Le vent de la division souffle sur le bloc parlementaire d’Al-Horra de Machrou3 Tounes. Ce lundi 6 août 2018, 5 députés, dont Sahbi Ben Fredj et Leila Chettaoui, ont décidé d’officialiser leurs démissions du bloc parlementaire. Principal point de discorde : le vote de confiance accordé au nouveau ministre de l’Intérieur, Hichem Fourati. Les députés démissionnaires ont décidé de voter en faveur du ministre, en opposition à leurs collègues.
Dans une déclaration à Réalités Online, Leila Chettaoui a affirmé que la démission a été formulée depuis le 31 juillet dernier. « Le bloc parlementaire a appelé à voter contre Hichem Fourati. Pour notre part, nous avons exprimé notre opposition car nous avons prôné pour un profil bien déterminé : technocrate, enfant de l’administration, compétent et crédible. Si le Chef du gouvernement présente un tel profil, il est évident de voter pour lui. C’est notre devoir en tant que représentants du peuple », a-t-elle expliqué, ajoutant que la Tunisie a besoin de stabilité.
Le volte-face de Mohsen Marzouk
Leila Chettaoui a laissé entrevoir un certain « volte-face » chez Mohsen Marzouk, secrétaire général de Machrou3 Tounes. De fait, celui-ci avait rencontré le Chef du gouvernement, Youssef Chahed, accompagné de députés, pour ensuite se rendre auprès du président de la République, Béji Caïd Essebsi. « A l’issue de ces rencontres, le secrétaire général a affirmé qu’il était en faveur de Hichem Fourati. Cependant, il a changé d’avis. Qu’est-ce qui s’est passé ? On ne le sait pas ! », a-t-elle lâché.
La députée a affirmé qu’elle respecte la discipline du vote, mais que ce ne soit pas chose faite au détriment de la conscience et du bon sens. « Pour le remplacement de Youssef Chahed, personne n’a émis de propositions », a-t-elle ajouté. Elle a également réagi aux critiques du bureau politique de Machrou3 Tounes, qui lui a reproché de vouloir « séduire » Youssef Chahed. « J’invite mes collègues à voir s’ils nous retrouveront dans le prochain gouvernement. C’est dans ce cas qu’ils pourront nous reprocher ce qu’ils veulent. Mais la question est claire pour nous : pas question de faire partie du gouvernement, et si nous l’avions souhaité, nous l’aurions fait alors que nous étions au sein de Nidaa Tounes », a-t-elle encore souligné.
Machrou3 Tounes sur les pas de Nidaa Tounes
La prochaine étape, d’autre part, consiste à unir les forces politiques, selon Leila Chettaoui qui a indirectement laissé entendre que Machrou3 Tounes a hérité des problèmes de Nidaa Tounes. « On constate les mêmes ingrédients et les mêmes recettes, et on est arrivé aux mêmes résultats, notamment lors des municipales qui ont été désastreuses pour la famille progressiste. Un nouveau front est possible. Nous devons étudier toutes les possibilités », a-t-elle expliqué.
Le véritable travail, selon Leila Chettaoui, doit commencer par la résolution des problèmes économiques du pays, pour ensuite se pencher sur le rétablissement de la confiance des citoyens en les politiques. « Aujourd’hui, le gouvernement a été lâché par les forces progressistes. Ennahdha est donc son soutien. Par conséquent, on ne peut pas lui reprocher ce fait. Nous avons besoin de politiques qui travaillent au lieu de parler, et d’une nouvelle génération. Nous avons également besoin de la même tendance de « dégagisme » constatée en France », a encore assuré la députée.