Les membres du comité de défense des martyrs Chokri Belaid et Mohamed Brahmi sont revenus à la charge ce jeudi 10 janvier 2019 lors d’une conférence de presse organisée au siège du Syndicat National des Journalistes Tunisiens (SNJT). Najet Yaacoubi, avocate et membre du comité, a affirmé que Mustapha Khehdher fait désormais l’objet d’une accusation d’homicide volontaire de la part du juge d’instructions de la chambre numéro 12. « Il fait l’objet de 22 autres inculpations, formulées après la consultation des documents saisis dans la chambre noire au sein du ministère de l’Intérieur », a-t-il expliqué.
L’avocate poursuit en affirmant qu’une partie des documents est relative à l’appareil sécuritaire secret d’Ennahdha, mais également aux assassinats politiques. Les documents saisis portent également sur Mohamed Aouadi, chef militaire de l’organisation terroriste Ansar de la Chariaa. « Dans ces documents, il est mentionné que la sécurité de Mohamed Aouadi doit être assurée jusqu’à ce qu’il franchisse les frontières. Nous trouvons également, dans les mêmes documents, une liste de délinquants. Parmi eux, il y a Ameur Belaazi qui a jeté les armes qui avaient été utilisées pour l’assassinat de Chokri Belaid et de Brahmi à la mer. Par ailleurs, le juge d’instruction a consulté des correspondances entre Muthapha Khedher et le ministère de l’Intérieur, dans lesquelles l’accusé avait évoqué les déplacements du terroriste Abou Bakar Al Hakim, accusé d’avoir assassiné le martyr Mohamed Brahmi », a-t-elle encore expliqué.
Le ministère public protégerait Ennahdha
De son côté, l’avocate Imen Kazzez, a indiqué que l’enquête a prouvé les faits avancés par le comité. Elle a critiqué, néanmoins, le ministère public qui n’a pas rempli sa tâche comme il se doit selon elle. « Aucune enquête sérieuse n’a encore été ouverte sur l’appareil sécuritaire d’Ennahdha. Seule une enquête préliminaire a été lancée, et ce dans l’objectif de garder l’affaire entre les mains du ministère public. Par ses agissements, ce dernier veut éviter de présenter Rached Ghannouchi, président d’Ennahdha en tant qu’accusé. Il cherche également à protéger le chef du parti islamiste, avec d’autres dirigeants », a-t-elle assuré.
D’autre part, Ridha Raddaoui, avocat et autre membre du même comité de défense, a affirmé que Mustapha Khedher a admis qu’il connaissait Ameur Belaazi, l’individu qui avait jeté les armes utilisées dans les assassinats politiques en 2013. « Khedher employait Belaazi pour mener différentes opérations. Ce dernier constitue un lien entre Khedher et l’organisation secrète d’Ennahda », a-t-il déclaré.
L’avocat souligne également que Mustapha Khedher a aussi admis connaître l’oncle du terroriste Abou Bakar Al Hakim. « Le fait d’accuser Khedher revient à accuser des dirigeants au sein d’Ennahdha. Le ministre de l’Intérieur est responsable de la disparition des documents relatifs à l’organisation secrète », a-t-il encore ajouté.