En attendant le réveil laborieux des deux principaux moteurs de la croissance, à savoir la promotion des investissements qui commencent à peine à bouger au niveau des intentions, ainsi que la relance progressive des exportations, c’est la consommation qui continue seule à connaître une croissance lente et timide.
C’est dans le contexte difficile du déficit profond et croissant du commerce extérieur que l’Institut national de la consommation a réalisé une enquête par sondage sur ce thème, soucieux de promouvoir le produit national par rapport au déferlement du torrent dévastateur des produits importés légalement et illégalement, des produits de consommation de luxe et de fantaisie. Outre les produits de première nécessité venus de toutes parts, notamment de Chine et de Turquie, introduits en contrebande, fabriqués en “contrefaçon”, distribués à travers les multiples canaux du commerce parallèle, sans aucun respect de l’hygiène, de la qualité ou la préservation de la santé des utilisateurs, qu’il s’agisse de produits alimentaires, de vêtements, de cosmétique ou de jouets, etc.
Les circuits sont hors de contrôle des pouvoirs publics, c’est un marché anarchique avec absence de traçabilité, de marquage et encore moins d’indication d’origine.
Il faut dire que l’Etat s’est révélé dans l’incapacité totale de maîtriser la situation déplorable du commerce extérieur, tellement les intérêts des parties prenantes (les importateurs) âpres au profit, sont tenaces, et ce, dans “l’ignorance totale” de l’intérêt supérieur du pays.
Les résultats de l’étude sont surprenants et intéressants à la fois pour ce qui est des motivations, des comportements et des sentiments des consommateurs concernant les priorités accordées lors de leurs achats.
L’étude-sondage dirigée par Tarak Ben Jazia et son équipe a porté sur 2016 consommateurs-chefs de ménage selon un échantillon représentatif pour ce qui est des tranches d’âge, ainsi que de la répartition socio-professionnelle et régionale des sondés.
Le premier constat révèle que 30% seulement des Tunisiens préfèrent consommer tunisien dans l’absolu, ce qui signifie que les 2/3 de la population préfèrent consommer des produits étrangers.
Ce constat est alarmant parce qu’il ne permet pas à la production locale de compter sur un soutien national pour progresser, se développer et conquérir les marchés étrangers.
Il y a donc un problème de déficit de confiance qui doit trouver son origine quelque part dans les spécifications du produit : la durée de vie, la fraîcheur, la saveur, la sécurité de l’emploi, l’avantage du prix, la disponibilité, les performances, la présentation, etc.
Dans quelle mesure le produit tunisien a-t-il évolué, progressé et s’est-il amélioré au bout de plusieurs décennies de protectionnisme ? Et ensuite, a-t-il consenti les efforts nécessaires au niveau des investissements, des partenariats et de la promotion des compétences pour s’imposer par sa qualité et sa compétitivité sur le marché face à une concurrence plus ou moins agressive des produits importés ?
En réalité, les statistiques tirées de cette enquête révèlent qu’il y a plusieurs nuances dans l’opinion des consommateurs, ce qui signifie que les consommateurs tunisiens sont très avisés et très conscients de leurs intérêts et des choix qui leur sont proposés sur le marché.
En effet, 31% des consommateurs sondés accepteraient d’acheter des produits tunisiens même s’ils étaient plus chers que ceux importés, ce qui signifie qu’il y a une fibre nationaliste et de bonnes dispositions. Cependant, 46% des Tunisiens n’acceptent pas d’acheter plus cher un produit étranger même s’il est de meilleure qualité.
Cela prouve que le Tunisien reste très attaché à son pouvoir d’achat et à la gestion de son budget aussi dérisoire qu’il soit en ces temps d’inflation galopante.
Même si 32% des consommateurs achèteraient plus cher des produits étrangers qui se distingueraient grâce à leurs qualités intrinsèques.
Cependant, 51% des consommateurs croient en la qualité des produits tunisiens et pensent qu’ils présentent les conditions nécessaires de la sécurité.
85% des consommateurs affirment vérifier l’origine des produits avant de les acheter mais seulement 10% savent que le code-barre. des produits tunisiens commence par 619.
Parmi les achats de produits locaux, les consommateurs sont 50% à accorder la priorité aux produits alimentaires. Viennent ensuite le textile-habillement, les médicaments et les matériaux de construction.
Les producteurs tunisiens doivent faire de gros efforts en faveur de la maîtrise des coûts : productivité, rationalisation des dépenses, économies d’échelle…
L’objectif de cette enquête consiste à trouver des solutions pour la promotion du produit tunisien avec la coopération active des producteurs tunisiens : agricoles, industriels et de services, susceptibles de restaurer la confiance du consommateur dans les produits nationaux.
Il s’agit d’encourager ou de provoquer l’engouement du consommateur pour défendre la santé et la qualité du produit et du consommateur tunisiens, mais aussi la densité et la pérennité du tissu entrepreneurial de notre pays contre l’invasion des produits importés.
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