Deux commissaires aux comptes français ont, récemment, rejeté les comptes établis par le conseil d’administration de la Tunisian Foreign Bank (TFB). Ce rejet est, en vérité, un refus de certification du bilan présenté, étant considéré non conforme à la situation financière réelle de la TFB.
En termes techniques, les comptes ne sont pas sincères, c’est à dire faux.
Par ailleurs, l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution de la Banque de France (ACPR) – l’ACPR est en charge de l’agrément et de la surveillance des établissements bancaires, d’assurance et de leurs intermédiaires, dans l’intérêt de leurs clientèles et de la préservation de la stabilité du système financier – s’est réunie vendredi dernier pour examiner la situation de la TFB pour non respect des engagements de restructuration ce qui expliquerait le problème des comptes non sincères.
Il faut rappeler dans ce contexte que l’ACPR a déjà sanctionné la TFB d’une amende de 700.000 euros pour opacité des comptes.
Il s’agirait, en fait, de l’utilisation par la TFB de son agence de Tunis pour empêcher la Banque de France de procéder à son contrôle surtout que la BCT s’était opposée à ce contrôle arguant du prétexte que l’agence se trouve sur le territoire tunisien.
Cette opacité entourant l’agence de Tunis a, semble-t-il, rebondi dans le bilan final d’où le rejet des comptes.
L’ACPR a, d’ailleurs, exigé la mise en conformité de la situation de la fausse comptabilité dans les plus brefs délais
Pour échapper par anticipation au caractère faux des comptes, le CA de la TFB a engagé une opération de vente de la TFB après l’obtention de l’aval du gouvernement pour le lancement d’un appel d’offres pour la cession de 49% du capital de la banque. Cet appel d’offres a été déclaré infructueux du fait qu’un seul soumissionnaire s’était présenté.
En fait dans cette décision de cession, il a été prévu un double coup : la cession de 49% et en cas d’échec de passer le bloc à la vente de 65%. Ceci a, semble-t-il, été consigné depuis plusieurs mois par le Conseil d’administration de la TFB composé notamment de la STB, de la BH, de la BCT et du ministère des Finances.
Selon des informations qui nous sont parvenues de sources proches de ce dossier, cette décision de fuite en avant a été présentée cette semaine au gouvernement comme la solution de sauvetage de la banque alors qu’il s’agit en réalité, d’enterrer les créances irrécouvrables et la mauvaise gestion de la banque. C’est ce qui explique d’ailleurs la condition imposée au nouvel acquéreur potentiel de ne pas se pencher sur les véritables débiteurs et empêcher ainsi l’Etat de recouvrer son bien dilapidé.
Nous y reviendrons.
Selon nos sources, Samir Saïed a démissionné cette semaine de la présidence du Conseil d’Administration de la TFB pour éviter la responsabilité des bilans et leur rejet. Il s’est fait remplacer par Ahmed Rejiba, directeur général de la BH.
NDLR : Contacté pour confirmation de ces faits, Samir Saïed ne nous a pas répondu. Message lui a été laissé auprès de son assistante. Nous restons ouverts à toute précision de sa part.