L’Assemblée des représentants du peuple et son Président, Mohamed Ennaceur, ont pris l’habitude d’organiser des journées parlementaires dans le cadre de l’académie parlementaire pour étudier les grandes questions en débat et éclairer les députés sur les projets de loi qui leur sont soumis. Ces journées parlementaires ont porté sur les grands défis de la transition démocratique, notamment dans les domaines politiques, juridiques, économiques et sociaux. Le Président de l’ARP a invité à ces journées des experts, des responsables gouvernementaux, des militants de la société civile et des représentants des associations syndicales qui se sont exprimés librement et ont enrichi les débats par leurs approches, analyses et réflexions.
Les questions économiques ont occupé une bonne partie du programme de ces journées depuis plusieurs mois. Ceci s’explique par deux raisons essentielles. La première est liée à la grave crise économique que traverse notre pays depuis plusieurs mois, au blocage de la transition économique et à l’invention et la mise en place d’un nouveau modèle de développement. Cette crise économique est à l’origine d’inquiétudes et d’interrogations de la part des députés comme de larges couches de la population qui cherchent à trouver les voies de sortie. La seconde raison qui explique l’importance accordée aux questions économiques dans le programme des journées parlementaires s’explique par le nombre important de projets de loi de nature économique que les députés ont à examiner et qui exige par conséquent l’organisation de ces réflexions afin de les éclairer et de les aider à saisir les enjeux.
J’ai personnellement participé et contribué à quatre journées parlementaires. La première avait porté sur la nouvelle loi bancaire que l’ancien Gouverneur de la Banque centrale, Chedly Ayari, n’a pas hésité à qualifier de constitution financière de notre pays. La seconde avait pour objet la nouvelle loi de la Banque centrale, qui a connu un débat assez intense sur son statut à venir et qui a permis de favoriser un consensus sur son indépendance. L’indépendance de la Banque centrale est de nos jours un fondement essentiel des sociétés démocratiques et de la séparation des pouvoirs.
La troisième journée s’est tenue en fin d’année et a porté sur la loi de Finances 2018 avec la participation du ministre des Finances et de plusieurs responsables, ainsi que les députés des différents groupes parlementaires. Cette journée a connu un débat ouvert sur la capacité de la loi de Finances à ouvrir de nouvelles perspectives de croissance pour notre économie.
La quatrième journée s’est déroulée samedi 12 mars et a porté sur la crise économique et les défis de l’avenir. Un thème important, qui a été préparé de longue date par un groupe d’anciens ministres et d’experts autour du Président de l’ARC et de l’académie. Les présentations ont permis de saisir les défis et les difficultés de notre économie, tant dans le domaine macroéconomique que structurel. Par ailleurs, les présentations ont esquissé les propositions de sortie de crise et les politiques à mettre en place pour relancer une transition économique en panne.
Les discussions ont permis de poursuivre cet échange. Mais, la question qui s’est posée est de savoir si la crise était ailleurs et si la panne était plutôt politique qu’économique. Car les solutions économiques étaient connues et les mesures à mettre en place pour réduire le déficit budgétaire et favoriser une stabilisation des grands équilibres macroéconomiques, ont été examinées par les différents gouvernements. Le sont aussi les grandes réformes économiques à mettre en œuvre pour favoriser la transition vers un nouveau modèle de développement. Mais, ce qui nous a manqué de l’avis de tous, c’est une vision globale et surtout le courage de mettre en œuvre les mesures en question. C’est ce constat qui fait dire à beaucoup aujourd’hui que la panne est plutôt du côté politique que dans le domaine économique.
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