La situation actuelle de notre pays, en matière de statut juridique de l’investissement, est inédite et incroyable. En effet, le Code actuel encore en vigueur a été jugé inefficace, dépassé par les évènements, peu incitatif, aussi bien pour les investisseurs tunisiens qu’étrangers et ne répondant pas aux objectifs de la Révolution en matière de développement régional, de création d’emplois et de lutte contre la pauvreté.
Or, depuis trois ans on n’a cessé de nous promettre un nouveau Code d’incitation à l’investissement qui a mis plus de deux ans à être conçu, mais qui a provoqué une multitude de protestations issues de tous les acteurs du processus de l’investissement et des critiques provenant de la Communauté européenne, au point que le gouvernement actuel a été contraint de le retirer de l’ANC afin de le réviser en tenant compte de nouveaux critères.
Cette situation faite d’hésitations et d’immobilisme aggrave le climat d’incertitude et d’attentisme des acteurs économiques et des investisseurs après les événements sécuritaires et la crise politique qui sévit dans le pays.
Cette «panne provisoire de l’investissement qui dure» est un handicap sérieux pour la croissance du PIB. Elle risque de se prolonger indéfiniment tant que nous n’aurons pas de gouvernement stable ni d’élection. En effet, en désespoir de cause les investisseurs étrangers risquent d’aller ailleurs, sous des cieux plus accueillants et plus incitatifs, car la concurrence bat son plein dans la région.
Il faut dire qu’un Code de l’investissement doit être réellement attractif pour les acteurs économiques, car le «capital craint le risque et fuit l’insécurité». C’est pourquoi le Code doit offrir des avantages fiscaux significatifs pour être efficace en matière d’attractivité.
Le Code doit également concrétiser les revendications issues de la Révolution comme le développement des régions intérieures et défavorisées du pays et la création d’emplois pour les diplômés du supérieur, il doit donc comporter des avantages spécifiques pour les industries à haute valeur ajoutée.
Les activités à forte intensité de main-d’œuvre doivent être privilégiées pour être encouragées à la création d’emplois. Il en va de même pour les activités orientées vers l’exportation.
Le Code d’incitation à l’investissement doit refléter le modèle de développement qui aura été retenu pour le pays : justice fiscale, répartition équilibrée des fruits de la croissance entre différentes catégories sociales et différentes régions.
Nos politiques sont apparemment inconscients des enjeux économiques, car ils ignorent les priorités et méprisent les urgences.
Il est encore temps de prendre des mesures salutaires pour préserver le présent et l’avenir de notre pays.
Baisse des crédits bancaires
Durant le premier trimestre 2014 le manque de liquidité du secteur bancaire s’est aggravé par rapport au 4e trimestre 2013.
En effet, selon BNA capitaux, intermédiaire agréé en Bourse, le ratio de transformation des dépôts de la clientèle en crédits bancaires s’est détérioré pour les banques cotées à la Bourse de Tunis pour s’établir à 94,8% contre 100% fin décembre 2013., Ainsi la BTE, la STB et la BT laissent apparaitre les ratios de couverture les plus faibles du secteur bancaire, en dessous de 90% avec respectivement 68, 73 et 84%.
Pour Amen-bank l’amélioration du ratio de liquidité a été réalisée pour passer de 89% fin décembre 2013 à 97% fin mars 2014, alors que l’ATB, Attijari bank et la BIAT ont toujours fait preuve d’un ratio largement supérieur à 100%.
Consommation de carburants 2014 : plus 5%.
Selon le rapport du mois de mars 2014 de l’Observatoire national de l’énergie, la consommation nationale de carburants routiers a augmenté de 5% de façon globale. Dans le détail, les choses sont plus significatives. En effet, la consommation du gasoil 50 a progressé de 19%, l’essence sans plomb de 6% et le gasoil ordinaire de 3%.
Le rapport interprète cela non comme une croissance de l’activité économique, mais comme un renforcement du contrôle des frontières vis-à-vis du trafic de carburant et de la surveillance de la contrebande sur les routes.
C’est ainsi que la consommation de kérosène pour ’ aviation a régressé de 11% par rapport à mars 2013 en liaison étroite avec l’évolution du trafic aérien, donc de l’activité touristique.
Performances touristiques en 2014
Durant les quatre premiers mois de l’année, les recettes touristiques ont progressé de 2,7% pour atteindre 778,2 MD par rapport à la même période de 2013.
