Le tribunal d’Aliaga dans la province d’Izmir a remis en liberté le pasteur américain Andrew Brunson après avoir été reconnu coupable de soutien à des partis d’opposition en l’occurrence le PKK des séparatistes kurdes et le réseau de Fathallah Gullen.
Cette libération est une surprise puisque la Cour a toujours refusé, lors des audiences précédentes, la levée de l’assignation à résidence et l’interdiction de quitter le territoire turc imposés au pasteur Brunson, ce qui a engendré une grave crise diplomatique entre la Turquie et les USA, les deux alliés à l’OTAN.
Serait-ce une nouvelle page ?
Après de fortes pressions américaines pour la libération du Pasteur, Washington a fini par imposer, depuis l’été, des lourdes sanctions économiques à l’encontre d’Ankara notamment à travers le doublement des droits de douane sur l’acier et l’aluminium en provenance de Turquie. Cette dernière a répliqué tout de suite avec des mesures similaires. Une action que les Turcs n’ont pas été en mesure d’imposer puisque les sanctions ont dévoilé la fragilité de l’économie turque et ont eu pour conséquence l’effondrement de la livre turque en août 2018.
Juste après la remise en liberté de Brunson, le président américain s’est félicité via tweeter « Mes pensées et prières vont au pasteur Brunson, et nous espérons le revoir rapidement et sans encombre à la maison». Il a même fait allusion à un éventuel du Pasteur au bureau ovale de la maison blanche ce samedi.
Un peu plus tôt, les deux parties ont exprimé implicitement leurs vœux de briser la glace et de renforcer l’alliance turco-américaine après la multiplication des divergences notamment au sujet du dossier syrien. Le premier octobre, Recep Tayib Erdogan a émis l’espoir, lors de son discours au parlement, d’une relance de la coopération avec les Etats-Unis et « le développement à nouveau les relations dans les domaines politique et économique le plus tôt possible, et ce en dépit des tensions au sujet du Pasteur Brunson ». Du côté américain, Le secrétaire d’Etat Mike Pompeole a affirmé le 11 octobre (un jour avant le jugement en faveur du pasteur) que « la libération du Andrew Brunson serait une étape importante dans les relations entre Washington et Ankara ».

Trump remporte sa confrontation avec Erdogan
Pour certains observateurs, il s’agit là d’un but marqué par le président américain dans les filets d’Erdogan. La libération de Brunson offre une nouvelle base électorale importante composée des conservateurs chrétiens américains pour Donald Trump et renforce sa position dans la course aux élections à mi-mandat pour le Congrès.
Par contre la main turque tendue vers Washington remet en question l’indépendance de la justice que’Erdogan et les diplomates turques n’ont pas cessé, tout au long du procès, d’en confirmé l’autonomie et l’indépendance vis-à-vis de la présidence de la république. Les médias turcs, pour leur part, parlent d’un deal perdant de leur chef d’Etat qui a, à maintes reprises, recommandé l’échange d’Andrew Brunson avec Fathallah Gullen, le prédicateur accusé par Ankara d’avoir orchestré le putsch manqué de juillet 2016.