Siècle de feu et de sang, le 20e siècle a démarré avec la Première Guerre mondiale (1914-1918) suivie par la grande dépression économique des années 1930, puis par la seconde guerre mondiale (1939-1945) la plus meurtrière de l’histoire. La lueur d’espoir pour l’économie mondiale qui a résulté ensuite de l’émergence de la mondialisation est rattrapée par le retour du laisser-faire et le laisser-aller du libéralisme, prôné par les pays avancés et imposé aux pays du tiersmonde par le FMI et la Banque mondiale — dans le cadre du consensus de Washington exigeant notamment la rigueur budgétaire et la libéralisation des marchés financiers. Cela a donné le coup d’envoi à une cascade de crises économiques à travers le monde.
Au moment où sont mises en place les premières déréglementations financières, où se multiplient les produits dérivés de l’innovation financière, où se développent les marchés financiers internationaux, l’économie américaine connaît une certaine réussite. Mais les taux d’intérêt élevés, pratiqués aux États-Unis pour juguler l’inflation, ont entraîné un afflux de capitaux provoquant l’appréciation continue du dollar et l’aggravation du déficit commercial. À l’initiative des États-Unis, les pays avancés conviennent dans le cadre des Accords du Plaza en septembre 1985, d’intervenir sur les marchés des changes pour organiser le repli du dollar. En quinze mois le dollar se retrouve déprécié de 50% de sa valeur. Les Accords de Londres de février 1986 décident de mettre fin à la baisse. Cependant l’économie américaine dopée par la dépréciation du dollar est en plein boom. Les taux d’intérêt sont relevés pour éviter la surchauffe. Mais une succession de délits d’initiés et l’exubérance irrationnelle des marchés d’actions ont provoqué le plus grand krach de l’histoire, à Wall Street le18 octobre 1987, suivi par la chute de toutes les Bourses dans le monde. L’intervention rapide de la FED, en assurant le financement de toutes les institutions financières en difficulté, a permis d’éviter que le krach, limité aux actions et d’une ampleur supérieure à celui de 1929, ne se transforme en dépression économique.
La lancinante déflation au Japon de 1990
Dévasté par la Seconde Guerre mondiale, le Japon a effectué un redressement spectaculaire. Progrès techniques, innovations technologiques… tout lui réussissait. Au cours des années 1980, c’est un pays en plein essor économique. Deuxième puissance économique après les États-Unis, il était alors en bonne voie pour ravir la première place. Les exportations japonaises, elles, sont en plein boom avec un yen en continuelle dépréciation par rapport au dollar. Préoccupés par l’appréciation continue du dollar qui creuse leur déficit courant avec l’extérieur, les États-Unis réunissent les pays développés à Washington et conviennent, dans le cadre des Accords du Plaza de 1985, de l’intervention concertée sur les marchés des changes afin d’inverser la tendance. En quelques mois, la réévaluation du dollar est effacée et le yen est réévalué par rapport au dollar de 50% en deux ans. L’impact sur l’économie japonaise, qui dépend des exportations, est immédiat. Les autorités nippones décident de baisser massivement les taux d’intérêt et d’assouplir la gestion monétaire pour éviter la récession. Les bulles enflent dans l’immobilier puis dans d’autres secteurs. Le retournement de la situation est suivi du krach boursier de 1990 avec son florilège de faillites et de chômage. Le pays entre alors dans une longue période de déflation. Le manque de transparence dans l’organisation économique se révèle au grand jour avec des entreprises à la structure archaïque, non aguerries à la concurrence et suspendues aux décisions et à la protection du tout puissant MITI, le ministère de l’Économie, du Commerce et de l’Industrie. Les autorités tardent à prendre les mesures de remise en ordre du système économique et financier. Ce n’est qu’en 1999 qu’elles engagent les réformes qui permettent une lente reprise de l’économie, qui est rattrapée par la crise mondiale de 2008 puis par le terrible tsunami de 2011 et l’accident nucléaire provoqué à Fukushima, vingt-cinq ans après celui de Tchernobyl.
