Il y a dans notre système éducatif deux lacunes majeures, lourdes de conséquences sur le modèle de société que nous voulons construire.
En effet, ni dans l’enseignement de base, ni dans le secondaire, il n’y a de cours dispensés en matière de création et de gestion d’entreprises.
Il n’y a pas également une matière dénommée éducation sanitaire. Ces deux lacunes font que nous avons un déficit flagrant en matière de création d’entreprises, en l’occurrence notre tissu entrepreneurial et un manque de qualification en matière de gestion.
Mais aussi un taux élevé de maladies chroniques : diabétiques et hypertendus, beaucoup de patients qui souffrent d’obésité et de maladies cardio-vasculaires.
En effet, il n’est pas surprenant de trouver des bacheliers et même des maitrisards qui ne savent pas ce qu’est une entreprise économique, qu’elle doit avoir une rentabilité financière mais aussi un rôle citoyen et une responsabilité sociétale, qu’elle doit payer ses impôts et son personnel, avoir des clients et des fournisseurs, rembourser ses crédits,…
Comment voulez-vous dans ces conditions, développer l’initiative privée, le sens de l’entrepreneuriat et densifier le tissu économique dans le pays ? La création d’entreprises ne se décrète pas et ne s’invente pas spontanément à l’âge adulte, alors que notre société cultive et valorise, autant que la cellule familiale, “le mythe” des fonctions libérales : avocat, médecin,… sinon la fonction publique. Les uns pour des raisons lucratives, l’autre pour la sécurité de l’emploi et le prestige du “col blanc”.
Dès leur jeune âge, les élèves doivent être initiés à la notion d’entreprise, le concept théorique d’abord avec des exemples concrets, ensuite les stages en entreprise et enfin des expériences à vivre et des participations à souscrire.
Il faut arriver à passionner les élèves pour l’entrepreneuriat. Des expériences simples mais motivantes : par exemple créer une coopérative entre élèves pour acheter en gros chez le pâtissier du quartier des brioches à vendre aux élèves pendant la récréation.
A chaque rentrée scolaire, organiser une opération : achat, vente ou échange de livres. Organiser des excursions le dimanche avec collecte des frais de participation et commande de bus auprès d’une agence de voyage.
L’important consiste à éveiller chez les élèves l’esprit d’initiative privée, le sens des responsabilités, le goût et la passion de l’entreprendre.
Viendront par la suite au cours de l’enseignement supérieur, l’acquisition des fondamentaux de la gestion : étude de marché, de rentabilité, rigueur de la gestion financière, sens des relations humaines et GRH, marketing,…
Par ailleurs, nous ne devons pas être surpris de constater l’ampleur des maladies chroniques parmi nos concitoyens, car dès leur jeune âge, les élèves n’ont pas été sensibilités aux précautions à prendre pour éviter dès l’âge adulte, les graves préjudices qu’ils subiront plus tard.
Les excès de consommation de pâtisseries finiront par engendrer le diabète. Une alimentation riche en graisse et un mode de vie sédentaire finiront par provoquer des maladies cardiovasculaires. La consommation de produits alimentaires impropres finit par engendrer l’hypertension.
Outre les décès prématurés, les souffrances physiques et morales, la fréquence élevée des maladies chroniques coûte cher, très cher à la collectivité nationale et aux caisses sociales.
Alors que l’acquisition des notions fondamentales d’une alimentation appropriée et d’une hygiène de vie saine par les élèves à l’école auraient permis d’éviter la situation actuelle plus que préoccupante.
Il suffit d’observer dans la rue les passants pour constater qu’une personne sur deux en moyenne donne les apparences d’une obésité certaine, même parmi les jeunes. Il n’est pas encore trop tard pour introduire dans notre système éducatif les réformes qui s’imposent pour le bien de la collectivité nationale.
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Inégalité fiscale
Le ministre des Finances Elyes Fakfakh a révélé sur Express FM que 16% seulement des sociétés soumises au régime fiscal réel paient l’impôt sur les bénéfices. Son raisonnement est fondé sur la démarche suivante.
40% des entreprises sont déficitaires et ne paient donc pas d’impôts. 20% des entreprises présentent des bilans équilibrés et ne paient pas d’impôts également.
Sur les 40% d’entreprises bénéficiaires, 60% sont totalement exportatrices et par conséquent exonérées d’impôts. Il ne reste plus que 40% des 40% des entreprises qui sont bénéficiaires et paient en fait l’impôt.
Finalement le taux réel d’entreprises qui s’acquittent de leur devoir fiscal est de 16%.
De ce fait, il s’agit effectivement d’une inégalité fiscale mais il en résulte également une vaste évasion fiscale qui prive le trésor public de ressources fiscales importantes. D’où l’intention d’imposer au taux de 10%, les entreprises off-shore.
