Le dramatique accident de Sidi Bouzid qui a coûté la vie à 12 ouvrières agricoles a suscité l’émoi en Tunisie, d’autant plus qu’il s’agit du second drame en à peine un mois. La camionnette transportait également deux enfants âgés de 12 (une fille) et de 15 ans (un garçon).
Il s’agit, en fait, du drame de trop. Le 11 avril 2019, un autre accident comparable a eu lieu à Zaghouan, où deux ouvrières agricoles, à la fleur de l’âge, ont été tuées. Face à ces drames répétitifs, le gouvernement, notamment la ministre de la Femme Naziha Laabidi, assure que tout est mis en oeuvre afin d’améliorer les conditions de travail des ouvrières agricoles. Or, qu’a-t-on fait depuis tout ce temps afin de résoudre, réellement, à cette problématique ? Jusqu’à quand les ouvrières agricoles vont-elles donner leur vie avant de leur accorder des conditions de travail dignes de ce nom ? Elles sont transportées comme du bétail, livrées à elles-mêmes, ignorant si elle vont pouvoir suffisamment gagner leur vie pour nourrir leurs familles.
Sans vouloir dénigrer la ministre de la Femme, celle-ci présente, objectivement, un bilan très mitigé, et catastrophique pour le dossier des ouvrières agricoles. Chaque accident constitue, en réalité, le drame de trop. N’aurait-elle pas dû présenter sa démission depuis le drame de Zaghouan ? Et qu’en est-il de celui de Sidi Bouzid qui a coûté la vie à 12 ouvrières ? Ou alors, des mesures concrètes et urgentes doivent, enfin, être prises. Le ministère de l’agriculture, avec à sa tête Samir Taïeb, n’est pas étranger à ces drames car il possède sa part de responsabilité. Les deux départements ne devraient-ils pas enfin prendre les choses en main ? C’est devenu un grand classique : un drame a lieu, c’est l’émotion, le gouvernement « se mobilise »… mais uniquement avec des déclarations de bonnes intentions et des beaux discours qu’on connaît aujourd’hui par cœur. Pendant ce temps, le transport inhumains et anarchiques des ouvrières de chantiers continue à semer le chaos. Il faudra, peut-être, attendre le « prochain drame » pour que le gouvernement se décide, peut-être aussi, à se mobiliser concrètement. Ces femmes qui sillonnent les routes, à la recherche de leur pain et de celui de leur famille, ont tant d’enseignements à nous livrer, à livrer, notamment, aux élites et au gouvernement, et parmi ces enseignements, il y a la vie et l’espoir : elles s’accrochent à la vie, malgré toutes les difficultés, dans l’espoir d’un monde meilleur.
Paix à leurs âmes.
F.K