Le coup d’envoi des travaux de la 33ème session du Comité intergouvernemental d’experts (CIE) a été donné ce mardi 30 octobre 2018, à Tunis, sous le thème « Révolution des données en Afrique du Nord : mettre les données au service de la transformation structurelle » et ce, en présence notamment de Zied Laadhari, ministre du Développement, de l’Investissement et de la Coopération internationale, de Lilia Hachem Naas, Directrice du Bureau Afrique du Nord de la Commission économique pour l’Afrique (CEA), de Taïeb Baccouche, Secrétaire Général de l’Union du Maghreb Arabe (UMA) et de Samir Majoul, Président de l’Union Tunisienne de l’Industrie, du Commerce et de l’Artisanat (UTICA). Il s’agit de la toute première réunion du CIE qui se tient en Tunisie. Cette réunion constituera pour les représentants des pays membres l’opportunité d’identifier les problèmes communs auxquels sont confrontés les pays membres, de partager leurs réflexions et propositions et enfin de proposer des plans d’action applicables dans le contexte de la sous-région.
Dans ce contexte, Lilia Hachem Naas, Directrice du Bureau Afrique du Nord de la CEA, a indiqué que cette réunion statutaire, tenue pour la première fois en Tunisie, permettra aux experts d’échanger des informations et leurs expériences pour donner ensuite des recommandations pour pouvoir assurer une meilleure intervention de la part du groupe par rapport aux priorités des pays membres.
« A titre d’exemple, la révolution des données a été identifiée et définie à travers les consultations ayant eu lieu avec les pays membres mais aussi au niveau des Nations Unies, étant donné que nous avons constaté une réelle faiblesse à mesurer les progrès en matière de développement durable et comment donner la preuve que les pays sont en train de mettre en oeuvre des changements et des transformations qui vont permettre de réaliser leurs objectifs. Nous espérons à travers cette réunion avoir des recommandations concrètes, et définir les défis pour enfin aider les pays membres à avoir plus de capacité d’analyse, de meilleurs systèmes de collecte de données et de diffusion de données transparentes, complètes et fiables » a-t-elle indiqué à « Réalités Online ».
De son coté, Zied Laadhari, ministre du Développement, a considéré que le thème de la révolution est d’une grande importance estimant que ce que l’on appelle aujourd’hui le Big Data représente en réalité une richesse compte tenu des grandes potentialités qu’il offre sur tous les plans, particulièrement sur le plan économique et institutionnel ainsi qu’en terme d’employabilité.
L’Institut Africain de la Statistique voit le jour à Tunis
Toutefois, le ministre du développement a mis en garde contre les risques provenant de la mauvaise gestion du Big Data. « La réunion des experts du CIE qui se tient sur 4 jours devrait traiter cette problématique. En matière de la révolution des données, la Tunisie a fait preuve de son implication dans cette optique à travers notamment diverses initiatives telles que le nouveau projet de loi des statistiques, la collecte d’indices et données liés à la mise en place du développement durable. C’est un domaine offrant d’importantes opportunités. La Tunisie est en train de réaliser de grands pas sur ce plan à l’échelle nationale et africaine et d’ailleurs, nous sommes heureux de vous annoncer que la Tunisie inaugurera au cours de cette semaine l’Institut Africain de la Statistique, IAS. Relavant de l’Union Africaine, cet institut est le premier en son genre. Il contribuera au renforcement de nos compétences locales en matière d’exploitation, de production et de distribution des données statistiques. » a-t-il noté. Et d’ajouter: » Dans quelques années, l’Afrique comptera 3 milliards d’habitants, ceci constituera un grand défi pour l’ensemble du contient. De ce fait, il est nécessaire de savoir mieux gérer les mutations numériques et tirer profit de la révolution des données pour garantir un meilleur avenir pour les prochaines générations en leur donnant les chances économiques nécessaires« .
ZLECA: des flux commerciaux en dessous des attentes
Quant à la Zone de Libre-Echange Continentale Africaine (ZLECA), Zied Laadhari a indiqué que cette problématique devrait être suffisamment traitée lors de cette réunion compte tenu du niveau insignifiant des échanges commerciaux enregistré jusque-là. Il a considéré que le renforcement du niveau des échanges commerciaux contribuera au développement du commerce intra-régional. Ce dernier devrait générer des gains économiques considérables pour le continent.
« Le niveau des échanges commerciaux africains demeure très faible par rapport aux attentes. En effet, le volume enregistré jusque-là ne dépasse pas 5%, un chiffre plus que modeste en comparaison avec le volume des échanges commerciaux dans d’autres régions ou unions à travers le monde où il dépasse parfois les 50 voire 70%. Il y a d’importantes potentialités pour renforcer les échanges entre les pays membres de l’union africaine pour créer de l’employabilité et contribuer à la stabilité et la relance économique » a-t-il expliqué.
Dans ce même ordre d’idées, Samir Majoul, président de la centrale patronale, a mis l’accent sur la nécessité d’exploiter avec efficacité le volume important des données par les entreprises privées pour atteindre et conquérir de nouveaux marchés à l’échelle internationale. « L’investissement, l’exportation ainsi que toute décision économique prise par l’entreprise ou encore l’Etat, doivent être basés sur une analyse efficace des données. Ces dernières représentent une réelle richesse, toutefois, l’accès à ces données doit être garanti compte tenu de leur importance. Le commerce extérieur, c’est les données » a-t-il conclu.
Dans cette optique, Taieb Baccouche, secrétaire général de l’Union du Maghreb Arabe a appelé à l’adoption d’une vision claire et régionale en matière d’élaboration des statistiques estimant que la réussite des stratégies de développement dépend forcément du degré de fiabilité des données auxquelles on a recours.
Il est à noter que selon les organisateur, il est attendu de la réunion du CIE l’enrichissement et l’adoption des rapports qui seront présentés par le BSR-AN, ainsi que la formulation de recommandations de politiques et stratégies à l’endroit des décideurs, pour l’élaboration des programmes nationaux de développement et l’accélération du processus d’intégration régionale.
Un rapport détaillé de la réunion synthétisera les présentations, les débats, les enrichissements à apporter aux documents présentés, les principales conclusions et les recommandations. Le rapport de la réunion sera transmis à la Conférence des Ministres Africains des Finances, de la Planification et du Développement économique, organe délibérant de la CEA.