Le profil du Budget de l’État pour l’année 2014 commence à se dessiner à travers déclarations officielles et indiscrétions anonymes. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il ne s’agit pas d’un Budget d’austérité ni de crise économique et financière, mais celui d’un déficit constant sur une toile de fond d’incertitudes fiscales et de dépenses de consommation.
En effet, le montant total du projet élaboré par le ministère des Finances s’élève à 28,3 milliards de dinars, soit une augmentation de 2,2% par rapport à celui de 2013. Or on n’a pas du tout l’impression qu’il a pris en considération les très récentes décisions prises par le ministère de l’Éducation nationale de recruter 3500 enseignants, ni les mesures décidées par le président de la République d’augmenter les salaires des militaires de 100 dinars par mois tous grades confondus.
Il en est de même pour les augmentations de salaire sous forme de primes de risque pour les agents des douanes, bien qu’il s’agisse de décisions justifiées
Il faut croire également que le train de vie de l’État et celui de l’Administration ne connaitront pas d’austérité malgré les difficultés générées par la crise politique, économique et financière.
Il y a lieu de se demander pourquoi on établit un Budget s’il n’est pas appliqué avec rigueur par la suite. En effet, les Budgets d’investissement 2012 et 2013, censés promouvoir le développement, n’ont été exécutés qu’à concurrence de 40 à 50%. Ce qui n’est pas fait pour booster la croissance qui demeure lente et fragile alors que les indicateurs financiers virent presque tous au rouge écarlate.
Or, l’État est supposé donner l’exemple pour les investisseurs privés : il doit entreprendre les grands travaux relatifs aux infrastructures de base pour inciter les promoteurs à s’installer dans les régions intérieures et à investir, car c’est l’investissement qui provoque la croissance du PIB.
La gestion et les résultats des entreprises publiques ont de quoi inquiéter sérieusement l’opinion publique. En effet, les déficits de ces entreprises et sociétés nationales constituent un gouffre pour le Budget de l’État. La STB a enregistré un déficit de 152 MD en 2012, le groupe TUNISAIR 135 MD, l’office de l’Huile et celui des céréales et ne parlons pas de la TRANSTU, de la SNCFT…
L’État est tenu soit de verser des subventions d’équilibre soit de garantir les dettes bancaires. Il y a tout d’abord un sureffectif flagrant qui pèse lourd, ensuite des gestions financières médiocres porteuses d’endettement bancaire alors que la qualité des services publics laisse parfois à désirer, ce qui engendre un déficit croissant du budget et un endettement extérieur lourd à assumer.
La prédominance des dépenses de consommation, que ce soit au niveau des recrutements de fonctionnaires, les effectifs sont de 600.000, des augmentations de salaire, que des subventions de compensation, ont dépassé toutes les prévisions.
Le projet de loi de Finances 2014 semble porteur de prémisses relatives à un peu plus de justice fiscale et un peu moins d’évasion fiscale. À vous de juger : il faut bien apporter quelques ressources financières à un budget surchargé de dépenses de consommation et de primes, servies aux différentes catégories de fonctionnaires qui ne cessent de les revendiquer.
Parmi les nouvelles mesures fiscales et taxations, il s’agit d’imposer au taux de 10% les dividendes service aux actionnaires des entreprises économiques qu’elles soient cotées à la Bourse ou non, alors qu’elles étaient exonérées jusqu’ici pour encourager le marché financier.
Les salaires qui dépassent 1700 D/mois, soit 20.000 D/an sont soumis à un prélèvement de 1%, celui-ci passerait à 2 et 3% selon les tranches de salaires au profit de la Caisse de compensation.
Selon les propositions des fiscalistes du ministère des Finances, le plafond de 2000 D de prélèvement par an pourrait sauter.
Les smicards et les bas salaires seraient exonérés du paiement des impôts sur les traitements et salaires.
Par contre les voitures de luxe et les grosses cylindrées (4X4) gourmandes en carburant subventionné, seraient soumises à une imposition limitée dans le temps sinon à une vignette élevée.
Les services douaniers seront revalorisés, notamment le contrôle par scanner des chargements de camions voués à l’import-export. Afin d’encourager les sociétés à déclarer leurs bénéficies réels, l’impôt sur les bénéficies passerait de 30% à 25% pour élargir l’assiette des déclarants. Comme il y aurait une grande proportion de petites entreprises privées qui s’arrangent pour être déficitaires ou à peine équilibrées afin d’échapper à l’impôt sur les bénéfices, le législateur envisage d’instaurer une nouvelle taxe variant entre 0,1% et 0,5% du chiffre d’affaires.
La taxation des bénéfices des banques et sociétés financières demeure à 35%. Elle pourrait être étendue aux grandes surfaces.
Le ministère des Finances cherche à imposer les biens fonciers pour décourager ceux qui réorientent leurs capitaux des secteurs productifs vers l’immobilier. Cette mesure risque de générer une nouvelle hausse des prix déjà élevés des logements.
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La centrale laitière de Sidi Bouzid : démarrage le 15 mars 2014
Les travaux de construction de la centrale laitière Délice Danone située dans la zone industrielle de Sidi Bouzid sont très avancés et pourraient être achevés à la fin de 2013. La mise en production est prévue vers le 15 mars 2014. Le génie civil est pratiquement terminé et les équipements sont en cours d’installation.
