Lors d’une interview accordée à Express Fm ce vendredi 11 janvier 2019, Robert Blotevogel représentant résident du Fonds monétaire international (FMI) en Tunisie est revenu sur le bilan de l’action du FMI pendant son mandat. Il a dans ce contexte exprimé sa satisfaction des résultats de son expérience qui a duré trois ans en Tunisie précisant que sa mission prend fin cette semaine. « C’était un immense privilège de pouvoir travailler en Tunisie, ce pays fascinant qui est en train de se réformer et de se transformer d’une manière profonde. Etre aux cotés du gouvernement, des autorités tunisiennes, et des composantes de la société civile de l’économie, était une expérience réellement inestimable » a-t-il affirmé.
Robert Blotevogel a dans ce contexte indiqué que le programme de réformes qui avait été élaboré en 2016 par le gouvernement tunisien et soutenu par un financement du FMI, a connu un important succès et plusieurs avancées. « Mais il faut avouer, il reste beaucoup à faire« .
Il a précisé que cette réussite se manifeste particulièrement dans trois points ou améliorations. Il s’agit du retour de la croissance, la réduction du déficit budgétaire et la modernisation du secteur financier.
« Premièrement, la croissance est de retour en Tunisie, elle n’est pas encore suffisamment forte mais elle est nettement meilleure qu’en 2016 et 2017. Deuxièmement, pour la première fois depuis des années, le gouvernement a réussi à réduire le déficit budgétaire. La réduction de l’endettement et des déficits permettrait de créer un meilleur avenir pour les prochaines générations. Troisième acquis, c’est la modernisation du secteur financier. Ce dernier a connu un changement important surtout à travers la modernisation du cadre réglementaire au niveau de la Banque Centrale mais aussi la restructuration des trois banques publiques. Ces banques sont désormais sur les rails et avancent à pas sûrs… Moderniser l’accès au financement permettrait aux jeunes entreprises de se développer davantage et de créer plus d’emplois et d’opportunités pour les prochaines générations » a-t-il noté.
Robert Blotevogel a affirmé que sa mission en Tunisie consistait en la construction de ponts de dialogue et des canaux de communication entre le FMI, les autorités tunisiennes et les composantes de la société civile estimant que les spécificités de l’expérience tunisienne doivent être parfaitement expliquées auprès des responsables du FMI dont le siège est basé à Washington. « Pendant les trois années en Tunisie, j’ai pu ouvrir des débats avec des personnes qui n’avaient pas l’habitude de dialoguer directement avec le FMI dont le rôle n’est toujours pas apprécié. Il s’agit particulièrement des jeunes étudiants et des composantes de la société civile dans les régions. Ces discussions ont permis d’éclaircir les enjeux des réformes en Tunisie étant donné qu’elles sont nécessaires pour construire un avenir meilleur. » a-t-il expliqué. Et d’ajouter: Une fois on est convaincu que nos interlocuteurs partagent les mêmes objectifs que nous, les discussions deviennent beaucoup plus faciles, on ne peut pas se mettre d’accord sur tous les points, il faut qu’il y ait un consensus pour pouvoir avancer… Mon rôle était d’expliquer les contraintes des uns et des autres à l’autre partie et donc d’essayer de trouver un schéma qui permettrait à tout le monde d’aller de l’avant ».
Savoir pérenniser la croissance économique, un défis à relever
Le responsable du FMI a considéré que les deux parties, la Tunisie et le FMI, ont réussi à parvenir à l’aboutissement prévu par le programme de réformes de 2016 rappelant que ce dernier a été encadré par des décaissements d’une somme estimée à 1, 5 milliard de dollars. « Le travail a pu contribuer à trouver des solutions communes » a-t-il estimé.
En ce qui concerne les réformes en cours et les défis auxquels fera face la Tunisie dans la période à venir, le responsable du FMI a rappelé que le retour de la croissance était l’un des plus grands acquis du pays. De ce fait, il a estimé que le grand défi serait donc de pérenniser cette croissance et de la rendre plus inclusive pour avoir de répercussions positives directes sur la vie de tous les tunisiens.
Par ailleurs, il a estimé que le plus grand défi à court terme auquel fait actuellement face la Tunisie, serait de maîtriser l’endettement et l’inflation et pérenniser la stabilité des grands équilibres macroéconomiques. Il a dans ce contexte mis l’accent sur la nécessité de maintenir à un niveau très élevé les discussions directes entre le FMI et les tunisiens un peu partout à travers le pays.