La Banque de Financement des Petites et Moyennes Entreprises (BFPME) a signé une convention de partenariat avec l’Association Tunisienne de Défense et de Sauvegarde de l’Entreprise (ATDSE). A travers cet accord, le modèle de l’économie sociale solidaire québécois devrait être adapté à l’environnement tunisien dans l’objectif d’offrir accompagnement aux jeunes entrepreneurs, notamment dans les zone rurales.
C’est autour de cette thématique qu’une séance de travail a été organisée au siège de l’Institut Supérieur des Etudes Technologiques (ISET) de Radès, mercredi 10 octobre 2018, en présence des partenaires de l’initiative, à l’instar de Taïeb Souissi, président de l’ATDSE, de Hamdi Ksiaa, directeur de l’accompagnement, du diagnostic et du développement au sein de la BFPME, d’Adel Naoui, directeur de l’ISET Radès et d’autres professionnels et partenaires.
Enraciner l’esprit entrepreneurial
Selon le président de l’ATDSE, l’objectif de l’initiative est de créer un centre de ressourcement destiné aux entrepreneurs, femmes ou hommes, des zones rurales. « Notre but, grâce à l’expérience québécoise, est de créer une structure permettant de garantir une stabilité pour les PME, en leur accordant un accompagnement dans leur initiative et en assurant un suivi de leurs projets », a-t-il expliqué.
Au Canada, selon Taïeb Souissi, les canadiens sont initiés à la création d’entreprises dès leur plus jeunes âge. Plusieurs partenaires canadiens vont prêter main forte à leurs homologues tunisiens pour concrétiser l’initiative en Tunisie : Capital Entrepreneur, Systematix. Les partenaires tunisiens, selon le président de l’ATDSE, sont l’ISET de Radès, ISET de Zaghouan, la BFPME, l’UGTT et l’institut arabe des Droits de l’Homme.
« Nous voulons sensibiliser à l’importance de l’entrepreneuriat. Il est vrai qu’il sera difficile d’appliquer le modèle canadien en Tunisie. Si l’on s’accroche à ce constat, on n’avancera pas. De ce fait, il faut changer la donne à travers la société civile. Celle-ci pourra convaincre les politiques de l’utilité du projet. Il faut savoir travailler ensemble. Nous avons tout en Tunisie, à commencer par le capital humain. C’est donc une question de mentalité qu’il faut changer », a renchéri Taïeb Souissi.
Un accompagnement post-création des entreprises
Pour sa part, la BFPME détient un rôle fondamental dans la mise en place de l’initiative canadienne en Tunisie. D’après Hamdi Ksiaa, directeur de l’accompagnement, du diagnostic et du développement, le partenariat avec la BFPME est basé sur une vision pragmatique. « L’ATDSE nous a contacté afin de nous présenter le projet. En tant que BFPME, nous composons avec tout l’écosystème entrepreneurial en Tunisie : associations, organisations et autres structures travaillant sur la création d’entreprises et l’encadrement des porteurs de projets. Ceci nous permet de partir à la rencontre de ces acteurs et de faire valoir nos projets et nos initiatives, notamment à travers les médias », a-t-il expliqué.
Tout d’abord, explique Hamdi Ksiaa, un projet pilote sera conçu, qui portera sur l’accompagnement post-création de l’entreprise. Il rappelle qu’il s’agit d’une étape très importante dans la vie d’une société. Dans ce cadre, les coachs du programme canadiens vont pouvoir accéder aux entreprises financées par la BFPME et qui connaissent des difficultés.
« La rencontre du mercredi 10 octobre nous a permis de mieux connaître les autres acteurs de l’écosystème. D’ailleurs, une délégation tunisienne va se rendre au Canada afin de mieux découvrir l’environnement économique du pays, qui est basé sur l’économie sociale solidaire, et ce afin de mieux explorer les possibilités de partenariat », a-t-il encore déclaré.
Malgré les obstacles en Tunisie, le modèle canadien est applicable
D’un autre côté, le responsable au sein de la BFPME considère que le pragmatisme doit être de mise afin de pouvoir appliquer la stratégie canadienne en Tunisie. « Il est vrai qu’il existe une certaine lourdeur et des obstacles en Tunisie, au même titre qu’une confusion dans les rôles de certaines institutions. D’un autre côté, nous avons des gens qui veulent aider, ayant adopté la mentalité de l’assistance et de l’accompagnement. D’ailleurs, c’est ce que la BFPME est en train de faire. Nous intervenons en faveur des entreprises afin de surmonter les obstacles. Par exemple, nous tâchons d’obtenir des autorisations au profit des entreprises auprès d’un ministère donné », a expliqué Hamdi Kisaa, qui a assuré, par la même occasion, que les propositions des parties canadiennes sur le projet ne constituent pas des directives. « Elles seront discutées et appliquées pragmatiquement. Il faut juste clarifier la question du financement », a-t-il ajouté.
Cadre légal : les deux bonnes lois qui vont être adoptées
Qu’en est-il du cadre légal en Tunisie ? Est-il favorable aux entreprises ? Sur ces points, Hamdi Ksiaa considère que le start-up act, récemment adopté en conseil des ministres, constitue un véritable plus dans la mesure où il accorde plusieurs privilèges aux start-up produisant à haute valeur ajoutée. « C’est une bonne loi. C’est un texte issu d’une réflexion tunisienne », a-t-il assuré.
Il a souligné, d’un autre côté, l’importance de l’entrée en vigueur du cadre légal spécifique à l’économie sociale solidaire, ainsi que la mise en place du crowdfunding (financement participatif). « Ils vont procurer un élan important« , a-t-il encore ajouté.
Dans ce contexte, le responsable de la BFPME a rappelé que la Banque organise, toutes les semaines, trois séances d’encadrement destinées aux porteurs de projets. « C’est l’occasion de présenter la BFPME, ses produits et ses spécificités. Une seule séance réunit entre 10 et 15 personnes. Elle est clôturée par une séance de questions-réponses », a-t-il encore expliqué.