Autrefois rattachée à l’Union Tunisienne d’Industrie, du Commerce et de l’Artisanat (UTICA), la Fédération Tunisienne du Textile et de l’Habillement (FTTH) est devenue, aujourd’hui, une entité autonome défendant les intérêts des professionnels du textile. Le divorce avec l’UTICA a été consommé au printemps 2017, lorsque l’Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT) et l’UTICA ont signé, le 10 mars 2017, un accord sur les augmentations salariales dans le secteur. Chose que les professionnels du métier ont catégoriquement rejeté, et ce pour, selon eux, préserver sa pérennité. Ce refus a été exprimé dès le lendemain de l’accord entre les deux organisations : le 11 mars 2017, un grand rassemblement a eu lieu à Hammamet pour dénoncer l’accord en question.
La procédure du divorce était, à cette époque, engagée. Il aura fallu attendre le 4 mai 2017 pour qu’elle soit finalisée. À Sousse, la FTTH a tenu son congrès fondateur, auquel ont pris part pas moins de 400 entreprises. L’objectif affiché était clair : créer une nouvelle Fédération « représentative », « indépendante », et « militante », approuvée par l’ensemble des industriels. Le mot d’ordre : la représentativité. De fait, le Fédération veut défendre les intérêts de tous les professionnels du textile, et ce dans toutes les régions de Tunisie, tout en incluant toutes les branches du secteur. Aujourd’hui, elle possède son propre Conseil National et ses propres Conseils Régionaux dans tous les gouvernorats de la république :
- Monastir: regroupant 449 entreprises;
- Grand Tunis(Tunis, l’Ariana, La Manouba, Ben Arous) : 322 entreprises;
- Sousse et Kairouan: 231 entreprises;
- Nabeul et Zaghouan: 224 entreprises;
- Sfax: 138 entreprises;
- Bizerte: 89 entreprises;
- Mahdia: 86 entreprises;
- Béja, Siliana, Jendouba, El Kef: 37 entreprises;
- Kasserine, Sidi Bouzid, Gafsa, Gabès, Médenine, Tozeur, Tataouine, Kébili: 81 entreprises.
Un acteur de poids sur la scène syndicale
La Fédération veut faire de la transparence son cheval de bataille. D’ailleurs, elle le fait savoir dans son règlement intérieur. Les membres ont, en effet, la possibilité d’accéder aux comptes de la Fédération, aux rapports moral et financier du Conseil National, ainsi qu’au rapport du commissaire aux comptes. Les membres peuvent également obtenir les procès verbaux des réunions du Conseil National ou de l’Assemblée Générale.
En contre-partie, les membres doivent remplir un certains nombres de conditions. Le règlement intérieur de la FTTH leur impose, à titre d’exemple, de participer activement aux Assemblées Générales. Ils ne doivent, en aucun cas, s’exprimer ou prendre position au nom de la FTTH sans une autorisation de la présidence de la Fédération, sous peine d’exclusion. Les membres sont également appelés à ne pas adhérer à d’autres syndicats.
Au fil des mois, la FTTH a réussi à s’imposer, étant donné qu’elle a pu parvenir à faire reculer, même légèrement, l’UGTT malgré tout le poids que cette dernière représente. De fait, à travers le grand rassemblement de Hammamet, la Fédération a réussi à convaincre la centrale syndicale à renégocier l’accord du 10 mars, conclu avec l’UTICA. Ainsi, suite à cette renégociation, la hausse des salaires de 6% a été reportée au 1er janvier 2018, au lieu du 1er mai 2017. De plus, aucun nouveau round de négociation ne sera entamé avant le 1er janvier 2019, ce qui constitue une victoire de taille pour les professionnels du textile. Cette victoire, selon la FTTH, permettra aux industriels du secteur de s’assurer une visibilité financière entre 2017 et 2018.
La main est toujours tendue vers l’UTICA
La FTTH est parvenue, d’autre part, à attirer l’attention du gouvernement. Ses mobilisations, notamment celle de Hammamet, ont poussé l’Exécutif à tenir un Conseil ministériel restreint consacré au secteur du textile et de l’habillement le 1er juin 2017. À l’issue de ce Conseil, 23 mesures ont été annoncées pour relancer le secteur, ce qui constitue l’autre victoire des professionnels. Ces mesures portent essentiellement sur le rééchelonnement des dettes vis-à-vis de la Caisse Nationale de la Sécurité Sociale (CNSS) et des dettes fiscales. Elles portent également sur le soutien à l’investissement, la promotion sur les marchés à l’export et le renforcement de la formation dans le secteur.
La FTTH a donc réussi à s’imposer en tant qu’interlocuteur incontournable vis-à-vis des pouvoirs publics, et ce en vue de discuter des affaires des professionnels du secteur du textile et de l’habillement. La Fédération n’a pas souhaité, par ailleurs, fermer les portes des négociations avec son ancienne organisation mère, à savoir l’UTICA. De fait, un comité de rapprochement a été constitué. Il est composé de quatre membres de la FTTH et de trois représentants de l’UTICA. La Fédération s’est toujours dite prête à réintégrer l’organisation patronale, mais à une condition : être réintégrée avec son nouveau statut et sa nouvelle organisation. La FTTH souhaite également acquérir un pouvoir décisionnel plus important au sein de l’UTICA.
Congrès National le 17 décembre 2017
La FTTH a ainsi réussi, durant un laps de temps assez court, à faire parler d’elle et à acquérir un statut d’interlocuteur incontournable, d’un acteur inévitable. C’est dans ce contexte qu’elle va tenir, le dimanche 17 décembre 2017, son prochain Congrès National. Un grand événement qui se tiendra à Monastir en présence des professionnels du textile et de l’habillement, mais aussi de personnalités publiques à l’instar de Houcine Dimassi, ancien ministre des Finances ou encore de Khalil Laabidi, président de l’Instance tunisienne de l’Investissement et Ahmed El Karm , PDG d’amen Bank et président de e l’
Il faut souligner que si le congrès se tient en une seule journée, son programme ne laisse pas de temps à la récréation.
Trois thèmes majeurs seront présenté par les illustres invités et animeront les débats : l’impact des augmentations des cotisations sociales ainsi que les mesures de la nouvelle loi de finances, le cadre et les incitations des investissements dans le secteur du textile en Tunisie et les nouveaux mécanismes de financement du secteur textile et habillement.