La séance plénière consacrée au vote relatif à la prorogation du mandat de l’Instance Vérité et Dignité tenue ce samedi 14 mars 2018 à l’Assemblée des représentants du peuple, a été beaucoup plus une séance de pugilat plus que l’expression d’une démocratie naissante. Ce fut un spectacle plus que désolant de la pire représentation que les tunisiens voudraient voir de leur classe politique. En vérité, les « représentants du peuple » ne représentaient même pas leurs propres personnes. Ils auraient eu honte d’eux-mêmes si cela avait été le cas.
Tout a commencé avec le député Al Irada, Mabrouk Hrizi, qui a ouvert le bal des interventions houleuses en s’adressant d’une manière des plus irrespectueuses au président de l’ARP. Le député s’est attaqué spécifiquement à Mohamed Ennaceur allant jusqu’à l’accuser de trahison et de putchiste, « Vous ne méritez pas d’être le président de l’Assemblée. Vous devez être jugé pour haute trahison. Cette séance est une atteinte à la légitimité », n’a cessé de répéter l’élu qui ajoutera, menaçant, « Aujourd’hui, je suis venu à l’hémicycle en kamikaze et je suis là pour vous faire exploser ! ».
Il faut dire que l’élu Hrizi n’était pas seul, il était par son compère Imed Daïmi qui l’accompagnait dans sa diatribe sans micro. Cela ne l’a pas empêché d’avoir un accrochage avec Sofiane Toubel, président du bloc parlementaire de Nidaa Tounes,
Dans ce chaos, Samir Dilou, Jilani Hammami, Samia Abou, Yamina Zoghlami … comme pour calmer le jeu mais s’alignant sur la position des chahuteurs, ont appelé à la levée de la séance plénière conformément au règlement intérieur et ce, pour cause d’absence de quorum.
Il faut dire qu’à l’origine de cette situation, le refus d’élus présents dans la salle mais qui se sont abstenu d’appuyer sur le bouton électronique pour signaler leur présence.
Le Président de la séance, Mohamed Ennaceur a refusé la levée de la séance précisant qu’il y a 84 députés présents dans le dôme ce qui veut dire que la séance est conforme au règlement intérieur.
Suite à cela, il a demandé à la présidente de l’Instance Vérité et Dignité, Sihem Ben Sedrine de prendre la parole soulignant que cette séance a été tenue pour l’entendre, la colère des députés monta d’un cran et ont tout fait pour ne pas laisser Sihem Ben Sedrine prendre la parole.
Pour calmer les députés, le Président de la séance décida, à la demande du président du bloc parlementaire d’Ennahdha, de lever la séance mais en vain. rien ne pouvait arrêter les élus. déchaînés.
D’ailleurs, au moment de reprendre la séance, la tension était devenue encore plus incontrôlable et Sihem Ben Sedrine se retira de la séance plénière comme pour protester contre le chaos et l’anarchie qui règnaient au sein de l’ARP. Ce qui ne manqua pas de rajouter une tranche à l’ambiance électrique qui régnait.
Mohamed Ennaceur sera amené à décider le report de la séance plénière au lundi 26 mars 2018 à une heure qui sera fixée ultérieurement. La présidente de l’instance Vérité et Dignité avait d’ailleurs, comme indiqué précédemment, quitté la séance face au blocage constaté.
Par ailleurs, un fait marquant et remarqué n’a échappé à personne. Alors que l’hémicycle se transformait en ring, que les tensions n’arrêtaient pas de monter, que les accrochages éclataient de toutes parts et le chaos s’installait empêchant toute avancée pour examiner la proposition sur la prolongation du mandat de l’IVD, le sourire narquois affiché par la présidente de l’instance, Sihem Ben Sedrine n’était pas sans narguer les députés opposés à sa « décision » de prolongation. Le comble du cynisme. Pendant tout le temps qu’a duré le chaos engendré par le combat de coqs dans l’enceinte de l' »Assemblée des Représentants du Peuple« , la dame de la Vérité et de la Dignité affichait un sourire narquois,moqueur, comme si elle savourait la division qu’elle a réussi à créer dans les rangs des députés et s’amusait du cirque offert par les élus.
La présidente de l’IVD avait refusé même de prendre la parole sous prétexte qu’elle ne pouvait pas crier autant que les élus. Il est vrai qu’elle avait raison, on ne l’a jamais entendue crier ou parler à voix haute.
La présidente de l’IVD a été épargnée d’une confrontation avec ceux qui lui refusent une rallonge, rien que grâce à la gabegie instaurée par des députés obstinés à la défendre.
La foire se poursuivra le 26 mars courant.
https://www.youtube.com/watch?time_continue=118&v=txMvkWvqE2E