La crise financière de la Suède de 1992
Au début des années 1980, l’économie suédoise ne posait pas de problème grâce à ses exportations vers l’Allemagne. Pour cette raison, le taux de change de sa monnaie est arrimé au deutschemark. Dans la foulée des mouvements de déréglementation et de dérégulation, la Suède libéralise le système bancaire et les marchés de change. Il s’en est suivi une forte progression non contrôlée des crédits favorisant la formation d’une bulle spéculative immobilière, notamment avec l’envolée des prix de l’immobilier. La remontée des taux d’intérêt résultant de la réunification allemande en 1989 finit par entraîner la chute des prix de l’immobilier et l’éclatement de la bulle immobilière en 1992. Devant l’insolvabilité des débiteurs, le système bancaire est en faillite. Il en a résulté une récession économique, des faillites et la montée du chômage. L’intervention des autorités a permis de fournir les liquidités au système bancaire, de créer des structures de défaisance pour cantonner les créances dévalorisées avant de les liquider, puis ont organisé la restructuration et la recapitalisation des banques viables. Les mesures de soutien et les réformes entreprises, dont l’abandon du système de change fixe, ont permis la reprise de l’économie.
La crise financière du Mexique de 1994-1995
La levée imprudente des restrictions sur les mouvements de capitaux a entraîné, au cours des années 1990-1993, un afflux important de capitaux étrangers à court terme attirés par le grand potentiel de croissance du Mexique. Cet afflux était sécurisé par l’impression de garantie de change que laissait croire l’ancrage du peso mexicain au dollar. L’expansion du crédit qui en a résulté est à l’origine de la montée de l’inflation et des déficits courants de la balance des payements. Le retournement de la situation provoque la sortie massive des capitaux, la dévaluation du peso et l’entrée en récession de l’économie.
La crise financière du sud-est asiatique de 1997
Au cours du début des années 1990, les pays du sud-est de l’Asie réalisaient ce que l’on appelait le «miracle asiatique». La Thaïlande, l’Indonésie, la Malaisie, la Corée du sud, les Philippines, qualifiés de dragons de l’Asie, étaient en pleine croissance. Ils dégageaient une épargne importante et réalisaient des niveaux d’investissement élevés orientés vers le marché intérieur. Sur insistance des instances financières internationales et dans le cadre du consensus de Washington sur la libéralisation, ces pays ont ouvert leurs frontières aux capitaux extérieurs. Attirés par le succès de ces pays, des capitaux extérieurs affluèrent, notamment des capitaux à court terme. Mais comme ils finançaient des investissements orientés vers le marché intérieur, les réserves de change des pays concernés ne pouvaient pas faire face aux sorties de capitaux. La crise éclate tout d’abord en Thaïlande qui dévalue sa monnaie, le baht, le 2 juillet 1997. C’est ensuite la récession. Puis la tempête s’étend aux autres pays de la région. Suite à cette crise, les pays du sud-est asiatique changent de politique de développement et basent leur croissance sur les exportations. Ils deviennent, au terme de quelques années, exportateurs nets et excédentaires en devises.
La crise financière de Russie de 1998
Attirés par le programme d’investissement important engagé par la Russie, les capitaux internationaux affluent. Mais la baisse subite des prix du pétrole fait douter les investisseurs de la capacité du pays à honorer ses dettes. Les capitaux prennent alors le chemin de la sortie, provoquant la dépréciation du rouble, la montée de l’inflation, le défaut de l’État russe sur sa dette et l’entrée du pays dans la crise économique. Les défauts de payement ont mis en grave difficulté le plus grand hedge fund américain, le LTCM, qui n’a dû sa survie qu’au sauvetage organisé par la FED.
Le même scénario, résultant de la politique du laisser-faire et du laisser-aller, recommence en 1998 et les années suivantes en Russie, en Équateur au Pakistan et au Brésil en 1999 et en Ukraine en 2000, en Turquie et en Argentine en 2001 et de nouveau au Brésil en 2002.
