Par Sami Mahbouli
Une défection de plus et non des moindres : Aziz Krichen était considéré comme un des plus fidèles lieutenants du Président provisoire et rien ne semblait pouvoir les séparer. Ces derniers temps, la mode est à la désertion au Palais de Carthage ; encore heureux que l’on ne soit pas en temps de guerre où le peloton d’exécution est l’horizon naturel de tout déserteur ; avec les quatorze conseillers jusqu’ici démissionnaires de Carthage c’eût été une véritable hécatombe. Au mépris de l’obligation de réserve, Aziz Krichen n’a pas hésité à se répandre dans plusieurs médias gratifiant son ancien maître, Moncef Marzouki, de toutes sortes d’amabilités. Plus de deux ans aux frais de la princesse, à manger dans de la vaisselle dorée et à voyager à l’œil en business class, n’auront pas suffi à susciter chez le Conseiller spécial Krichen une once de gratitude ou de bienveillance envers son bienfaiteur. Qui, au surplus, aurait prêté la moindre attention aux états d’âmes filandreux dudit conseiller si Marzouki ne l’avait pas, un jour, fait franchir le seuil du Palais présidentiel ? Quitter Carthage aurait eu de l’allure quand la présidence jeta en pâture l’honneur de centaines de personnes à travers le livre-torchon noir. Le faire aujourd’hui, à l’instar d’Aziz Krichen, quelque mois avant l’expiration du mandat de son bienfaiteur, relève davantage du crachat dans la soupe que d’un grand courage.
*Grand Inquisiteur d’Espagne de 1483 à 1498