Notre pays souffre de plusieurs maux, les uns conjoncturels liés au déficit du budget de l’Etat, de la gouvernance déplorable des finances publiques et les autres, structurels, engendrés par des politiques publiques erronées en matière de fiscalité, de gouvernance des entreprises publiques, d’éducation-formation, de déficit de développement dont celui des régions.
Il s’agit bien d’une grave fracture économique et sociale, et pour la soigner, les pouvoirs publics y apposent un sparadrap !
Il y a là une aberration et une défaillance, monstres, une “bombe à retardement” pour les années, sinon les mois, à venir.
En effet, huit années après le soulèvement démocratique de 2011, notre pays ne dispose pas encore d’une véritable stratégie de développement à moyen et long termes avec des objectifs clairs faisant l’objet d’un consensus national, d’un plan d’action avec des projets et des financements appropriés pour les réaliser, alors que la lutte contre la pauvreté et le chômage dans les régions défavorisées était la principale revendication du soulèvement de 2011.
Cela implique certaines dispositions qui n’ont pas été prises par les pouvoirs publics, comme la création de districts regroupant plusieurs gouvernorats et destinés à constituer des zones de développement viables par leur effectif de population pour attirer les investisseurs et les projets économiques.
Notre pays doit consentir des investissements lourds destinés à renforcer, moderniser ou créer des infrastructures appelées à encourager l’implantation des investisseurs privés.
Il s’agit entre autres initiatives de désenclaver les régions intérieures grâce à la construction d’un réseau de routes express ou autoroutes pour favoriser déplacements et échanges commerciaux entre grandes villes littorales et zones défavorisées.
L’Etat doit procéder à la création de zones industrielles dans les régions intérieures pour favoriser l’implantation de projets économiques et industriels créateurs d’emplois.
Nous devons également renforcer le réseau de barrages-réservoirs pour favoriser l’extension des périmètres irrigués, créateurs d’emplois et producteurs de richesses en produits agricoles mais aussi, en matières premières pour les industries agroalimentaires. Il est de même indiqué de choisir les villes les mieux situées pour la création de pôles de développement susceptibles de cristalliser autour d’elles les équipements et les projets économiques et ainsi, faire rayonner la croissance économique et le progrès social autour d’elles.
Rien de tout cela ou si peu d’initiatives ont été prises pour impulser un développement régional véritable, car l’Etat n’a pas de vision en la matière entre les urgences soulevées par les revendications sociales incessantes relatives aux conditions de vie déplorables vécues par la population qu’elle soit rurale ou urbaine dans les quartiers populaires, et les impératifs d’un véritable développement avec des investissements et des projets de développement, le gouvernement ne sachant plus où donner de la tête.
C’est ainsi qu’une demande d’aide a été présentée et obtenue auprès de l’Union européenne.
Il s’agit d’un package d’aides financières à titre de don, soit 305 millions d’euros, une “bricole” pour le budget de l’Union européenne mais, semble-t-il, c’est le montant le plus élevé alloué au titre de l’instrument européen de voisinage, l’équivalent de 1052 millions de dinars.
Il sera affecté à trois volets de projets.
D’abord, le programme « jeunesse en action » émargera pour 207 MD : c’est le coût des tentatives d’insertion économique et sociale des jeunes parmi les catégories les plus vulnérables dans le marché du travail.
En d’autres termes, il s’agit de l’octroi de crédits pour lancer les projets des jeunes promoteurs dans les zones défavorisées.
Ensuite, 241 MD seront consacrés au développement local et à la réduction des disparités régionales et locales, notamment dans les 90 nouvelles communes créées lors des élections municipales du 8 mai 2017.
Ce sont des communes où il n’y a rien ou presque, sauf peut-être un siège avec le bureau du maire et de son secrétaire.
Tout est à faire : recruter du personnel, disposer d’équipements de bureautique, acquérir du matériel roulant et des outillages, avoir un budget, créer un service technique, avoir un dépôt et un atelier, aménager un marché et implanter les infrastructures nécessaires.
Enfin, le budget le plus important, à savoir 552 MD, sera réparti entre plusieurs départements ministériels sans précision : tourisme, développement urbain, culture et administration. Autant dire qu’il s’agit de « n’importe quoi » : salaires, achats d’équipements, de moyens de transport, aménagement ou constructions diverses, mais pas de projets de développements utiles avec études de rentabilité, création d’emplois, production de biens ou de services.
Le gouvernement continue à agir dans la précipitation et l’improvisation dans sa recherche de financements extérieurs sans avoir préparé minutieusement ses dossiers avec des projets de développement précis et étudiés correctement, car il doit faire face à des dépenses de gestion urgentes.
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