Le recrutement et la formation du personnel technique sont en train de se faire parallèlement.
La capacité de production a été prévue pour traiter 200.000 litres de lait par jour et comprendra aussi bien du lait UHT que des yaourts.
Le coût global de l’investissement est de 55 MD, alors que le nombre d’emplois permanents prévu est de 320. Il s’agit donc d’un projet de grande envergure qui ne manquera pas de dynamiser la vie économique régionale et de redonner un nouvel essor à l’élevage laitier.
Qualimed pour la promotion des exportations
Le projet Qualimed entre dans le cadre de la coopération tuniso-italienne et du programme “Instrument européen de voisinage et de partenariat.”
Il s’agit d’un label de qualité et de sécurité alimentaire des produits agroalimentaires en provenance du bassin méditerranéen.
Financé par l’Union européenne, il se déroule depuis 2007 et doit s’achever à la fin de cette année.
Huit gouvernorats et cinq provinces italiennes y participent à travers des entreprises partenaires, Tunis, Bizerte, Ben Arous, Jendouba, Ariana, Manouba et Nabeul ainsi que les provinces de Trapani, Syracuse, Raguse, Caltanissetta et Agrigante en Sicile.
L’objectif du projet consiste à favoriser l’intégration économique, sociale, institutionnelle et culturelle entre les régions et les entreprises économiques des deux pays. En somme, créer des liens étroits de coopération économique et de développement durable à travers les frontières. C’est la consolidation des échanges commerciaux de produits agroalimentaires provenant de filières intégrées italo-tunisiennes qui permet la promotion des ventes sur les marchés internationaux grâce à un label de qualité distinctif “Qualimed.”
Les produits concernés sont : l’huile d’olive, les olives de table, les tomates séchées, les semi-conserves de sardines et d’anchois, le jus de raisin. Les partenaires du projet étant GICA, UTAP, Centre technique de l’agroalimentaire et l’Institut de recherche vétérinaire de Tunisie.
Le COSVAP (Pêche, Sicile) et le consortium de la filière oléicole.
Les entreprises tunisiennes : Al Jazira (conditionnement produits alimentaires) SOTRAPA (transformation des produits agricoles), SUNANTIPASTI, les Vergers de Tunisie, MEDI/MER, MEDI FISH, ainsi que six entreprises siciliennes.
Les croisières COSTA sont de retour
Les fameuses croisières de luxe COSTA qui organisent régulièrement des voyages prestigieux autour de la Méditerranée sur de véritables palaces flottants ont déserté la Tunisie depuis 2011 pour deux raisons. L’une fondamentale à savoir l’insécurité du site Tunisie suite aux évènements postrévolutionnaires et l’autre secondaire, à savoir l’imposition d’une sorte de taxe à payer par chaque bateau croisiériste soit deux euros par touriste au profit du gestionnaire du terminal croisière de la Goulette.
Or, si le tourisme de croisière n’a pas d’impact sur l’hôtellerie puisque les visiteurs d’un jour regagnent leur cabine sur le bateau le jour même, ils sont une source de recettes en devises très intéressante pour les agences de voyages qui louent, les bus, les marchands d’artisanat, les taxis, les restaurants et les cafés et surtout la diffusion de l’image du pays à l’étranger après la visite des musées, des ruines de Carthage et de Sidi Bou Saïd. Rappelons que les bateaux de COSTA qui viennent d’accoster à nouveau à La Goulette avec 1000 passagers représentent 35% de l’activité croisières de La Goulette.
En 2010, il y a eu 260.000 visiteurs alors qu’en 2011 il était prévu 114 escales et 390.000 visiteurs, escales qui n’ont pas eu lieu suite à la renonciation des organisateurs. Pour 2013, il est prévu 15 escales pour 15.000 passagers. Les prévisions 2014 sont optimistes, soit 60 escales pour 120.000 passagers.
Comment relancer le marché touristique français ?
Notre confrère Information Tourisme vient d’organiser à Hammamet une table ronde relative à la relance du marché français, inaugurant ainsi une série de réunions portant sur les principaux marchés émetteurs.
Il convient de remarquer que la France est le plus important marché émetteur de touristes pour la Tunisie, il a atteint la performance de 1,2 million de visiteurs en 2010.
En 2011, il y a eu une chute de 45% par rapport à 2010 et 21% en 2012 par rapport à 2011, chiffre en chute libre s’il en est. Pourquoi ? Alors que d’autres marchés plus difficiles et moins proches de la Tunisie comme l’Allemagne et la Grande-Bretagne ont été relancés avec des taux rassurants.
Alors que, semble-t-il, le marché français demeure réservé et sceptique vis-à-vis de la destination Tunisie, malgré la campagne de communication grand public qui a coûté pour l’ensemble de l’Europe, 60M, et ce en raison des évènements sécuritaires, du terrorisme, des assassinats politiques et de l’instabilité politico-sociale qui règnent en Tunisie et qui ont été particulièrement médiatisés en France.
La qualité déplorable de l’environnement des hôtels pèse elle aussi lourd dans la décision des Français. Beaucoup de travail nous attend pour changer l’image de notre pays dans l’opinion publique européenne.
Ridha Lahmar