le mouvement Al Shabab en Somalie, les développements au Mali et à l’Est de la République Démocratique du Congo, les activités dans les zones frontalières entre le Soudan et le Sud Soudan, en plus des changements intervenus dans certains pays de l’Afrique du Nord, à savoir l’Egypte, la Tunisie et la Libye». Les travaux qui se sont tenus à huis clos, pendant trois jours, ont porté sur ces questions, mais aussi sur les différents dispositifs à mettre en place afin de renforcer la coopération entre les services membres du CISSA, lesquels fourniront les informations nécessaires pour aider l’Union africaine à défendre et protéger les intérêts communs des pays de l’Afrique. Ce n’est donc pas par hasard que le thème choisi pour cette session est «Travaillons ensemble pour faire face aux défis nationaux, régionaux et continentaux grâce à l’ancrage historique et à la solidarité». 

 

Une université pour former les cadres  des services de renseignements

A l’issue de la conférence, un communiqué final a été élaboré dans lequel la conférence a appelé «à préserver et consolider la solidarité entre les services membres du CISSA pour combattre toutes les formes de menaces identifiées sur le continent», en les encourageant à «recourir à l’esprit de solidarité» dans leurs efforts de lutte. Il a été décidé, par ailleurs, de créer une université destinée à développer et à améliorer les connaissances et les qualifications professionnelles du personnel des services de renseignements. Cet établissent sera en même temps, une source de connaissance, un outil d’alerte et de veille stratégique et un centre de réflexion. Installé à Alger, il devrait pourvoir accueillir entre 600 et 1000 apprenants par an et comprendra des cycles courts (3 à 6 mois) et des cycles longs (MBA).

Il  a été aussi convenu d’élaborer une charte commune de bonne conduite pour les services membres du CISSA et de mettre en place un projet de réforme du secteur de la sécurité en Afrique. D’autres sujets n’ont pas été tranchés lors de cette réunion, à savoir l’intégration définitive du CISSA au sein de l’UA car jusque là, ce comité est un organe indépendant. Bien que sa raison d’être est d’assister l’Union Africaine et toutes ses structures à cerner les défis sécuritaires auxquels fait face l’Afrique, il n’en fait toujours pas partie mais il y a l’intention de l’y intégrer. Rappelons que le CISSA a été créé le 26 août 2004 à Abudja (Nigeria) par les directeurs des Services de Renseignements Africains, comme mécanisme de dialogue, d’analyse, d’échange d’informations et d’adoption des stratégies communes pour la prise en charge des défis sécuritaires.

La prochaine session ordinaire du CISSA est prévue l’année prochaine au Zimbabwe. D’ici là, un travail de suivi sera mis en place tout au long de l’année à travers des réunions régulières.

A travers cette 9ème session, l’Afrique a voulu lancer un message : elle saura se défendre. Car «il n’y a pas de développement sans paix et sécurité», comme le souligne Jean Ping, Président de la Commission de l’Union africaine.

De notre envoyée spéciale à Alger Hanène Zbiss

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