Les signataires du Pacte de Carthage ont marqué une longue pause depuis les récents coups de gueule de Noureddine Taboubi, secrétaire général de l’Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT), et les caprices du directeur exécutif auto-proclamé de Nidaa Tounes, Hafedh Caïd Essebsi.
Il semble, dans la foulée, que le président de l’Union Tunisienne d’Industrie, du Commerce et de l’Artisanat (UTICA), Samir Majoul, aurait proposé le nom de Mehdi Jomaa, ancien Chef du gouvernement, pour remplacer Youssef Chahed. C’est ce que Mohamed Ben Salem, dirigeant au sein d’Ennahdha, a affirmé dans une déclaration à Réalités Online ce vendredi 22 juin 2018.
« Il ne s’agit pas d’une révélation. La proposition a été soufflée par Samir Majoul. Il faut savoir, néanmoins, que cela fait un bon moment que le président de l’UTICA n’ait pas appelé au départ de Youssef Chahed, notamment depuis la réunion des membres du bureau exécutif de l’UTICA. Ces derniers l’ont appelé à ne plus suivre les pas de l’UGTT. D’ailleurs, ce sont eux qui font des déclarations au nom de l’UTICA désormais », a-t-il expliqué.
« Des lobbys qui contrôlent les ministres »
D’autre part, Mohamed Ben Salem considère qu’il existe des lobbys qui ont obtenu plus de portefeuilles ministériels qu’Ennahdha. « Il faut protéger notre démocratie. Nous avons organisé des élections transparentes et élu un Parlement. Or, d’un autre côté, nous avons des syndicats qui réclament le départ de tel ou tel ministre. Quel intérêt d’avoir une démocratie dans ce cas ? », s’est-il interrogé.
Le député mentionne également les lobbys qui, selon lui, font de la politique et entrent dans le domaine par des portes non conventionnelles. « Ils [les lobbys] créent des partis politiques et des chaînes télévisées pour faire tomber des ministres. Il existe des lobbys médiatiques et d’autres politiques, et on affirme, de l’autre côté, que nous vivons dans une démocratie. Que peut-on faire de ce système dans ce contexte ? Ces lobbys contrôlent les ministres avec une télécommande. Ils les proposent pour des contre-partie à satisfaire. Il faut sauver notre système démocratique », a-t-il encore dit.
La légalité du Pacte de Carthage en question
Par ailleurs, Mohamed Ben Salem a été interpellé sur la légalité du Pacte de Carthage, étant donné que des constitutionnalistes et des commentateurs l’ont remise en question. « Le Pacte réunit tous ceux qui se sont mis d’accord pour former le gouvernement d’union nationale. Le fait que les composantes du Pacte se réunissent dans le cadre d’une initiative présidentielle ne pose pas de problèmes, car au final, c’est vers la Constitution et le Parlement qu’elles vont se tourner », a-t-il estimé.
Le Pacte de Carthage, selon Mohamed Ben Salem, offre un cadre de discussion qui n’affecte aucunement la légalité du gouvernement. Est-ce une source de blocage ? Il a laissé entendre que ce n’était pas le cas. Les signataires, selon lui, ont formulé des propositions. « 63 ont été adoptées. C’est le 64ème point qui pose encore problème. Normalement, puisque l’on est d’accord sur 63 points, on devrait les remettre au gouvernement », a-t-il noté.
Dans ce contexte de blocage, c’est le président de la République, selon Mohamed Ben Salem, qui sera capable de mettre fin à la crise. « C’est lui qui a appelé à la création du Pacte de Carthage et c’est lui qui a rencontré tous les signataires, qu’importent leurs positions. Il reste justement Nidaa Tounes et l’UGTT qui campent encore sur leurs positions. Seul le président est capable de les faire changer d’avis. Il faut qu’il mette fin à la récréation. Il faut, à la fin, placer l’intérêt national au-dessus des conflits familiaux et des intérêts des partis politiques », a encore déclaré Mohamed Ben Salem.