Les célèbres journalistes Ahmet Altan, Mehmet Altan et Nazli Ilicak ont été condamnés à la prison à vie, vendredi 16 février 2018. Reporters sans frontières (RSF) dénonce un jour noir pour la liberté de la presse en Turquie.
La prison à vie sans possibilité d’amnistie : c’est la pire des sentences possibles à laquelle sont condamnés les trois journalistes. Ahmet Altan, Mehmet Altan etNazli Ilicak ont notamment été reconnus coupables de « tentative de renverser l’ordre constitutionnel » pour avoir critiqué les autorités au cours d’une émission de télévision, la veille de la tentative de putsch du 15 juillet 2016.
« En rendant une décision aussi terrible sur des fondements aussi faibles, la justice turque se ridiculise aux yeux du monde », déclare Christophe Deloire, secrétaire général de RSF. « Ce verdict est une vengeance politique d’une incroyable violence, qui confirme qu’en Turquie règne l’arbitraire le plus abouti. C’est un précédent désastreux pour les nombreux autres journalistes injustement accusés d’implication dans la tentative de putsch de 2016. »
Malgré leur âge avancé, Ahmet Altan, Mehmet Altan et Nazli Ilicak auront passé plus d’un an et demi en détention provisoire avant d’entendre ce verdict. Une décision de la Cour constitutionnelle, ordonnant la libération immédiate de Mehmet Altan en janvier 2018, n’a jamais été appliquée, en violation majeure de l’Etat de droit. Le procès, observé par RSF, a été marqué par des violations répétées des droits de la défense.
La Turquie occupe la 155ème place sur 180 pays au Classement mondial de la liberté de la presse établi en 2017 par RSF. Déjà très préoccupante, la situation des médias est devenue critique sous l’état d’urgence proclamé à la suite de la tentative de putsch du 15 juillet 2016 : près de 150 médias ont été fermés, les procès de masse se succèdent et le pays détient le record mondial du nombre de journalistes professionnels emprisonnés.
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