L’agence de notation Moody’s vient de publier un nouveau rapport sur la situation de notre secteur bancaire. Ce rapport fait partie de la série d’évaluations et de rapports que l’agence publie de manière régulière sur la situation économique dans notre pays mais aussi sur certains secteurs économiques dont le secteur bancaire et financier. L’importance des rapports des agences de notation réside dans son rôle dans la formation des opinions des investisseurs internationaux sur notre pays, dans leur prise de décision d’investissement et dans l’appétit qu’ils ont pour nos titres ou pour notre destination. Et, si les rapports sectoriels ne présentent pas de notation, ils contribuent à la formation de l’opinion globale de l’agence et de sa notation de notre pays.
Le dernier rapport de l’agence Moody’s a offert comme à son habitude une lecture précise et détaillée de la situation du secteur bancaire et de ses principaux défis. Il a soulevé une série de difficultés et a présenté une vue globale de la question du financement de l’économie. Je souhaite m’arrêter dans cette chronique sur deux questions essentielles soulevées par l’agence Moody’s. La première est relative à la question des crédits non performants auprès des banques et des institutions financières. Le Rapport indique que ce taux a atteint 15% de la totalité des crédits à la fin de l’année 2017. Ce rapport souligne également que la part du lion dans ces crédits non performants revient aux banques publiques dont le niveau des NPL est arrivé à 22%. Ce taux est élevé et indique que nos banques et nos institutions financières ont atteint un niveau de risque relativement élevé qui pourrait se traduire de leur part par une attitude beaucoup plus prudente au moment où nos entreprises et l’investissement ont besoin de financement et d’appui.
La seconde question d’importance soulevée par ce rapport est relative au besoin de liquidités des banques et du système financier. Ce rapport indique que les besoins de liquidités ont atteint 11 milliards de dinars, en nette progression par rapport à l’année écoulée où les besoins se sont limités à 7 milliards de dinars, ce qui va mettre une plus grande pression sur la Banque centrale pour répondre à ses besoins.
Le Rapport de Moody’s a soulevé aussi d’autres défis et d’autres difficultés que connaît le secteur bancaire et financier en Tunisie. Il faut dire que ces difficultés et les défis soulignés par ce rapport ne sont pas nouveaux et sont connus par les différents gouvernements depuis de longues années. En effet, notre secteur bancaire connaît une grave crise structurelle qui exige d’importantes réformes structurelles afin que nous soyons en mesure de reconstruire un secteur bancaire capable d’appuyer le financement de l’économie et d’apporter aux entreprises les moyens nécessaires au développement de leurs investissements et de leurs activités.
Plusieurs études ont été effectuées sur la situation du secteur bancaire dans notre pays par les différents gouvernements ou les institutions internationales et plusieurs projets de réforme ont été définis afin de sortir nos banques de leur léthargie et de leur donner les moyens nécessaires pour contribuer au financement du développement. Or, malheureusement, ces projets de réforme sont restés lettre morte et n’ont pas connu un début de mise en œuvre.
Il est temps de s’atteler à une grande réforme ambitieuse et dynamique du secteur bancaire. Cette réforme ou ce big bang du secteur bancaire exige beaucoup de courage afin d’affronter les grands défis du secteur dont les créances douteuses qui pèsent sur le bilan des banques et réduisent fortement leur contribution dans le financement de l’économie.
24