Mais aussi une progression de 1,8% par rapport à 2010. Ce qui constitue un bon signe de reprise, attesté par les statistiques du ministère du Tourisme. C’est ainsi que les entrées touristiques ont atteint 1437.000 visiteurs durant quatre mois, ce qui représente une croissance de 5,3% par rapport à 2013, mais reste en deçà des performances de 2010 soit -9,8%. Cela signifie que les recettes par visiteur ont baissé alors que la durée du séjour par touriste a régressé.
Assurance-vie : potentiel de ressources
Selon M. Lassaad Zarrouk, PDG de la STAR, l’Assurance-vie dans les pays industrialisés tels le Canada, la France et les USA, l’Assurance-vie représente 70% du marché de l’assurance alors qu’en Tunisie le chiffre d’affaires n’en représente que 15%. Cela signifie que le potentiel de financement de l’épargne longue n’a pas encore atteint le niveau requis.
Cette déclaration a été faite lors d’une rencontre récente organisée à Tunis par la STAR en coopération avec son partenaire stratégique Groupama qui en détient 35% du capital, sur le thème «l’Assurance au service de la croissance économique.»
En effet, l’épargne à long terme permet aux sociétés d’assurance de constituer des réserves financières leur permettant de s’introduire en Bourse et de financer des entreprises économiques, ce qui réduit le recours à l’endettement bancaire.
De son côté, M. Thierry Martel, PDG de Groupama, a fait savoir que le secteur de l’assurance en France assume un rôle stratégique dans la croissance économique et le développement des entreprises tout en créant chaque année 12.000 emplois. Il a suggéré d’actualiser le cadre juridique de l’assurance en Tunisie pour lui insuffler plus de dynamisme.
Le tourisme culturel émerge dans le Sud
Si l’on en juge par la multiplicité des manifestations organisées à l’occasion du mois du patrimoine, il faut croire que le tourisme culturel fait ses premiers pas, timidement mais sûrement, dans le sud tunisien.
En effet, le ministre de la Culture, Mourad Sakli, qui a assisté à la clôture de plusieurs festivals qui se sont déroulés dans le sud tunisien, a déclaré que ses services sont en train d’élaborer un projet touristique et culturel intégré avec valorisation des sites culturels dans le pays de façon à faire émerger un tourisme culturel dans le Sud et le Nord-Ouest du pays.
Ainsi le site archéologique de Boughrara qui comporte plusieurs vestiges et monuments sur 60 ha : bains, temples, marché et ouvrages hydrauliques.
Tandis que l’originalité et la valeur des Ksours montagneux de Beni Khdech méritent d’être intégrées dans les circuits touristiques.
Le patrimoine immatériel : artisanat, gastronomie locale, traditions populaires, chants, danses et musique, habillement, bijoux… est très riche et devrait être immortalisée dans des musées. Il est essentiel de trouver un financement pour favoriser un programme d’investissement relatif à la mise en place du tourisme culturel dans notre pays.
Tabarka : un projet touristique contesté
Un groupe d’investisseurs extérieurs aurait l’intention de promouvoir un projet touristique, immobilier et industriel à Tabarka. Ce projet intégré pourrait totaliser un investissement de l’ordre de 380 MD.
Les investisseurs ont approché la Mairie de Tabarka pour lui présenter les grandes lignes du projet et lui ont demandé de prendre «la température de la population» avant de se hasarder à aller plus loin. La Mairie a réuni la société civile pour lui présenter ledit projet susceptible de créer à terme 4500 emplois selon les promoteurs.
Il s’agit d’aménager sur 40 ha la marina de Tabarka qui est restée à l’état de projet sur le papier depuis trente ans, car cela aurait privé la ville de l’accès à la mer et à la plage.
150 ha seraient consacrés à l’édification de villas, hôtels et installations de commerces et de loisirs.
160 ha seront réservés aux zones industrielles.
La majorité des présents ont exprimé leur hostilité au projet, car ils ont considéré que ce serait hypothéquer la ville et que cela défigurerait son caractère écologique et naturel (ses aiguilles uniques au monde.)
De toute façon les projets grandioses financés par des étrangers, référence : Sama Dubaï, n’ont jamais été réalisés en Tunisie.
Ridha Lahmar