Ils sont fort sympathiques ces rotariens, un genre à part, côté associatif. L’occasion m’a été offerte pour découvrir ce monde hors d’un déjeuner-débat auquel j’étais conviée. « Viens, on reçoit le Gouverneur du District, m’avait dit l’un des membres» ! Je suis restée un peu perplexe, par ces vocables : Président, gouverneur ! District ! Une secte ? Entre nous, je connais le Gouverneur des villes ou encore, le Gouverneur de la Banque centrale. C’est que les rotariens agissent en coulisse sans communiquer. En fait, ils préfèrent ne pas être sous les projecteurs. Par conséquent, nous avons souvent des préjugés.
Au cours de ce déjeuner convivial, le Gouverneur du district a parlé un langage franc, courtois et fédérateur. Il a présenté d’une manière claire le Rotary Club. On est loin aujourd’hui du temps où Paul Harris et trois de ses amis fondant le tout premier Rotary club.
« Les rotariens sont appelés aujourd’hui à promouvoir les règles de haute probité, reconnaître la valeur sociale de toute profession et contribuer par leur comportement professionnel à résoudre les problèmes et à répondre aux besoins de la société. Le gouverneur a également mis en exergue le critère des quatre questions lancé à chaque rotarien par Herbert Taylor en 1932 et adopté définitivement par le ROTARY.
-Est-ce conforme à la vérité ?
-Est-ce équitable pour tous ?
– Est-ce susceptible de simuler la bonne volonté réciproque et de créer des relations amicales ?
-Est-ce bénéfique à tous les intéressés ?
Le Rotary n’est pas un club mondain, des soirées festives ou des discussions de salons, affirme encore Dr Ahmed Jemmali. C’est une association du monde entier. Plus de 35 000 clubs et plus de 1 200 000 hommes et femmes dans plus de 200 pays sont unis et disponibles pour servir autrui en faveur de l’intégrité, l’entente internationale, la paix à travers son réseau international. Ce sont des responsables privilégiant les valeurs fondamentales de l’amitié, la diversité, l’éthique, le leadership et l’action ! ».
En effet l’action, toujours l’action et encore l’action surtout dans le domaine de la santé, le meilleur du capital humain. Dr Jemmali sait de quoi il parle « L’éradication de la Poliomyélite par exemple a été le programme phare de la fondation Rotary et nous sommes fiers d’avoir été les premiers pour l’éradiquer définitivement en Tunisie ! ». M. Guermazi prend la parole pour ajouter que les actions des rotariens ne sont pas toujours immédiates, mais qui agissent dans le temps comme la construction d’écoles, d’hôpitaux… La dernière action rotarienne a été l’acquisition d’une ambulance pour l’hôpital régional de Tabarka. Le Gouverneur reprend la parole pour conclure : « J’espère vous revoir tous, rotariens et médias pour la 30e conférence du district 9010 qui se déroulera à Monastir du 1er au 3 mai 2014 ».
Ce langage je ne l’ai pas lu dans le dossier de presse, je l’ai bu dans la coupe de l’amitié des rotariens et surtout dans la coupe d’anniversaire surprise improvisé de l’un des doyens, le Dr Ridha Mrad. Un langage qui tend vers la vérité, vers l’équité, en somme vers l’Humanité, La route est dorénavant tracée pour le bien des déshérités d’ici bas. Et la roue tourne… La jeunesse rotarienne avec Rotaract et Interact reprendra toujours le flambeau affirme le jeune et dynamique Kays Ben Ammar.
Le Rotary est-il féminin ?
Jusqu’aux années 80, les femmes ne pouvaient pas devenir membres des Rotary clubs assure M. Lassaad Guermazi, Président du Rotary Club Méditerranée2013-2014. Il affirme que la mixité au sein du Rotary International a été réclamée pour la première fois publiquement par l’affaire du Rotary club de Duarte. C’est ce dernier qui a permis à trois femmes de le rejoindre dans les années 70. Les représentants officiels du Rotary International ont été scandalisés par la présence de femmes dans ce club. Les demandes du Rotary International visant à mettre fin à l’appartenance de femmes ont été rejetées par le club, de sorte que le Rotary International a révoqué la charte du club en 1978. Le Rotary club de Duarte a porté l’affaire devant la justice californienne, invoquant le fait que les Rotary clubs sont des établissements d’affaires sujets à la juridiction de la loi civile qui prohibe la discrimination basée sur la race, le genre, la religion ou les origines ethniques. La Cour suprême des États-Unis, le 4 mai 1987, confirma la décision californienne à l’unanimité de ses membres. Depuis cette époque, les femmes ont été admises à rejoindre le Rotary. En 2006, les rotariennes représentaient plus de 13 % des effectifs dans l’ensemble du Rotary. 99 ans après sa fondation, le changement du club vers l’acceptation générale des femmes se confirme. Elles représentent aujourd’hui 20% dans le monde et… 17% en Tunisie, affirme encore M. Lassaad Guermazi.
Nadia Ayadi