À l’occasion du centenaire du voyage en Tunisie des peintres Paul Klee, Louis Moilliet et August Macke, les Ambassades de Suisse, d’Allemagne et l’Institut Goethe ont organisés, jeudi 10 avril, un colloque suivi de la projection d’un film sur le thème «La Tunisie de Paul Klee.»
Il est 14 heures dans une salle pleine de près de deux cents personnes, le colloque commence. Huit personnes sont installées sur l’estrade, devant l’écran de projection. Tous experts sur le sujet. Rachida Triki, professeure d’esthétique, modératrice du colloque, Michael Baumgartner, directeur des collections au Centre Paul Klee de Berne, Naceur Khémir, artiste et réalisateur du film, Sondes Hebiri, enseignante, Khaled Abida, artiste et enseignant d’art plastique, Olga Malakhova, artiste et enseignante, Mounir Fendri, professeur de langue et littérature et Alain Nadaud, écrivain.
Le colloque s’ouvre par une question : “pourquoi Paul Klee est mis à l’honneur aujourd’hui ?” Rachida Triki explique que c’est non seulement dû au centenaire du voyage, mais aussi parce qu’avec «son regard de voyant, il a laissé une trace et a appris aux peintres à voir autrement.» M. Baumgartner retrace le voyage, du départ du jeune peintre bernois le 6 avril 1914 à bord du navire Carthage, jusqu’à sa révélation à Kairouan «Je suis peintre.»
Pendant la durée de son périple l’artiste tenait un carnet dans lequel il décrivait ses émotions et exaltait son inspiration. Les trois peintres et amis se distinguent par leur art, du réalisme pour Auguste Macke et Louis Moilliet, de l’abstrait pour Paul Klee. Les invités se suivent déjouant tour à tour les mystères de l’artiste. Sa peinture qui se différencie par son abstraction, les surfaces de ses toiles divisées en champs rectangulaires de couleur bleu, vert, jaune, rouge. Paul Klee fait la synthèse entre l’architecture et l’image.
Klee était déjà influencé par le monde oriental, ce que l’on retrouve dans ses œuvres comme Tapis en 1914 ou Dômes rouges et blancs la même année. Cependant, il se révèlera avec ses aquarelles de couleurs et de lumières après son voyage au pays du jasmin. Des aquarelles peintes sur toutes sortes de surfaces au rythme de sa créativité et de son inspiration.
Mounir Fendri dévoile l’histoire des peintres orientalistes allemands qui n’ont pas attendu Klee pour s’imprégner des richesses tunisiennes depuis le début des années 1870 jusqu’à nos jours.L’intervenante qui suit, Mme Malathova, à travers son analyse poussée sur la «kleeification» nous explique que trois matrices ont inspiré le peintre : les tapis, les jardins, mais aussi le paysage architectural. Nous rappelant les diverses facettes de l’art tunisien, en peinture, calligraphie, mais aussi les poteries et les tatouages.
Pour clore le colloque, Naceur Khémir, coréalisateur du film, pressé par le temps, finit par introduire son film à l’audience.
Silence on tourne !
Cette production, réalisée en 2007 par l’artiste et réalisateur tunisien Naceur Khémir et le Suisse Bruno Mollet s’intitule “Paul Klee voyage en Tunisie”. Il retrace avec la sensibilité de l’artiste Khémir et à travers le journal de bord qu’a tenu, jour après jour, le peintre Paul Klee, son voyage de Tunis à Kairouan. Entrecoupé de scènes de films de Khémir, de lectures du journal de Klee et d’analyse, le film nous fait découvrir comment la Tunisie par son charme, ses paysages, ses couleurs, son histoire et ses habitants a pu marquer un peintre, un réalisateur et même l’Histoire de l’art.
Loris Guillaume