C’est dans le cadre d’une conférence plénière intitulée « intelligence artificielle, Internet des objets et données massives« , animée par Adel Ben Youssef, Maître de conférences à l’Université Nice-Sophia Antipolis, que le coup d’envoi des travaux de la 3ème édition du forum International de la santé numérique a été donné jeudi 08 février 2018 à l’hôtel Al Hambra à Hammamet.
Lors de cette conférence, tenue en présence d’une centaine de participants, Adel Ben Youssef a mis l’accent sur le rôle que jouent aujourd’hui l’intelligence artificielle et l’innovation technologique sur tous les plans particulièrement celui médical. Selon lui, l’intelligence artificielle progresse aujourd’hui à une grande vitesse et dans tous les sens. Le secteur médical est l’un des secteurs les plus exposés à ce concept.
« Ces technologies sont en train de transformer toutes les industries, il n’y a pas d’industrie spécifique, banques, finances, transports, éducation. Est-ce que dans la santé ils ont un impact et quel type d’impact? »
La réponse du conférencier est claire. « Par le numérique il y a toute une carte qui est en train de changer ; la télésanté, la M-santé, les objets connectés, les capteurs etc. Il y a un écosystème de la santé qui est en train de changer et ce, en résultat de l’expansion massive des données. » a-t-il ajouté.
Il a précisé que les trois centres mondiaux de la nouvelle médecine se résument dans l’innovation radicale (spécialité des USA), Réflexions éthiques (Europe) et industrialisation de la nouvelle médecine (Chine).
Adel Ben Youssef a signalé que ces puissances mondiales misent aujourd’hui sur l’industrialisation de la médecine. Des sommes d’argent grotesques sont consacrées à l’innovation dans le secteur médical. A titre d’exemple 18% du PIB américain sont alloués au développement de la santé. La Chine, de son coté, a accordé 43 milliards de dollars, en 2017, à l’industrialisation de la médecine au moment où les USA ont prévu uniquement 1 milliard de dollars.
Il a dans ce contexte indiqué que les médecins, partout dans le monde, doivent penser à s’impliquer davantage dans ce concept. «Celui qui possède l’intelligence artificielle aura le pouvoir en main dans le futur. L’écosystème de la santé est en train de changer. Le pouvoir médical sera aux mains des concepteurs de l’intelligence artificielle. » a-t-il lancé.
Pour lui, l’adaptation des méthodes de travail et la modification des cursus d’apprentissage en médecine, ne sont plus un choix, mais une obligation, pour pouvoir assurer la pérennité de certaines techniques liés à ce secteur. A titre d’exemple, des machines robotiques et des applications mobiles ayant une masse gigantesque de données, sont aujourd’hui en mesure d’assurer des diagnostics de maladies de façon plus efficace et plus précise.
Quant à l’avenir de l’hôpital numérique en Tunisie, Adel Ben Youssef a affirmé que la Tunisie fait partie des pays exportateurs de services de l’e-santé. « Nous possédons des entreprises privées, de renommée internationale actives dans ce secteur. L-e santé, résoudra plusieurs problèmes en facilitant à titre d’exemple l’accès aux soins au profit des patients habitant dans les zones intérieures du pays. Le médecin, peut désormais assurer des consultations à ses patients en ligne. Ces services auront un impact positif sur les caisses de l’Etat en allégeant les coûts. »
En ce qui concerne les potentialités de la Tunisie en matière d’intelligence artificielle, Adel Ben Youssef a expliqué à Réalités Online que l’intelligence artificielle se base dans un premier temps sur les mathématiques. « Nous sommes une société qui excelle dans ce secteur. Nous avons un potentiel assez important dans ce sens. Donc les vrais mathématiciens sont les plus sollicités. Reste qu’ il faut dire que ce créneau est difficile à développer en Tunisie étant donné que le monde est aujourd’hui en guerre pour conquérir, chacun de son côté, le maximum de concepteurs d’intelligences artificielles. Mais il faut dire que les compétences tunisiennes qui quittent la Tunisie pour évoluer sous d’autres cieux essayent aujourd’hui de rompre avec l’ancienne approche. En effet, elles ont quitté, c’est vrai, mais grâce aux nouvelles technologies, elles sont toujours connectées avec leur pays d’origine pour le soutenir et pour l’aider à avancer dans ce secteur. Ces compétences essayent d’aider leur pays de l’étranger. » a-t-il affirmé.
Adel Ben Youssef a dans ce contexte mis l’accent sur la nécessité d’élaborer toute une stratégie nationale en mesure d’encadrer les compétences qui se trouvent en dehors du territoire pour en faire une force qui fera entrer ensuite les nouvelles technologies dans notre pays, selon ses dires.
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