Les nouvelles restrictions imposées par les USA sur quelques produits européens importés sur le marché américain, lesquelles ont provoqué une riposte de la zone euro, pourraient jeter leur ombre sur le marché tunisien si ces restrictions atteignent les voitures européennes exportées vers les USA. En effet des entreprises allemandes opérant dans l’industrie électromécanique craignent un éventuel impact sur leur activité en Tunisie. D’ici là l’Etat des lieux des entreprises allemandes sur le site tunisien demeure stationnaire. En tout cas c’est ce qui ressort de l’enquête annuelle menée par la Chambre de commerce et d’industrie tuniso-allemande (AHK) auprès de 200 entreprises allemandes exportatrices et non exportatrices implantées sur le site tunisien sur un total de 260.
2017, des résultats satisfaisants
Sous le thème « Les entreprises allemandes en Tunisie : situation et perspectives 2017/2018 » l’enquête a fait ressortir des chiffres révélateurs et encourageants pour le business allemand en Tunisie. En effet un peu plus de 85% des entreprises sondées considèrent que la situation actuelle comme bonne ou satisfaisante. Les indicateurs des chiffres d’affaires confirment cette tendance. Il y a une année, dans cette même enquête, 48% des entreprises sondées s’attendaient à une amélioration du chiffre d’affaires pour 2017. Les résultats sont plus positifs que les attentes car, selon l’enquête de 2017, 60% au lieu de 48% ont augmenté leurs chiffres d’affaires en 2017 et 53% envisagent de l’améliorer en 2018. On remarque par ailleurs une petite amélioration dans le secteur du textile qui souffre depuis des années. En effet le chiffre d’affaires des entreprises opérant dans le secteur a augmenté de 8% en 2017 contre 3,2% en 2016. Ces résultats confirment la tendance ascendante des indicateurs économiques de ces entreprises et ce depuis 2015 tous secteurs confondus.
Comme toutes les années précédentes, les entreprises allemandes continuent à investir dans le capital humain. La plupart des entreprises forment des jeunes diplômés avec la collaboration du secteur public et des organismes allemands spécialisées dans le domaine, le CORP et la GIZ en l’occurrence. Cette initiative vient suite au constat établi par le secteur privé sur l’incapacité du marché du travail à répondre aux nouveaux besoins des entreprises. En même temps, selon l’enquête 45,3% des entreprises sondées ont procédé à des recrutements contre une réduction de l’effectif dans 16,5% des entreprises. C’est le secteur de l’électrotechnique qui était concerné plus par l’évolution de l’effectif en 2017. A rappeler que seulement 38% des entreprises, quelque soit le secteur d’activité, ont augmenté leur effectifs en 2016. Cela dit le recrutement se décide selon l’activité de l’entreprise et il a un étroit rapport avec les investissements de celle-ci. Et l’évolution des effectifs pour l’année 2018 dépendra des prévisions d’investissements sur l’exercice de cette même année. Ainsi selon l’enquête 54,6% des entreprises comptent augmenter leurs investissements au courant de l’année 2018 avec une distinction du secteur de l’électrotechnique avec 70,6%.
La Tunisie, perdra-t-elle ses atouts
L’atout principal de la Tunisie, demeure la proximité géographique avec l’Europe, pour 81,6% des entreprises allemandes implantées dans le pays. Ceci dit, ce taux est en baisse par rapport à l’année dernière qui était de 85%. Les coûts de production compétitif du pays viennent derrière avec 51%. Un nouvel atout dans cette enquête qui n’avantage pas les comptes du pays mais ravit les entreprises allemandes. Il s’agit de l’évolution du taux de change qui favorise l’Euro par rapport au dinar. Des atouts que nous partageons déjà avec plusieurs marchés voisins, de l’Europe de l’est ou de la Chine. Après le Brexit, les entreprises européennes s’apprêtent à délocaliser leurs activités sur les sites les plus compétitifs sur le marché mondial, mais la Tunisie ne semble pas être dans le collimateur de celles-ci. C’est prévisible car les entreprises déjà implantés sur le marché locales peinent à pérenniser leur activité. L’enquête de l’AHK confirme ce constat et les entreprises allemandes implantées en Tunisie déplorent l’insécurité politique qui bloque depuis des années l’économique. La douane demeure l’obstacle majeur largement déclamé par les entreprises à 81%. La douane ne cesse de compliquer les procédures notamment pour les importations. A titre d’exemple une nouvelle mesure vient embêter encore plus les opérateurs allemands. Cette mesure oblige les opérateurs allemands à émettre les documents seulement dans les trois langues soit arabe français ou anglais mais pas la langue allemande. Une mesure qui vient à l’encontre du niveau de coopération entre les deux pays, l’Allemagne étant un partenaire de choix. Selon le FMI, Seule l’Allemagne a réussi à maintenir ses échanges avec la Tunisie depuis la révolution avec une légère baisse de 5%. En 2017 les échanges commerciaux entre les deux pays ont atteint les 10 milliards de dinars en augmentation de 11% par rapport à 2016. La balance commerciale est excédentaire de 538 millions de dinars.
D’un autre part, 56% des entreprises sondées pointent du doigt l’instabilité sociale. Avec l’incapacité du gouvernement à gérer les mouvements sociaux les entreprises craignent un impact sur leur activité. Ce qui a amené certaines entreprises à anticiper toute crise avant tout investissement prochain. Draxlmaier l’entreprise allemande spécialisée dans l’électrotechnique implantée en Tunisie depuis 1974 avec 4 usines de production et employant près de 7500 emplois vient de poser un ultimatum à l’UGTT. En effet l’opérateur allemand veut assurer ses futurs investissements et invite l’UGTT à signer un contrat d’accord qui permettra de garantir des droits aux uns et aux autres. Une condition sine qua none pour un investissement qui générera plus de 3000 emplois. Une mesure qui n’a pas été appréciée par les autorités mais se disent comprendre l’entreprise qi veut garantir ses investissements.
N.J