La crise des valeurs internet de 2001
Au cours de la fin des années 1990, la croissance de l’économie américaine caracolait autour de 3% en moyenne par an, en tête des économies développées, affichant un taux de chômage de 5% correspondant au chômage frictionnel incompressible. Le succès des nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC) a créé un engouement pour les actions de start-up autour d’Internet soutenu par le crédit facile conduisant à la formation de bulles spéculatives. Les prix atteignent des sommets. Le retournement de ces valeurs a provoqué un krach boursier en mars 2000 suivi par celui les valeurs Internet européennes.
Bannir le laisser-faire et le laisser-aller
Dans un monde de tous les dangers, il est urgent d’agir et de prendre les mesures nécessaires pour assurer le redressement économique et social du pays d’une part et d’engager d’autre part la préparation des réformes pour assurer la remise à niveau des secteurs et des domaines d’activité mis à mal par les longues années de corruption et de malversation.
Le redressement économique et social est l’objet de l’élaboration du budget économique et social pour l’année 2015. Ce document doit comporter une représentation chiffrée de la situation de l’année 2013 et les projections pour les années 2014 et 2015 sur la base des hypothèses et des mesures à prévoir pour ces deux années. Le budget économique et social de l’année 2015 qui doit être soumis à la concertation des partenaires politiques, économiques et sociaux, constitue le cadre de cohérence du budget complémentaire de l’État pour l’année 2014 et du budget de l’État pour l’année 2015 qui doivent être approuvés par l’Assemblée nationale au cours de l’année 2014.
Les mesures pour le redressement économique et social concernent l’instauration de la sécurité, l’éradication de la contrebande qui est la source du financement du terrorisme et d’approvisionnement du marché parallèle, le bannissement de la corruption par la suppression des autorisations administratives préalables et leur remplacement par des cahiers des charges, la maîtrise de la compensation par le remplacement du système de fixation des prix des produits par un système de fixation des subventions aux produits et leur réduction d’une manière sélective et progressive, le renforcement de la formation professionnelle dans les régions afin de promouvoir la création des petites, moyennes et micro entreprises et de préparer la diffusion de la croissance dans les régions.
La préparation des réformes de remise à niveau des secteurs et domaines d’activité (le développement régional, la formation professionnelle et l’emploi, la réforme administrative, la réforme bancaire, le développement industriel, le tourisme, l’éducation, l’enseignement supérieur et la recherche, la fiscalité, etc.). Le lancement de la préparation des réformes doit commencer sans délai dans le cadre de Conseils généraux regroupant l’ensemble des partenaires politiques économiques et sociaux et animés par chaque ministère concerné.
Cependant les mesures préconisées ci-dessus nécessitent des délais de mise en œuvre plus ou moins longs et leurs effets sur la croissance et l’emploi ne sont significatifs qu’à moyen et long termes. Or le niveau du chômage ne permet pas d’attendre l’accélération de la croissance. Il convient d’entreprendre, dans le cadre des programmes de développement régional, des travaux de protection de l’environnement dans les régions de l’ouest du pays pour la création d’emplois transitoires. La création de 100.000 emplois dans le cadre de travaux à l’entreprise, coûtent 400 millions de dinars par an.
L’occupation dans des emplois transitoires, de plusieurs centaines de milliers de jeunes sans emploi, déçus, livrés à eux-mêmes et aux recruteurs de tout bord au service de «mauvaises causes» telles que le vol, l’agression, la drogue, le vandalisme, l’émigration clandestine et le terrorisme, est la seule mesure salutaire à effet immédiat qui permet de sauvegarder le présent et de ménager l’avenir. C’est aussi le seul moyen de déminer les sources de l’anarchie, des pertes humaines et des dégâts matériels qui sont en voie de déstabiliser et de saper les fondements de l’État.