Créances classées
Le taux moyen des créances classées est de 13% dans le système bancaire tunisien. Pour les trois banques publiques, il est de 17%, ce qui est très alarmant pour leur équilibre et leur santé financière.
Il faut dire que l’endettement des sociétés nationales et des entreprises publiques pèse lourd dans ces créances et l’État, qui est souvent tenu, soit de garantir ces crédits soit de combler le déficit sous forme de subventions d’équilibre. Le budget de l’État pour 2013 a prévu 400 MD pour la recapitalisation des banques publiques en attendant les résultats de l’audit en cours, confié à des cabinets étrangers associés à des cabinets d’experts comptables tunisiens.
Dépasser l’handicap des fonds propres
Jusqu’ici, les diplômés du supérieur promoteurs, de nouvelles entreprises devaient faire face à un handicap sérieux lors du processus de création, soit le manque de fonds propres en plus des difficultés relatives aux crédits bancaires.
Afin de dépasser cette difficulté, le ministère de l’Emploi et de la formation professionnelle a décidé de doter la Banque tunisienne de solidarité pour l’année prochaine de fonds supplémentaires pour favoriser l’installation des candidats à leur propre compte. Il s’agit de porter les fonds affectés à cet effet de 40 MD à 100 MD, ce qui constitue un montant relativement important.
Il faudrait s’attendre pour 2014 à une relance du système de création d’entreprises par les diplômés du supérieur avec le soutien de la BTS.
Un obstacle foncier pour Royal DRINKS
Un promoteur tunisien a entrepris la réalisation d’un grand projet industriel à Siliana. Il s’agit de fabriquer des emballages et de mettre en bouteille des eaux minérales, des boissons gazeuses, des boissons énergétiques pour sportifs et jeunes et des boissons vitaminées.
L’investissement prévu est évalué à 60 MD et le terrain sur lequel doit être construite l’usine est de 3 ha.
Les prévisions d’emploi sont de 1500. Cependant, l’acquisition d’un terrain limitrophe s’avère nécessaire et son propriétaire exige pour le vendre, un montant exorbitant, ce qui exclut la réalisation du projet.
Ainsi le permis de bâtir n’a pu être obtenu et le projet reste en panne. Il y a lieu de remarquer que le promoteur s’est déjà engagé en procédant à l’acquisition du matériel à l’étranger dont le coût s’élève à 20 MD. Un arbitrage des autorités s’impose pour favoriser le développement régional.
Un pas vers l’intégration économique
On se rappelle que la Tunisie et l’Algérie avaient signé un protocole d’accord commercial préférentiel le 4 décembre 2008, destiné à promouvoir les échanges commerciaux entre les deux pays sur la base d’une exonération des droits de douane et des taxes diverses, lorsqu’il s’agit de produits fabriqués réciproquement dans les deux pays. Cet accord considéré comme un progrès certain en matière de coopération entre les deux pays entre dans le cadre de l’intégration économique progressive du Maghreb arabe.
Cependant pour diverses raisons et en l’absence de textes d’application, cet accord n’a pas eu de suite, du moins du côté algérien. Cela constituait jusqu’ici un handicap pour les industriels et les exportateurs tunisiens, vis-à-vis de leurs exportations sur le marché algérien qui recèle effectivement de grandes opportunités pour les produits made in Tunisia , notamment l’électro-ménager. Or depuis le 21 août 2013, cet accord a été activé avec l’instauration d’une zone de libre-échange qui implique les produits munis d’un certificat d’origine délivré et contrôlé par les autorités du pays, lequel certificat atteste que les critères du produit correspondent à la réalité, sont exonérés de droits de douane à leur entrée dans le pays voisin. Des listes doivent être établies avec un calendrier.
Démarrage de Carthage Cement
Après avoir connu des péripéties liées à la nationalisation des parts du capital appartenant aux beaux-parents de la famille déchue et à des difficultés de financement d’un projet industriel de grande envergure, la cimenterie de Carthage Cement vient de démarrer ses activités : rappelons que le capital s’élève à 173 MD, que la capacité de production s’élève à 2,2 M de tonnes par an soit 6300 tonnes de ciment par jour avec la création de 320 emplois permanents.
La mise à feu du four s’est déroulée avec succès et le premier sac de ciment sera mis sur le marché début octobre selon la génération la plus récente des technologies en vigueur dans le secteur.
Il faut dire que la fabrication du ciment passe par l’étape intermédiaire de production du clinker, qui après broyage devient du ciment.
Il convient de remarquer que Carthage cement est une entreprise intégrée, puisqu’elle comporte l’exploitation d’une grande carrière ainsi qu’une importante centrale à béton fixe et un autre mobile avec 26.000 m3 par jour de béton prêt à l’emploi.
Avec le projet de création d’une unité industrielle de fabrication de sacs d’emballage pour le ciment destiné à ses propres besoins et à d’autres clients, il y aura une nette amélioration de l’intégration du projet.
Ridha Lahmar