
La fermeture par la Libye du point de passage de Ras Jedir a été l’occasion pour les contrebandiers et commerçants illicites de créer le chaos dans la ville de Ben Guerdane en revendiquant la réouverture de la route vers la Libye, empêchant les élèves, en ce début du 3e trimestre — le plus important — de se rendre en classe, brutalisant un directeur de collège et, pour finir, attaquer et détruire le siège local de l’UGTT… à tel point que le gouverneur de Medenine, Habib Chaout a déclaré à une radio locale que “la situation à Ben Guerdane est devenue hors de contrôle” (La Presse du 4 avril). On sait depuis longtemps que les terroristes et les “trabendos” sont de connivence, ce qui explique leur haine de l’UGTT, puissant soutien du Quartet lors du Dialogue national. Et cela au moment où Mehdi Jomâa a appelé à restaurer l’autorité de l’État” (cf, le numéro° précédent.)
* L’approche (si l’on peut dire !), des élections continue à booster l’activité de la vie politique. Un nouveau parti, “Le Fruit du 17 décembreécembre pour le développement” a été créé à Sidi Bouzid. Dirigé par Faouzi Saïdi, il “rassemble toutes les sensibilités politique et ne s’inspire d’aucune idéologie, mais des valeurs de la République”, tout en se référant au Mouvement de 18 octobre 2005, qui, on s’en souvient, avait regroupé huit activistes — démocrates et islamistes — qui avaient observé une grève de la faim de trente-deux jours pour protester contre le régime de Ben Ali.
À l’ANC, Mohamed Hamdi a décidé de créer un nouveau groupe parlementaire grâce à l’adhésion de deux indépendants à l’Alliance démocratique (qui passe à dix députés). C’est Selma Baccar, d’Al Massar passée résolument de la culture à la politique avec succès, qui a été chargée de diriger — assistée de Rym Mahjoub d’Afek Tounes — le Groupe démocratique. Cela donne deux groupes démocratiques au lieu d’un et ce ne sera pas de trop pour les débats sur la loi électorale qui vont démarrer la semaine prochaine.
Le Parti socialiste a publié une déclaration où il regrette que la feuille de route ne soit pas suffisamment appliquée en ce qui concerne la révision des nominations partisanes.
Le Front populaire a annoncé qu’il prépare la candidature de Hamma Hammami à la présidentielle. Il ne sera pas le dernier, puisqu’on apprend que Bahri Jelassi, chef du parti POF (Parti de l’ouverture et de la fidélité) qui présentera des candidats dans toutes les circonscriptions, est lui aussi candidat à l’élection présidentielle. Il a ajouté que “la République devrait être immunisée contre la Troïka et Moncef Marzouki avant de l’être contre les Rcdistes” ! On rappellera pour mémoire qu’en 2011, sur Hannibal TV, il avait déclaré que “le CSP est une arme de destruction massive” et avait réclamé le rétablissement de la polygamie et le mariage des fillettes de treize ans… Les électrices apprécieront certainement.
Quant à Ennahdha, il a organisé “le plus grand référendum dans les pays arabes” (d’après El Fajr) pour décider si le prochain congrès du parti devra avoir lieu avant ou après les élections législatives ; 38682 adhérents ont voté dans 300 bureaux. Ce que j’ai retenu de cette opération, c’est une déclaration de Noureddine Bhiri qui a insisté sur le fait que “de nombreux handicapés et analphabètes ont pu voter dans le respect total des normes démocratiques” et que cela doit servir d’exemple. Nous prend-il pour des imbéciles en comparant un vote interne au sein d’un parti, sur un sujet en somme peu important, avec un nombre réduit de participants à un scrutin à l’échelle d’un pays et de millions de votants, où il s’agit de choisir des élus qui vont décider de l’avenir d’un pays pour les cinq années que durera la législature, n’est-ce pas se moquer du monde ?
* Le tourisme ne se développera que si les responsables du domaine et les citoyens, chacun de leurs côtés, font l’effort nécessaire pour que la Tunisie soit attirante et accueillante. À ce titre, l’opération du “Mois de la propreté” (10 avril-10mai) concernera quarante destinations (municipalités) classées “touristiques” — ce qui n’empêche pas les autres d’y participer. Le ministère de l’Intérieur est prêt à épauler cette opération, notamment en entreprenant le remplacement ou la recomposition des trente-six délégations spéciales avant la fin avril, pour booster cette campagne.
Le ministère de Tourisme a aussi annoncé une «semaine tunisienne» à Cologne (Allemagne) à l’occasion du 50e anniversaire du jumelage Tunis/Cologne. De son côté, la ministre concernée, Amel Karboul, a tourné un spot télévisé à destination des citoyens canadiens présentant les atouts touristiques de notre pays : patrimoine architectural, historique, culinaire… dans un climat de chaleur humaine et de soleil. Une soirée tunisienne sera donnée au Canada le 14 mai.
* Le ministre de la Culture a confirmé que la Foire internationale du livre ne se tiendra pas en 2014, ce qui permettra de mieux la préparer pour 2015. Personnellement j’approuve cette année de repos, en cette période délicate que traverse la Tunisie, quand on pense au déferlement d’ouvrages et de brochures wahhabites, salafistes… qui a caractérisé l’édition de 2013, des ouvrages appelant à la haine, à la violence, aussi bien dans la littérature enfantine que celle pour adultes, se bornant à magnifier le “glorieux passé” de l’Islam, au lieu de vanter les connaissances des Arabes en philosophie, en physique et en sciences, à une période où cette même époque était une période de stagnation pour les pays d’Occident.
Les journées de la danse contemporaine auront lieu du 5 au 20 avril au Mad’Art Carthage, avec un atelier qui accueillera les enfants des quartiers populaires du nord de la Capitale qui y trouveront l’occasion de se distraire.
Hommage : à l’occasion du 14e anniversaire du décès du Président Habib Bourguiba, la chaîne Nessma TV nous a offert une inoubliable journée du souvenir. Matinée à Monastir dans l’enceinte du mausolée du Père de la Nation au milieu de la ferveur populaire, film complet de ses obsèques émouvantes, après-midi et soirée présentant divers “plateaux” où des personnalités politiques ayant vécu et milité aux côtés du Combattant Suprême — Béji Caïd Essebsi, Mustapha Filali, Chadly Klibi, Mansour Maalla, Omar Shabou, Amor Chedly et bien d’autres — ont rappelé les combats et les honneurs qui ont jalonné la vie du Zaïm. Le tout accompagné d’un magnifique film réalisé par Frédéric Mitterrand, ancien ministre de la Culture français.
Raouf Bahri